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Barnabé Rudge - Tome II

Barnabé Rudge - Tome II

Titel: Barnabé Rudge - Tome II
Autoren: Charles Dickens
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foule il entendit deux ou trois fois pousser le cri
de : « Pas de papisme ! » qui n'était pas
nouveau pour ses oreilles ; mais il n'y fit seulement pas
attention, en voyant qu'il partait d'un attroupement de fainéants
de bas étage ; et, sans en prendre aucun souci, il continua
son chemin avec la plus parfaite indifférence.
    Il y avait dans la salle de Westminster de
petits groupes épars au milieu desquels les uns, en petit nombre,
levaient les yeux vers la voûte majestueuse de l'édifice, éclairée
par les derniers feux du soleil couchant, dont les rayons obliques
coloraient ses vitraux, avant de s'éteindre tout à fait dans
l'ombre. D'autres, des passants bruyants, des ouvriers qui
retournaient chez eux en sortant de leurs ateliers, pressaient le
pas, éveillant de leurs voix animées les échos sonores, et bouchant
le jour de la petite porte lointaine, quand ils défilaient devant
pour continuer leur route. D'autres, en conversation réglée sur des
sujets politiques ou personnels, se promenaient lentement de long
en large, les yeux fixés sur le sol, et semblaient être tout
oreilles depuis les pieds jusqu'à la tête, pour écouter ce qui se
disait. Ici une demi-douzaine de gamins se chamaillaient ensemble,
de manière à faire de Westminster une vraie tour de Babel ; là
un homme isolé, demi-clerc et demi-mendiant, se promenait à pas
comptés, épuisé par la faim qui perçait dans le désespoir de ses
traits ; coudoyé, en passant, par un petit garçon chargé de
quelque commission, dandinant son panier, et fendant, de ses cris
perçants, la charpente même du plafond ; pendant qu'un
écolier, plus discret et surtout plus prudent, s'arrêtait à
mi-chemin pour remettre sa balle dans sa poche, à la vue du bedeau
qui arrivait de loin en grondant. C'était l'heure de la soirée où,
rien que le temps de fermer les yeux, on trouve en les rouvrant que
l'obscurité a fait des progrès. La dalle, usée par les pas qui la
réduisaient en poussière, faisait un appel aux murs élevés de
l'enceinte pour répéter le bruit retentissant des pieds toujours en
mouvement, à moins qu'il ne fût dominé tout à coup par la chute de
quelque lourde porte retombant contre le bâtiment, comme un coup de
tonnerre, qui noyait tous les autres bruits dans son fracas
éclatant.
    M. Haredale, donnant à peine un coup
d'œil à ces groupes en passant, et un coup d'œil distrait, avait
déjà presque traversé la salle, lorsque son attention fut attirée
par deux personnes debout devant lui. L'une d'elles, un gentleman
d'une mise élégante, portait à la main une badine qu'il faisait
tourner, en se promenant, de la façon la plus fashionable ;
l'autre l'écoutait d'un air de chien couchant, avec des manières
obséquieuses et rampantes : c'était à peine s'il se permettait
de glisser un mot dans leur colloque. La tête rentrée dans les
épaules jusqu'aux oreilles, il se frottait les mains avec une basse
complaisance, ou répondait de temps en temps par une simple
inclination de tête, qui tenait un juste milieu entre un signe
d'approbation et une plate révérence.
    Après tout, ces deux hommes n'offraient rien
de bien remarquable : car ce n'est déjà pas si rare de voir
des gens faire une cour servile à un bel habit accompagné d'une
canne, sans vouloir parler ici des cannes à pommes d'or ou d'argent
de nos seigneurs les lords, ni des baguettes officielles de nos
magistrats. Et pourtant, dans ce monsieur bien mis, et aussi dans
l'autre, il y avait quelque chose qui fit éprouver à
M. Haredale une sensation désagréable. Il hésita, s'arrêta, et
se disposait à se jeter de côté pour éviter leur rencontre,
lorsque, au même moment, les deux autres, s'étant retournés
vivement, se trouvèrent face à face avec lui avant qu'il eût pu
leur échapper.
    Le gentleman à la canne leva son chapeau et
commençait à s'excuser de ce choc imprévu ; M. Haredale
se hâtait d'accepter l'explication et de s'évader, quand le premier
s'arrêta tout court et s'écria : « Tiens ! c'est
Haredale ! Parbleu ! voilà qui est étrange !
    – C'est vrai, répondit-il avec
impatience. Oui, je…
    – Mon cher ami, cria l'autre en le
retenant, comme vous êtes pressé ! Une minute, Haredale, au
nom de notre ancienne connaissance.
    – Je suis pressé, en effet. Nous ne
désirions cette rencontre ni l'un ni l'autre. Nous n'avons rien de
mieux à faire que de l'abréger. Bonsoir.
    – Fi ! fi ! répliqua sir
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