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Barnabé Rudge - Tome II

Barnabé Rudge - Tome II

Titel: Barnabé Rudge - Tome II
Autoren: Charles Dickens
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donc ! »
    La noble dupe, lord Georges Gordon, avait plus
d'une fois regardé du côté de sir John Chester, pour lui demander
s'il y avait quelque chose de vrai dans ce qu'on disait là de
Gashford, et chaque fois sir John lui avait répondu en haussant les
épaules et en lui faisant des yeux qui voulaient dire ;
« Oh ciel ! non, » Alors milord reprit, toujours
aussi haut et avec la même affectation que tout à
l'heure :
    « Monsieur, je n'ai rien à vous répondre,
et ne me soucie pas d'en entendre davantage. Je vous prie de ne pas
m'imposer votre conversation, et de ne point me mêler dans vos
attaques personnelles. Je ferai mon devoir envers mon pays et mes
compatriotes, et ce n'est point par de telles violences qu'on m'en
empêchera, qu'elles viennent ou non des émissaires du pape, je vous
en réponds ; venez, Gashford. »
    Ils avaient fait quelques pas, tout en
parlant, et ils étaient arrivés à la porte de la salle, par
laquelle ils passèrent ensemble. M. Haredale, sans un mot
d'adieu, tourna du côté de l'escalier de la Tamise dont il était
près, et appela le seul batelier qui se trouvât encore au bas.
    Mais la populace, dont l'avant-garde n'avait
pas perdu une parole de lord Georges Gordon, et dans laquelle avait
promptement circulé le bruit que l'étranger était un papiste qui
venait d'insulter milord pour s'être fait l'avocat de la cause
populaire, se précipita pêle-mêle et, poussant devant elle le noble
lord, son secrétaire et sir John Chester, qui avaient l'air d'être
à sa tête, se réunit en foule au haut de l'escalier où
M. Haredale attendait que le bateau fut prêt, et là se tint
tranquille, laissant entre elle et lui un espace vide.
    Mais si elle était inactive, elle n'était pas
pour cela silencieuse. Il commença par s'élever au milieu d'eux
quelques murmures indistincts, suivis de quelques sifflets, qui
bientôt eux-mêmes se transformèrent en un orage violent. Alors on
entendit une voix crier : « À bas les
papistes ! » et tout le monde fit chorus, rien de plus.
Quelques moments après un homme se mit à crier : « Il
faut le lapider ; » un autre : « Il faut lui
donner un plongeon ; » un autre d'une voix de
stentor : « Pas de papisme ! » les autres
répétèrent en écho ce cri favori que la foule (environ deux cents
braillards) accueillit par une acclamation générale.
    M. Haredale était resté calme jusque-là
sur le bord des marches : en entendant cette manifestation, il
leur jeta à la ronde un regard de mépris et descendit lentement
l’escalier. Il était déjà près du bateau, quand Gashford se
retourna de côté, d'un air innocent, et aussitôt une main se leva
dans la foule et lança à M. Haredale une grosse pierre qui le
frappa à la tête, et le fit chanceler sur ses pieds comme un homme
ivre.
    Le sang jaillit à l'instant de sa blessure et
coula le long de ses vêtements. Il se retourna tout de suite et,
remontant les marches avec une audace et une colère qui les fit
tous reculer :
    « Qui est-ce qui a fait cela ?
demanda-t-il. Qu'on me montre celui qui m'a visé. »
    Pas une âme ne bougea ; et pourtant, je
me trompe, il y eut un homme ou deux sur les derrières qui
s'esquivèrent et se glissèrent de l'autre côté, où ils se mirent à
regarder, les mains dans les poches, comme des spectateurs
indifférents.
    « Qui est-ce qui a fait cela ?
répéta-t-il. Qu'on me montre celui qui l'a fait. Misérable chien
que vous êtes, est-ce vous ? Le coup part de votre tête, si ce
n'est pas de votre bras…, je vous connais. »
    À ces mots, il se jeta sur Gashford et le jeta
à ses pieds, il y eut un mouvement soudain dans la foule, et
plusieurs bras se levèrent contre lui ; mais en voyant son
épée nue, tous reculèrent encore.
    « Milord, sir John, criait-il,
allons ! Dégainez donc, l'un ou l'autre ; c'est vous qui
me devez raison de cet outrage, et me voilà en face de vous.
Allons ! l'épée au poing, si vous êtes des
gentilshommes. »
    En même temps, il frappait la poitrine de sir
John du plat de sa lame, et se mettait en garde, la figure
enflammée, l'œil étincelant, seul contre tous.
    Un instant, un instant seulement, aussi rapide
que la pensée, on vit passer sur la doucereuse figure de sir John
un éclair sombre que personne n'y avait vu jamais. Le moment
d'après, il fit un pas en avant, étendit une main sur l'arme de
M. Haredale, pendant que de l'autre il essayait d'apaiser
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