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Barnabé Rudge - Tome II

Barnabé Rudge - Tome II

Titel: Barnabé Rudge - Tome II
Autoren: Charles Dickens
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touffes d'herbe rabougrie qu'ils pourraient disputer au
sol rude et pierreux, étaient en parfaite harmonie avec le reste et
annonçaient clairement, quand les maisons ne l'auraient pas assez
fait connaître par elles-mêmes, la pauvreté des gens qui vivaient
là dans les buttes crevassées du voisinage, et la témérité qu'il y
aurait à un homme qui aurait de l'argent dans ses poches, ou une
mise cossue, de s'aventurer par là tout seul, autrement qu'en plein
jour.
    Les pauvres sont, à certains égards, comme les
riches : ils ont aussi leurs caprices en fait de goût. Il y
avait de ces cabanes avec de petites tourelles ; il y en avait
d'autres qui avaient de fausses fenêtres peintes sur leurs
murailles en ruine. L'une d'elles soutenait un joujou de clocher
sur une tour caduque de quatre pieds de haut, qui servait à dérober
aux yeux la cheminée. Il n'en était pas une qui n'eût, dans le
petit morceau de terre devant la maison, un banc rustique ou un
berceau. La population du lieu faisait le commerce d'os, de
chiffons, de verres cassés, de vieilles roues, de chiens et
d'oiseaux. Tous ces divers objets, distribués sans ordre,
emplissaient les jardins et répandaient un parfum qui n'était pas
des plus délicieux, dans l'air agité d'ailleurs par des aboiements,
des cris, des hurlements.
    C'est dans ce refuge que le secrétaire suivit
les deux hommes qu'il n'avait pas perdus de vue ; c'est là
qu'il les vit entrer chez eux dans une des maisons les plus
misérables, qui ne se composait que d'une chambre, et encore assez
petite. Il attendit dehors, jusqu'à ce que le bruit de leurs voix,
mêlé à des chants discordants, lui eût fait connaître qu'ils
étaient en belle humeur ; et alors, s'approchant de la porte,
au moyen d'une planche vacillante placée en travers sur le fossé,
il frappa avec la main.
    « Monsieur Gashford ! dit l'homme
qui vint ouvrir, retirant sa pipe de ses dents avec une surprise
évidente. Par exemple, nous ne nous serions jamais attendus à tant
d'honneur. Entrez, monsieur Gashford… entrez, monsieur. »
    Gashford, sans se le faire dire deux fois,
entra d'un air gracieux. Il y avait du feu dans la grille couverte
de rouille ; car, en dépit du printemps qui était déjà bien
avancé, les nuits étaient fraîches, et Hugh s'y chauffait, en
fumant sa pipe sur un tabouret, Dennis approcha une chaise, son
unique chaise, pour le secrétaire, devant le foyer, et reprit
lui-même sa place sur le tabouret qu'il avait quitté pour aller
ouvrir au visiteur nocturne.
    « Qu'est-ce qu'il y a donc de nouveau,
monsieur Gashford ? dit-il en reprenant sa pipe et le
regardant de côté. Est-il venu des ordres du quartier
général ? Allons-nous nous mettre en train ? Contez-nous
ça, monsieur Gashford.
    – Oh ! rien, rien, dit le secrétaire
en lui faisant un signe de tête amical. Mais c’est égal, voilà la
glace rompue ; nous avons commencé la danse aujourd'hui…
n'est-ce pas, Dennis ?
    – Un bien petit commencement !
répondit en grognant le bourreau ; il n'y en a pas pour ma
dent creuse.
    – Ni moi non plus, cria Hugh. Donnez-nous
seulement quelque chose à faire où il y ait une vie au bout… oui,
une vie au bout, notre bourgeois. Ha ! ha !… à la bonne
heure !
    – Mais, dit le secrétaire, de son
expression de physionomie la plus hideuse et de son ton de voix le
plus doux, vous ne voudriez pas que je vous donnasse quelque chose
à faire avec la mort… la mort d'un homme au bout ?
    – Je ne connais pas tout ça, répliqua
Hugh. Je ne connais que ma consigne. Je m'en moque pas mal,
moi.
    – Et moi donc ? vociféra Dennis.
    – Les braves garçons ! dit le
secrétaire, d'une voix aussi pastorale que s'il recommandait au
prône quelque rare merveille de valeur et de générosité. À
propos… » Et ici il s'arrêta un moment, pour se chauffer les
mains ; puis les regardant en face soudainement :
« Qui est-ce donc qui a jeté cette pierre
aujourd'hui ?
    M. Dennis toussa et branla la tête, comme
pour dire : « Ça, c'est un mystère. » Hugh restait
assis et fumait en silence.
    « Pas mal visé, dit le secrétaire, se
chauffant encore les mains devant le feu. Je voudrais bien
connaître le gaillard qui a fait ce coup-là.
    – Est-ce vrai ? dit Dennis après
l'avoir regardé en face, pour s’assurer qu'il parlait sérieusement.
Est-ce que réellement vous tenez à le connaître, monsieur
Gashford ?
    – Certainement, répliqua
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