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Louis XIV - Tome 1 - Le Roi soleil

Louis XIV - Tome 1 - Le Roi soleil

Titel: Louis XIV - Tome 1 - Le Roi soleil
Autoren: Max Gallo
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point devant la perte que nous avons faite ».
    Il l’écoute. Il la dévisage en s’efforçant de rester impassible.
    Il ne réussit pas à effacer les soupçons qui pèsent sur elle. Il est persuadé qu’elle lui a fait prendre à son insu des poudres d’amour pour exciter son désir et le raviver. Mais elle n’a pas voulu le tuer, il ne peut même pas le concevoir. Elle a porté neuf enfants de lui, et il a légitimé tous ceux qui ont survécu.
    Il baisse la tête.
    Que peut penser Dieu de ces fruits d’un double adultère ?
    Et il y a ces quatre bâtards nés de Louise de La Vallière. Et un autre enfant porté par Mlle des Œillets, la suivante d’Athénaïs de Montespan, si compromise avec la Voisin !
    Marie-Angélique de Fontanges a elle aussi été grosse d’un enfant de lui.
    Et maintenant, elle agonise. Et il ne veut pas la voir dans cette abbaye de Port-Royal où son beau corps n’est plus, lui dit-on, qu’une chair meurtrie et purulente.
    Il veut que trois fois par semaine, les ducs de Noailles et de La Feuillade prennent de ses nouvelles.
    Et lorsqu’ils lui annoncent qu’elle n’a plus que quelques heures à vivre, il se rend auprès d’elle. Et il ne peut s’empêcher de pleurer devant cette jeune femme qui n’est plus que souffrance, et dont la bouche s’emplit de pus. Il s’éloigne bouleversé.
    Et il est stupéfait lorsqu’il apprend qu’on murmure à la Cour et à Paris que Marie-Angélique de Fontanges a été empoisonnée par Athénaïs de Montespan qui, jalouse, aurait soudoyé un laquais afin qu’il verse la mixture mortelle dans le lait de Marie-Angélique.
     
    Louis ne peut le croire, et cependant ces calomnies se répandent, le troublent.
    Il lit les récits que l’on fait «  Des secrets des amours de la duchesse de Fontanges, et des particularités de son empoisonnement et de sa mort  ».
    Il exige qu’on pratique l’autopsie du corps de Marie-Angélique.
    Il veut être le premier à lire le rapport des médecins. Il y découvre que « la cause de la mort de la dame doit être uniquement attribuée à la pourriture totale des lobes droits du poumon qui s’est faite en suite de l’altération chaude et sèche de son foie qui, ayant fait une grande quantité de sang bilieux et âcre, lui aurait causé les pertes qui avaient précédé ».
    Les médecins n’évoquent à aucun moment la présence de poison, alors que les rumeurs prétendent qu’il avait corrodé chacun des organes !
    On peut maintenant inhumer le corps de Marie-Angélique de Fontanges dans l’abbaye de Port-Royal. Louis n’assiste pas à ces obsèques, à l’ensevelissement du cœur de Marie-Angélique dans l’abbaye de Chelles, dont sa sœur Catherine est l’abbesse.
    Il sait que dans un bref sermon, le prêtre de Saint-Séverin a dit :
    — Ce cœur était à Dieu dans les commencements, le monde l’avait gagné. Dieu a repris enfin ce qui était à lui, et ce qu’il avait fait pour lui, mais ça n’a pas été sans peine qu’il s’est rendu.
    La sécheresse et la brièveté de ce sermon le choquent.
    Il est plus sensible à ces petits poèmes que l’on chantonne et répète à Paris :
    Autrefois à la Cour on me vit égale
    Maîtresse de mon roi, je défis une rivale
    Jamais un temps si court ne fit un sort si beau
    Jamais fortune aussi soudaine ne fut aussitôt détruite
    Ah ! que la distance est petite
    Du comble des grandeurs à l’honneur du tombeau.

62.
     
    Il ne cesse de penser à ces tombeaux où tant de corps jeunes, ceux de ses enfants parfois à peine nés, celui de Marie-Angélique de Fontanges, ont été ensevelis.
    Il sait, parce que son corps le fait davantage souffrir, parce qu’il se sent lourd, qu’il est temps pour lui de penser à sauver son âme.
    Il écoute les prières de Mme de Maintenon, les recommandations de Bossuet qu’il vient de désigner pour occuper l’évêché de Meaux. Bossuet évoque, avec ferveur, l’unité de l’Église, la providence.
    — C’est ainsi que Dieu règne sur tous les peuples… dit-il. Ceux qui gouvernent doivent savoir qu’ils sont assujettis à une force majeure. Dieu tient du plus haut des cieux les rênes de tous les royaumes…
     
    Que faire pour le servir, sinon rassembler tous les sujets au sein de l’Église ?
    Et donc, convertir les huguenots qui s’obstinent. Écouter Louvois qui évoque les mesures prises par l’intendant du Poitou, René de Marillac, qui dispense les convertis d’avoir à
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