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Barnabé Rudge - Tome II

Barnabé Rudge - Tome II

Titel: Barnabé Rudge - Tome II
Autoren: Charles Dickens
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Chapitre 1
     
    Le lendemain matin, le serrurier resta en
proie aux mêmes incertitudes, et le surlendemain, et plusieurs
jours de suite encore. Souvent, après la chute du jour, il entrait
dans la rue et tournait ses regards vers la maison qu'il
connaissait si bien ; et il était sûr d'y voir la lumière
solitaire briller encore à travers les fentes du volet de la
fenêtre, quand tout paraissait au dedans muet, immobile, triste
comme un tombeau. Comme il ne voulait pas risquer de perdre la
faveur de M. Haredale en désobéissant à ses injonctions
précises, il ne s'aventurait jamais à frapper à la porte ou à
trahir sa présence ; mais, chaque fois que l'attrait d'un vif
intérêt et d’une curiosité non satisfaite le poussait à venir voir
de ce côté, et Dieu sait s'il y venait souvent, la lumière était
toujours là.
    Quand il aurait su ce qui se passait au
dedans, il n'en aurait guère été plus avancé ; ce n'est pas là
ce qui lui aurait donné la clef de ces veilles mystérieuses. À la
brune, M. Haredale se renfermait chez lui, et au point du jour
il sortait. Il ne manquait jamais une seule nuit le même manège. Il
entrait et sortait toujours tout seul, sans varier le moins du
monde ses habitudes.
    Voici comment il occupait sa veillée. Le soir,
il entrait au logis, absolument comme le jour où le serrurier
l'avait accompagné. Il allumait une bougie, parcourait
l'appartement, l'examinant avec soin et en détail. Cela fait, il
retournait dans la chambre du rez-de-chaussée, posait son épée et
ses pistolets sur la table, et s'asseyait devant jusqu'au lendemain
matin.
    Il avait presque toujours avec lui un livre
que souvent il essayait de lire, mais sans pouvoir jamais y fixer
les yeux ou sa pensée cinq minutes de suite. Le plus léger bruit au
dehors frappait son oreille : il semblait qu'il ne pouvait pas
résonner un pas sur le trottoir qui ne lui fit bondir le cœur.
    Il ne passait pas ces longues heures de
solitude sans rien prendre. Il portait généralement dans sa poche
un sandwich au jambon, avec un petit flacon de vin, dont il se
versait quelques gouttes dans une grande quantité d'eau, et il
buvait ce sobre breuvage avec une ardeur fiévreuse, comme s'il
avait la gorge desséchée ; mais il était rare qu'il prit une
miette de pain pour déjeuner.
    S'il était vrai, comme le serrurier, après
mûre réflexion, paraissait disposé à le croire, que ce sacrifice
volontaire de sommeil et de bien-être dût être attribué à l'attente
superstitieuse de l'accomplissement d'une vision ou d'un rêve en
rapport avec l'événement qui l'avait occupé tout entier depuis tant
d'années ; s'il était vrai qu'il attendit la visite de quelque
revenant qui courait les champs à l'heure où les gens sont
tranquillement endormis dans leur lit, il ne montrait toujours
aucune trace de crainte ou d'hésitation. Ses traits sombres
exprimaient une résolution inflexible ; ses sourcils froncés,
ses lèvres serrées, annonçaient une décision ferme et
profonde ; et, quand il tressaillait au moindre bruit,
l'oreille aux aguets, ce n'était point du tout le tressaillement de
la peur, c'était plutôt celui de l'espérance : car aussitôt il
saisissait son épée, comme si l'heure était enfin venue ; puis
il la serrait à poing fermé, et écoutait avidement, l'œil
étincelant et l'air impatient, jusqu'à ce qu'il n'entendît plus
rien.
    Ces désappointements étaient fréquents, car
ils se renouvelaient à chaque son extérieur ; mais sa
constance n'en était point ébranlée. Toujours, toutes les nuits, il
était là à son poste, comme une sentinelle lugubre et sans sommeil.
La nuit se passait, le jour venait : il veillait toujours.
    Et cela bien des semaines. Il avait pris un
logement garni au Vauxhall pour y passer la journée et goûter
quelque repos ; c'est de là qu'à la faveur de la marée il
venait, ordinairement par eau, de Westminster à London-Bridge. pour
éviter les rues populeuses.
    Un soir, peu de temps avant le crépuscule, il
suivait sa route accoutumée le long de la rivière, dans l'intention
de passer par la salle de Westminster-Hall, puis par la cour du
palais, pour aller prendre, comme d'habitude, le bateau de
London-Bridge. Il y avait pas mal de gens rassemblés autour des
Chambres, pour voir entrer et sortir les membres du Parlement,
qu'ils accompagnaient de leurs acclamations bruyantes,
d'approbations ou de sifflets, selon leurs opinions connues. En
traversant la
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