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L'ultime prophétie

L'ultime prophétie

Titel: L'ultime prophétie
Autoren: Rachel Lee
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aussi, avait eu
entre les mains l'épée de la Dame Filandière. Elle aussi ne l'avait pas sortie quand Ardred s'était approché furtivement d'elle en brandissant Banegeld. Sa femme
aurait pu échapper à la mort et elle avait laissé l'épée lui traverser la
poitrine sans réagir.
    Tess était prête à mourir de la même façon.
    Pourquoi ? Quelle pouvait être l'utilité d'un courage aussi
vain ?
    Le sang de Thériel s'était répandu sur le sol et Ardred
avait d'abord regardé, horrifié, ce qu'il venait de faire. Mais son visage
s'était ensuite durci et il avait plongé Banegeld dans le cœur qui avait refusé
de battre pour lui.
    Archer retint son souffle en revivant la scène de la mort de
son épouse, que la magie de Tess peignait sous ses yeux. Il vit le visage de
Thériel, déformé par la douleur. Ce visage qu'il avait embrassé. La poitrine
qu'il avait caressée lors de leur nuit de noces, déchirée et baignée de sang.
    Ses yeux se brouillèrent avant son dernier souffle et Archer
y vit son propre reflet. Puis elle s'éteignit.
    Et il comprit.
    Thériel était morte pour une promesse qu'Archer n'avait
jamais comprise. Ses dernières pensées n'avaient pas été empreintes de peur et
de souffrance, mais d'espoir et d'amour.
    L'espoir que cet instant arriverait.
    L'amour qu'elle lui portait.
    Son cœur se serra tandis qu'il rangeait Banedread dans son
fourreau. Les larmes coulaient sur ses joues alors qu'il regardait Tess faire
face à son frère. Les minutes qui suivirent furent interminables, comme si le
temps lui-même s'était arrêté.
    Il vit la colère dans les yeux de son frère.
    Et la détermination dans ceux de Tess.
    Ardred leva Banegeld.
    Tess ouvrit les bras.
    Banegeld s'abattit sur elle.
    Tess ne vacilla pas une seule seconde.
    Et elle ne poussa qu'un faible cri lorsque la lame s'enfonça
dans sa poitrine. Il crut un instant que la magie de la Dame Filandière allait repousser l'épée, l'arracher des mains d'Ardred ou la laisser
traverser le tissu sans lui permettre de blesser.
    Mais non...
    Elle aurait pu repousser son attaque, réalisa Archer. La Dame Filandière aurait pu en finir avec son frère d'un simple murmure intérieur. Au lieu de
cela, elle avait choisi de mourir et luttait pour respirer, la poitrine secouée
de spasmes et les bras ballants.
    Ardred retira alors son épée.
    Le sang de Tess jaillit, bleu, coula sur la lame d'Ardred,
puis sur lui, et finit par le submerger. Ses premiers cris rompirent le silence
au moment où Tess s'écroula.
    Son corps ne se consuma pas comme celui des hommes que son
sang avait jugés car la Dame Filandière elle-même ne pouvait tuer un Premier Né. Elle pouvait néanmoins le juger et Archer regarda Ardred tomber à genoux
et hurler l'agonie d'un millier d'âmes. Tous les hommes, toutes les femmes,
tous les enfants qu'il avait tués au cours de ce terrible hiver semblaient
torturer son âme à l'aide de griffes aussi acérées que des poignards.
    Banegeld tomba sur le sol.
    —   Tue-moi ! cria-t-il à Archer. Tue-moi, mon frère ! Je
t'en supplie !
    Il serait si facile de le faire, songea Archer. Banedread
traverserait le corps de son frère comme du beurre et ferait taire à jamais le
mal qui le rongeait. Il vengerait ainsi Thériel.
    Il vengerait les pauvres gens de Derda, morts de froid et
empilés aux portes de la ville.
    Il vengerait Tess, qui gisait immobile et pâle entre eux.
    Son heure était venue.
    Archer tira son épée mais cette fois, elle ne chantait plus.
    Elle pleurait, comme lui pleurait.
    —   Tue-moi ! dit Ardred, le visage tordu par une douleur
qui allait bien au-delà de la souffrance physique provoquée par la flamme bleue
qui lui léchait peu à peu le visage. Epargne-moi ces tourments, Annuvil !
Tue-moi !
    Archer leva son épée et au même instant, il sentit une
présence à ses côtés. Le loup des neiges approchait, le fixant de ses yeux
dorés. Fasciné, Archer le regarda avancer vers Ardred.
    S'il voulait tuer son frère, il devrait tuer le loup.
    Comme dans un rêve, il vit le monde autour d'eux devenir
noir et se transformer, non en verre cette fois, mais en cendres qui ne laisseraient
rien derrière elles, mis à part des débris flottant au vent.
    Il s'était abandonné à la colère jadis. Et à la vengeance.
Mais il n'avait pas débarrassé le monde du mal. Et il n'y parviendrait pas
davantage aujourd'hui.
    Le loup le regardait, impassible, sans broncher, les yeux
fixés sur son épée, puis sur son
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