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Barnabé Rudge - Tome II

Barnabé Rudge - Tome II

Titel: Barnabé Rudge - Tome II
Autoren: Charles Dickens
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retourna en faisant quelques réflexions incohérentes
d'une nature assez violente, finit par le cri banal de « À bas
les papistes ! » et demanda aux assistants trois salves
de hourras pour appuyer sa motion. Pendant qu'on s'empressait,
autour de lui, d'y répondre avec une grande énergie, il se
débarrassa de la multitude et s'avança auprès de Gashford. Comme
ils étaient tous les deux, ainsi que sir John, bien connus de la
populace, elle fit un pas en arrière pour les laisser tous quatre
ensemble.
    « Voici M. Haredale, lord Georges,
lui dit sir John Chester, voyant que le noble lord regardait
l'inconnu d'un œil scrutateur, un gentleman catholique
malheureusement… je regrette beaucoup qu'il soit catholique… mais
c'est une de mes connaissances que j'estime beaucoup, une ancienne
connaissance aussi de M. Gashford. Mon cher Haredale, voici
lord Georges Gordon.
    – J'aurais reconnu tout de suite Sa
Seigneurie, quand je ne l'aurais jamais vue auparavant, dit
M. Haredale. J'espère qu'il n'y a pas deux gentilshommes en
Angleterre qui, en s'adressant à une populace ignorante et
passionnée, fussent capables de lui parler dans les termes
injurieux que je viens d'entendre, d'une part considérable de leurs
concitoyens. Fi ! milord, fi !
    – Je n'ai rien à vous dire, monsieur,
répliqua lord Georges à haute voix, en agitant la main avec un
trouble visible ; il n'y a rien de commun entre nous.
    – Il y a bien des choses au contraire qui
devraient être communes entre nous, dit M. Haredale ; je
puis dire même que Dieu nous a donné tout en commun… la charité
commune à tous les hommes, le sens commun, les notions les plus
communes des convenances qui devraient vous interdire une pareille
conduite. Quand chacun de ces hommes que vous avez là autour de
vous aurait des armes dans les mains, comme ils les portent déjà
dans le cœur, je ne quitterais pas la place sans vous dire que vous
déshonorez votre rang.
    – Je ne vous entends pas, monsieur,
répliqua-t-il encore du même ton ; je ne veux pas vous
entendre, je me moque bien de ce que vous dites. Gashford, ne
répliquez pas (en effet le secrétaire faisait mine de vouloir
répondre), je n'ai rien de commun avec les adorateurs des
idoles. »
    À ces mots il lança un coup d'œil à sir John,
qui leva les mains et les sourcils, comme pour déplorer la conduite
téméraire de M. Haredale, en même temps qu'il adressait à la
foule et à son chef un sourire d'admiration.
    « Lui ! me répliquer ! cria
Haredale en toisant Gashford des pieds à la tête. Un homme qui a
commencé par être un voleur, quand il n'était pas plus haut que
cela ; qui, depuis, est devenu le fripon le plus servile, le
plus faux, le plus éhonté ! un homme qui a rampé à plat ventre
toute sa vie, déchirant la main qu'il léchait et mordant ceux qu'il
flattait ! Un sycophante qui n'a su, de sa vie ni de ses
jours, ce que c’est qu'honneur, vérité, courage ; qui, après
avoir ravi l'innocence à la fille de son bienfaiteur, l'a épousée
pour lui briser le cœur par ses cruels traitements ! Un chien
couchant qui allait remuer la queue à la fenêtre de la cuisine pour
attraper un morceau de pain ! un mendiant qui demandait trois
pence à la porte de nos églises ! Voilà l'apôtre de foi dont
la conscience délicate renie les autels où la honte de sa vie a été
publiquement dénoncée !… À présent, vous reconnaissez
l'homme.
    – Oh ! réellement… vous êtes trop,
trop sévère avec notre ami, s'écria sir John.
    – Laissez continuer M. Haredale, dit
Gashford, dont la hideuse figure était, pendant tout ce temps-là,
trempée et dégouttante de sueur, il peut bien dire tout ce qu'il
voudra, cela m'est aussi indifférent qu'à milord. S'il traite
milord lui-même comme vous venez de l'entendre, comment voulez-vous
que moi je n'y passe pas à mon tour ?
    – Ce n'est pas assez, milord, continua
M. Haredale, que moi, un aussi bon gentilhomme que vous, je ne
puisse plus garder ma propriété, quelle qu'elle soit, que par une
connivence de l'État, effrayé lui-même des lois cruelles dirigées
contre nous ; que nous ne puissions plus faire apprendre à nos
enfants, dans les écoles, les premiers éléments du bien et du
mal : il faut encore qu'on lâche après nous des dénonciateurs
comme cet homme-là ! En voilà un brillant chef de file pour
donner le signal à vos cris de : « Pas de
papistes ! » Fi donc ! fi
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