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Louis XIV - Tome 1 - Le Roi soleil

Louis XIV - Tome 1 - Le Roi soleil

Titel: Louis XIV - Tome 1 - Le Roi soleil
Autoren: Max Gallo
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premier valet de chambre Nyert, qui avait été valet de la garde-robe de Louis XIII, lui avait par bribes raconté comment ses parents avaient été mariés à treize ans, en 1615, contraints de consommer leur union. Et pendant plus de vingt ans, on avait jugé Anne d’Autriche stérile, et murmuré que Louis XIII préférait aux femmes ses jeunes favoris, aristocrates élégants et beaux couverts de dentelles et comblés de titres et de cadeaux.
    Et puis, une nuit, à la fin de cette année 1637 où les devins et les astrologues avaient annoncé qu’un enfant naîtrait enfin du couple royal, Louis XIII s’était présenté au palais du Louvre, où logeait, avec ses suivantes, Anne d’Autriche.
    C’était le 5 décembre. Louis XIII s’était attardé plusieurs heures au couvent Sainte-Marie de la Visitation, rue Saint-Antoine, y bavardant à travers la grille avec Louise Angélique de La Fayette, l’une de ces femmes dont il proclamait qu’il les aimait, mais on le soupçonnait de se servir d’elles comme d’un paravent pour masquer ses amours homosexuelles, son « vice italien », et de mener avec elles un duel galant et anodin. Louise Angélique s’était retirée du monde, lassée de ces enfantillages ambigus, et elle avait invité Louis XIII à aller retrouver son épouse, à accomplir son devoir conjugal de roi. Elle s’était engagée à prier pour que cette nuit du 5 décembre 1637 fût fertile.
    Louis XIII avait hésité. Il voulait se rendre au château de Saint-Maur mais, au moment où il quittait le couvent, l’orage s’était déchaîné, transformant les rues en torrents. Saint-Maur était loin. Le château était vide, les meubles sous l’averse. Le capitaine des gardes avait insisté pour qu’on reste à Paris, qu’on gagne le Louvre, où un grand feu devait crépiter dans les chambres de la reine. Louis XIII avait cédé enfin. Et s’en était allé souper au Louvre.
     
    Oublié pour quelques heures le souvenir affreux de la nuit de noces, quand deux enfants maladroits qu’on a mariés sont poussés dans un lit.
    Oubliées aussi les humiliations de l’une et de l’autre.
    Celle de Louis XIII quand il avait appris que son épouse s’était laissé voler quelques baisers par l’ambassadeur d’Angleterre, le duc de Buckingham, puis que cette reine de France, restée Anne d’Autriche, une Habsbourg, avait entretenu, alors que la guerre opposait la France à l’Espagne, une correspondance avec les ennemis du royaume. Humiliation. Trahison.
    Et celle d’Anne d’Autriche qui avait été démasquée par Richelieu, contrainte de rédiger des aveux, de reconnaître donc sa culpabilité, et d’être ainsi menacée de répudiation, obligée de s’en remettre au bon vouloir de ce cardinal, de cet homme rouge, qui jouait avec elle et semblait pourtant sensible à ses charmes.
    Oubliées pour une nuit ces vingt années d’incompréhension, de jalousie et de dépit, d’impuissance et de stérilité.
     
    Sortant du Louvre, alors que l’orage a cessé en cette matinée du 6 décembre 1637, Louis XIII fait un vœu à la Vierge, consacre le royaume de France à la mère du Christ et, quelques semaines plus tard, en février 1638, on apprend qu’Anne d’Autriche enfin porte un enfant !
    Dieu et la Vierge soient loués !
    L’enfant naîtra vers onze heures, le 5 septembre 1638, au château Neuf de Saint-Germain, alors que dans toutes les pièces on prie depuis le commencement des douleurs, il y a plus d’un jour.
    Enfin un cri, puis une dame d’honneur de la reine, Mme de Seneçay, se précipite chez le roi qui attend.
    — C’est un dauphin, lance-t-elle.
    Louis XIII s’agenouille, et la nouvelle se répand dans le château. Des courriers s’élancent vers Paris, mais ils ne peuvent traverser la Seine, car le pont de Neuilly a été emporté. Ils agitent leurs chapeaux, ils crient « C’est un dauphin ! ». Des messagers l’annoncent dans toute la ville. Les cloches sonnent le Te Deum à Notre-Dame. On allume des feux de joie, on danse, on boit. On rend grâce à Dieu et à la Vierge. On porte des reliques en procession, d’une église à l’autre. On illumine les carrefours dans ces nuits encore douces du début de septembre.
    Cet enfant, c’est le signe de la bienveillance de Dieu.
    — Dieu vous l’ayant donné, il l’a donné au monde pour de grandes choses, dit Richelieu au roi.
    Et Louis XIV se souvient que ses nourrices, les suivantes de la
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