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L'ultime prophétie

L'ultime prophétie

Titel: L'ultime prophétie
Autoren: Rachel Lee
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sa compagne depuis bien trop longtemps
mais au cours de ces derniers jours, elle l'avait enfermée au fond d'une boîte
qu'elle avait close hermétiquement. Ardred voulait qu'elle eût peur mais il
n'était pas son maître et elle ne lui donnerait jamais cet ascendant sur elle.
    A ses côtés, Archer tenait serré le pommeau de sa selle,
comme si les doutes qu'elle avait nourris pendant si longtemps étaient désormais
siens. Mais s'il doutait de sa propre détermination, elle ne partageait pas ces
incertitudes. L'homme qui se tenait à ses côtés avait trop souffert pour en
arriver là, à cette matinée fatidique. Il ne reculerait pas. Elle y veillerait.
    Quand ils arrivèrent aux portes de la forteresse, un homme
en uniforme se dressait devant eux, la main sur son épée. Les sens de Tess, en
alerte, l'avertirent de la présence de poison ilduin sur la lame. Elle le
regarda dans les yeux sans broncher.
    — Nous venons voir mon frère, dit Archer, d'une voix qui ne
trahit rien des doutes que Tess sentait au fond de son cœur. Ecarte-toi ou
prépare-toi à mourir.
    —   Je suis le commandant Ras Lutte, dit l'homme, général de
l'armée d'Arderon. Malgré les ordres qu'on m'a donnés de vous laisser passer,
ne doutez pas que je vous abattrais sur-le-champ si on me le permettait.
    —   Je ne doute pas de ton courage, dit Archer. Et si ce
courage est celui d'un fou, ce n'est point de ta faute. A présent, montre une
dernière fois ta loyauté envers lui car tu ne lui dois pas plus.
    Tess vit le regard de l'homme se troubler à ces mots. Quelle
que fût l'influence d'Ardred sur ce soldat par le passé, elle n'existait plus.
Ces yeux ne contenaient pas de promesse de victoire, ni d'espoir d'être
récompensé pour ses loyaux services. Ils n'entrevoyaient que la mort. Lutte
s'écarta néanmoins et lâcha son épée afin de les faire entrer.
    Tess remarqua à peine la beauté majestueuse des bâtiments de
la cité, qui s'élevaient comme s'ils étaient sortis des montagnes elles-mêmes.
Mais ils n'avaient pas la beauté pure d'Anahar. Tout à Arderon dénotait le
défi, défi vis-à-vis des montagnes sur lesquelles la ville était bâtie et défi
à l'égard des dieux qui avaient forgé les montagnes. Le même sentiment de défi
qu'éprouvait Ardred pour le destin qui lui avait été réservé. Cette cité était
l'affirmation de sa volonté et non un exercice de beauté.
    Elle comprenait ce désir de défier le destin. Elle-même
avait été projetée dans cette destinée sans le vouloir. Elle aussi portait des
cicatrices que nulle science ou magie ne pourrait effacer.
    Ce lieu était le théâtre parfait pour leur affrontement.
    Archer se raidit sur sa selle et elle suivit son regard vers
un visage qu'elle n'avait vu qu'en rêve.
    Ardred était assis sur un trône noir étincelant, sans nul
doute taillé dans le verre de la plaine. Mais il ne portait pas de vêtements
noirs et rien sur son visage ne laissait transparaître le mal dont il était
capable. Sa longue tunique dorée brillait dans la lumière blafarde de l'aube et
son expression était celle d'un ange. De longues boucles blondes encadraient
des yeux qui reflétaient une grande force intérieure. Elle comprenait parfaitement
à présent comment cet homme avait réussi à dominer l'esprit de ses sœurs. Ce
n'était qu'après avoir appris à le connaître qu'on pouvait découvrir la cruauté
de son cœur.
    —   Mon frère, dit Archer dès qu'ils furent assez près.
    —   Mon frère, répondit Ardred en se levant.
    Tess et Archer descendirent de cheval. L'espace d'un instant,
Tess crut qu'ils allaient tomber dans les bras l'un de l'autre mais leurs yeux
se durcirent aussitôt. Le regard d'Ardred se posa ensuite sur elle.
    —   Et tu es la Dame Filandière.
    —   Je suis Tess Birdsong.
    —   Un nom qui évoque le printemps, répondit Ardred en
souriant.
    Elle ne sourit pas en retour.
    —   Ma mère le choisit après avoir entendu des oiseaux
chanter le jour de ma naissance. C'est en son honneur que je porte la marque
d'une rose blanche.
    Il hocha la tête.
    —   Je me souviens.
    Elle comprit enfin. Il l’avait observé de ses yeux pleins de
haine à chaque étape de sa vie. Il l'avait arrachée à son monde et l'avait amenée
ici, comme il l'avait fait avec d'autres Ilduins et comme il pourrait continuer
de le faire.
    —   Libère ma sœur, dit Tess calmement. Tu as tiré d'elle
tout ce que tu pouvais. Laisse-la mourir en paix.
    Il
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