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Marcof-le-malouin

Marcof-le-malouin

Titel: Marcof-le-malouin
Autoren: Ernest Capendu
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que je ne dis pas la vérité ?… Ai-je raison ?…
    – C’est possible !
    – Tu vois bien que, maintenant qu’ils sont à terre, maintenant qu’ils n’ont plus rien à craindre de la tempête, tu vois bien que c’est toi qui les tueras !
    – Que t’importe.
    – J’aime Yvonne comme si elle était ma fille !…
    – C’est un malheur, Marcof, mais il faut qu’Yvonne meure ; il le faut !… Elle a trahi ses serments ! elle est parjure ! elle sera punie ! répliqua Keinec d’une voix sombre et résolue.
    Marcof se leva et fit quelques pas dans la cabine, puis, revenant brusquement à son interlocuteur :
    – Keinec, dit-il, je te répète que j’aime Yvonne comme ma fille. Si tu dois la tuer, ne reparais jamais devant moi, jamais, tu m’entends ? Si, au contraire, tu pardonnes, eh bien ! ta place est marquée dans cette cabine, et je te la garderai jusqu’au jour où tu voudras venir la prendre.
    – Si tu aimes Yvonne comme tu le dis, murmura Keinec, pourquoi ne m’empêches-tu pas d’accomplir mon projet ?
    – Parce qu’il faudrait te tuer toi-même ?
    – Tue-moi donc ! tue-moi, Marcof ! au moins je ne souffrirai plus.
    Marcof, ému par l’accent déchirant avec lequel le jeune homme avait prononcé ces mots, lui prit la main dans les siennes.
    – Ami, lui dit-il d’une voix plus douce, ne te rappelles-tu pas que c’est en voulant sauver le navire que je commandais et qui a failli périr sur les côtes, que ton pauvre père est mort ? Toi-même ne viens-tu pas de te dévouer pour mon lougre ? Va, pour ne pas te voir souffrir, je donnerais dix ans de ma vie, et c’est pour t’éviter un désespoir sans fin, un remords éternel, que je te supplie encore de ne pas aller à terre !
    Keinec courba la tête et ne répondit pas. Ses traits expressifs reflétaient le combat qui se livrait dans son âme. Enfin, s’arrachant pour ainsi dire aux pensées qui le torturaient, il fit un brusque mouvement, serra les mains de Marcof, leva ses yeux vers le ciel, et s’élança au dehors en emportant sa carabine.
    – Il va la tuer ! s’écria Marcof en brisant d’un coup de poing une petite table qui se trouvait à sa portée.
    Marcof sortit de sa cabine, poussa la porte avec violence et s’élança sur le pont de son navire. Keinec n’y était plus. Quelques marins, étendus çà et là, sommeillaient paisiblement, se remettant de leurs fatigues de la soirée.
    La falaise, descendant à pic dans la mer, avait permis au lougre de venir s’amarrer bord à bord avec elle. Une planche, posée d’un côté sur le rocher et de l’autre sur le bastingage de l’arrière, établissait la communication entre le Jean-Louis et la terre ferme. Marcof se dirigea de ce côté. Au moment où il allait poser le pied sur le pont-volant, un homme s’avança venant de l’extrémité opposée. Le marin se recula et livra passage.
    – Jocelyn ! fit-il vivement en reconnaissant le nouveau venu. – Vous avez à me parler ?
    – De la part de monseigneur.
    – Est-ce qu’il désire me voir ?
    – Cette nuit même.
    – Il a donc appris mon arrivée ?
    – Oui ; un domestique à cheval attendait à Penmarckh pendant l’orage, et avait ordre de revenir au château dès l’entrée du Jean-Louis dans la crique. – Vous viendrez n’est-ce pas ?
    – Sans doute, Jocelyn ; aussitôt que les feux de la Saint-Jean seront éteints, je me rendrai au château de Loc-Ronan.
    Jocelyn traversa la planche et disparut dans les ténèbres. Marcof réveilla Bervic, lui donna quelques ordres, puis, passant une paire de pistolets dans sa large ceinture, il descendit à terre et s’enfonça dans un étroit sentier qui longeait le pied des falaises.
    *
    * *
    Dès qu’Yvonne et Jahoua eurent senti le rocher immobile sous leurs pieds, le jeune Breton poussa un soupir de satisfaction. Glissant son bras autour de la taille de sa fiancée, il entraîna rapidement la jeune fille vers l’intérieur du village. Ils firent ainsi deux cents pas environ sans échanger une parole. Jahoua, le premier, rompit le silence.
    – Yvonne ! fit-il d’une voix lente.
    – Jahoua ! répondit la jeune fille en levant sur son promis ses grands yeux expressifs tout chargés de langueur.
    – Chère Yvonne ! je sens votre bras trembler sous le mien. Les coups de mer vous ont mouillée ; avez-vous froid ?
    – Non, Jahoua, mais je me sens faible.
    – Voulez-vous que nous nous arrêtions un
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