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L'ultime prophétie

L'ultime prophétie

Titel: L'ultime prophétie
Autoren: Rachel Lee
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plongé la main dans le
ventre béant d'un enfant et c'est là que la grenade, une bombe, a explosé. Elle
a arraché son bras. Je m'étais baissée pour ramasser quelque chose et le
souffle de l'explosion est passé au-dessus de ma tête. Et des lambeaux de
chair, ceux de l'enfant que j'essayais de sauver, sont tombés sur moi.
    —   Tess..., dit-il en lui prenant la main.
    Elle le repoussa et secoua la tête.
    —   Cinq des adultes qui avaient amené les enfants ont sorti
alors des armes cachées sous leurs vêtements et ont commencé à tirer. L'un de
nos blessés avait son arme avec lui, sous son brancard. Je m'en suis saisie. Je
n'entendais plus rien. Je ne voyais rien. J'ai appuyé sur la détente et j'ai vu
des taches de sang apparaître sur leurs poitrines. Je les ai vus vaciller et
s'effondrer. Mon arme contenait trente balles et pouvait en tirer trois à la
fois. J'ai tiré comme j'avais appris ci le faire à l'entraînement. Je n'ai pas
raté une seule cible. Quand tous furent morts, j'ai fait le tour de la tente et
ai mis une balle dans la tête de chacun d'entre eux.
    Il ne comprit rien aux détails sur les armes mais il n'en
avait pas besoin. La vérité de ses actes ne se lisait pas dans ses paroles mais
dans son regard. Un regard plus tourmenté que jamais.
    —   Les autres enfants avaient eux aussi des bombes sur eux,
ajouta Tess. Nos sentinelles ont entendu les explosions et les coups de feu et
ont fait appel à nos équipes de spécialistes pour les désamorcer. Ils nous ont
fait sortir de la tente et nous avons emmené tous les blessés que nous pouvions
déplacer. Nous n'avons pu bouger l'homme dont j'avais pris l'arme. Il est mort
avant notre retour dans la tente. Mon commandant a dit que nous aurions perdu
davantage d'hommes si je n'avais pas réagi aussi rapidement. Il a dit qu'il me
recommanderait pour une médaille. Je ne l'ai jamais reçue.
    —   Pourquoi ? demanda Archer.
    —   Parce que cette nuit-là, je me suis réveillée dans la
caravane près de Whitewater.
    Elle le regarda dans les yeux.
    —   Oui, j'étais un bon soldat. J'ai survécu grâce à mon
instinct. J'ai tué parce qu'on m'avait entraînée à le faire. J'ai vu la mort de
près. J'ai donné la mort. Mais jamais je ne... jamais je n'aurais torturé
quelqu'un comme Lantav Glassidor a torturé la mère de Sara ou comme ton frère
doit torturer son Ilduin en ce moment. Un soldat vit dans l'ombre de la mort.  Mais
ton frère crée la mort et l'obscurité. Ne doute pas de ma détermination, Archer
Blackcloak. Tu dois régler tes comptes avec Ardred. Et je dois régler les
miens. Je suis en guerre depuis trop longtemps pour m'arrêter maintenant.
    Il la prit dans ses bras.
    — Cette guerre prendra fin demain, Tess. Je te le promets.
    Il aurait voulu lui promettre que tout finirait bien.
     
    37.
     
    Le jour se leva dans une lumière crue et froide, qui
n'apporta aucun reconfort ni chaleur et sembla priver l'air de sa profondeur et
de sa couleur même. Tess regarda de l'autre côté de la plaine, vers les portes
d'Arderon, et celles-ci auraient pu se trouver devant elle ou à mille lieues de
là. Elle rajusta son manteau de laine autour de ses épaules et parcourut les
murailles des yeux, mesurant les distances, calculant les pas qui les
séparaient, Archer et elle, de la forteresse, comptant le nombre d'archers qui
les auraient en joue et le nombre d'yeux qui les toiseraient avec haine.
    —   Il est temps, dit-elle à Archer, sentant sa présence
derrière elle sans avoir à se retourner.
    —   Oui-da, dit-il.
    Ils levèrent le camp et chargèrent leurs montures en silence
et cette fois, Tess ne trouva pas ce silence pesant. Ils s'étaient dit tout ce
qu'il y avait à dire. Le temps des paroles était révolu. L'heure de l'action
avait sonné.
    Alors qu'ils quittaient la forêt et chevauchaient désormais
à découvert, Tess observa les réactions des soldats de l'Ennemi. Quelques-uns
bandèrent leurs arcs mais se ravisèrent, sur des ordres qu'elle n'entendit pas.
Ils la fixaient intensément et leurs yeux lui transmettaient une profonde
colère, sous l'influence d'une magie dont son ancien monde aurait nié l'existence,
une magie qu'elle-même ne remettait plus en cause.
    Qu'ils nous fixent à leur guise, songea-t-elle.
    Elle n'avait plus peur. Toute sa vie l'avait préparée à cet
instant. Elle vaincrait ou mourrait. Quelle que fût l'issue de l'affrontement,
elle ne plierait pas. La terreur était
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