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Louis XIV - Tome 1 - Le Roi soleil

Louis XIV - Tome 1 - Le Roi soleil

Titel: Louis XIV - Tome 1 - Le Roi soleil
Autoren: Max Gallo
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un ! Il y a trop longtemps que vous n’avez pas été fouetté. Je veux vous faire voir que l’on fesse à Amiens comme à Paris.
    Elle regarde autour d’elle. Le gouverneur du roi s’est approché, c’est le maréchal de Villeroy. Et il y a là aussi les précepteurs du roi, Péréfixe chargé d’enseigner l’histoire et les belles-lettres, et ceux qui doivent apprendre à l’enfant le dessin, l’espagnol, l’italien, l’écriture et le calcul ou bien l’équitation, la musique, la danse et l’art de la guerre et des armées. Et l’enfant, s’il aime jouer du luth et de la guitare, et s’initie au latin, préfère à l’étude la chasse, les chevauchées, les jeux de guerre.
    Depuis que la Cour a, le 7 octobre 1643, quitté le Louvre pour le Palais-Cardinal, bientôt nommé Palais-Royal, on a construit dans les jardins des forts en réduction pour ce roi qui aime déplacer sur ses tables des armées de soldats en argent, des canons en cuivre et en or. Louis conduit l’assaut, cependant qu’on tire à blanc.
    Le valet de chambre Dubois, et le premier valet de Sa Majesté, La Porte, surveillent ces jeux guerriers.
    C’est à eux aussi que s’adresse Anne d’Autriche.
    — Je ne veux pas que vous fassiez ce que le roi vous commande, dit-elle. Allez-vous-en trouver, lorsque le roi exigera quelque chose, M. le maréchal de Villeroy, si le gouverneur le juge à propos, faites-le, sinon n’en faites rien.
    Elle a parlé d’une voix forte et dure qui tranche avec sa douceur et sa tendresse habituelles.
    — Maman, je vous demande pardon, je vous promets de n’avoir jamais d’autre volonté que la vôtre.
    La Porte reconduit Louis dans sa chambre. Elle est austère.
    « La coutume est que l’on donne au roi, tous les ans, douze paires de draps, et deux robes de chambre, dit La Porte. Néanmoins je les ai vus servir six paires de draps, trois ans entiers, et une robe de chambre de velours vert, doublé de petit-gris, servir hiver et été pendant le même temps, en sorte que la dernière année elle ne lui venait qu’à la moitié des jambes, et pour les draps, ils étaient si usés que j’ai trouvé plusieurs fois le roi les jambes passées au travers. »
     
    C’est au cardinal Mazarin que, le 15 mars 1646, Anne d’Autriche confiera la tâche d’être « surintendant au gouvernement et à la conduite du roi ». Mazarin, avare et avide, surveille les dépenses, impose peu à peu sa loi à la reine.
    Louis les voit chaque soir, assis l’un près de l’autre, devisant à voix basse, dans une pièce située au bout des appartements de la reine, mais toutes portes ouvertes, pour que les courtisans les aperçoivent sans pouvoir les entendre.
    Louis observe ce cardinal de haute taille, à la voix douce, au regard voilé, qui semble subjuguer sa mère et que l’on courtise, l’accompagnant dans ses promenades, sollicitant une faveur, et, dès qu’il s’éloigne, répandant des rumeurs sur les liens que l’éminence italienne entretient avec la reine, ou bien critiquant son avarice, sa vanité, son goût de l’opéra italien, des tissus, des tableaux, des bijoux et des statues.
    Louis lui obéit, écoute les leçons que chaque jour le cardinal lui donne, le faisant participer au Conseil qu’il préside. Il l’a entendu répondre à Péréfixe, qui se plaignait que le roi ne « s’applique pas à l’étude » :
    — Ne vous mettez pas en peine, reposez-vous-en sur moi : il n’en saura que trop car quand il vient au Conseil, il me fait cent questions sur la chose dont il s’agit.
    Louis a confiance dans cet homme que sa mère regarde avec des yeux pleins d’indulgence et de tendresse. Cette complicité, cette union le rassurent, et l’irritent aussi.
    Il ne peut s’empêcher de céder à des mouvements d’humeur devant cette Éminence qui aime le faste, qui peuple les appartements royaux d’œuvres d’art, de livres anciens, et dont les coffres regorgent de pièces d’or.
    Il le voit passer sur la terrasse du château de Compiègne, où la Cour séjourne. Les courtisans suivent le cardinal, obséquieux, comme si cet Italien de Giulio Mazarini était le souverain.
    — Voilà le Grand Turc qui passe, lance Louis.
    Et aussitôt il regrette ces mots, il s’inquiète. Il sait qu’on l’a entendu, qu’on rapportera ce propos au cardinal, et surtout à Anne d’Autriche, et que sa mère en sera blessée.
    En même temps il se rebelle. Il a parfois le sentiment que
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