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Louis XIV - Tome 1 - Le Roi soleil

Louis XIV - Tome 1 - Le Roi soleil

Titel: Louis XIV - Tome 1 - Le Roi soleil
Autoren: Max Gallo
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grandes salles du Louvre, d’où l’on voit le fleuve, les quartiers grouillants.
    Les cloches sonnent toujours, saluant l’entrée du roi dans sa capitale.
     
    La nuit est courte.
    Le 18 mai, les femmes habillent l’enfant d’une robe violette, glissent sur sa poitrine un grand bandeau doré, puis s’avancent le duc de Joyeuse, grand chambellan, et le comte de Charost, capitaine des gardes.
    Ils vont l’accompagner au Parlement.
    Sa mère lui explique ce qu’est un lit de justice, ce qu’il doit dire. Elle le répète, et il doit retenir cette phrase : « Messieurs du Parlement, je suis venu vous voir pour témoigner au Parlement ma bonne volonté. Monsieur le chancelier dira le reste. »
    Louis s’efforce de prononcer distinctement des mots mystérieux, mais il sait que le sort de sa mère, et donc aussi le sien, en dépend.
    Ce seront ses premières paroles de roi.
    Il entre dans la grande salle du Parlement, il voit les présidents, les parlementaires, ces hommes aux vêtements rouge et noir, tenant à deux mains leurs mortiers, les visages austères l’observent tandis qu’il gravit les trois marches qui conduisent au trône, puis qu’il se laisse soulever par le duc de Joyeuse et le comte de Charost.
    Il écoute les salutations des présidents des différentes chambres du Parlement, puis c’est sa mère qui s’approche, avec Mme de Lansac. Elles le portent, le font admirer aux parlementaires. Il est impassible. Il se souvient des mots qu’il a appris. Il les dit avec le plus de force qu’il peut. Il n’est qu’un enfant d’à peine cinq ans.
    Mais sa mère le serre contre elle, alors que le chancelier Séguier prend la parole.
    Et Louis observe Anne d’Autriche cependant que les hommes graves approuvent, baissant la tête. Elle est radieuse. Elle est la régente, régnant seule sans ce Conseil souverain dans lequel Louis XIII avait voulu l’enfermer et que le Parlement, à la demande d’Anne d’Autriche et de son fils, vient d’abolir.
    Sa mère l’embrasse, les femmes autour de lui dans ces chambres du palais du Louvre rient, félicitent la reine.
    Lui joue avec l’enfant d’une femme de chambre, une petite fille, Marie, à laquelle il obéit.
    Anne d’Autriche la renvoie. Il est le roi.
     
    Le lendemain de ce lit de justice, le 19 mai 1643, on l’habille de vêtements noirs, rehaussés de dentelle blanche et de cordon d’or, il se rend à l’abbaye de Saint-Denis.
    Il marche au côté de sa mère dans la nef. Derrière eux, portant des cierges auxquels sont accrochées des pièces d’or, les princes de la famille royale s’approchent du cercueil du roi. Les aumôniers du monarque, les prêtres de Saint-Denis se bousculent pour se saisir des cierges et de l’or, alors que s’élèvent les prières étouffées par le brouhaha.
    On porte le cercueil dans la crypte.
    La foule des évêques, des princes, des ducs, des religieux, et plus loin le peuple, écoutent le héraut d’armes crier, une nouvelle fois :
    — Le roi est mort, priez pour son âme ! Et vive le roi quatorzième du nom par la grâce de Dieu, roi de France et de Navarre, mon seigneur et maître !
    On le congratule, on murmure qu’il promet d’être un grand roi. On s’incline devant sa mère.
    Elle lui prend la main. Il la sait heureuse. Elle est la reine, maîtresse du pouvoir.
    C’est lui son fils qui lui donne cette force parce qu’il est le roi.

3.
     
    C’est encore un enfant et c’est déjà le roi.
    Il parcourt d’un pas martial les couloirs du palais, à la tête d’une troupe d’enfants qui portent comme lui épées, piques et mousquets miniatures. On défile, on fait l’exercice, sous les ordres d’une « capitainesse », Mme de La Salle, femme de chambre de la reine. Et souvent Anne d’Autriche surgit, contemple ce fils qui joue déjà à l’homme de guerre. Elle lui commande de s’approcher, s’étonne de sa tenue, un pourpoint de toile blanche toute simple, sans doublure, avec de la dentelle de fil blanc. Est-ce là vêtement de roi ?
    — Je le veux comme cela, moi, dit-il.
    Il s’obstine. Déjà, alors qu’il était en compagnie de sa mère sur la frontière, entre Amiens et Armentières, et que les combats opposaient Français et Espagnols, il avait refusé de revêtir un habit chamarré, avec or et pierres précieuses, pour marquer son entrée dans Amiens.
    — Je vous ferai bien voir, dit Anne d’Autriche, que vous n’avez point de pouvoir et que j’en ai
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