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Louis XIV - Tome 1 - Le Roi soleil

Louis XIV - Tome 1 - Le Roi soleil

Titel: Louis XIV - Tome 1 - Le Roi soleil
Autoren: Max Gallo
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Mazarin veut le maintenir dans l’enfance, pour mieux régner. Mais c’est moi le roi. Et il ne se calme qu’au moment où Mazarin s’incline devant lui, lui demande de féliciter le duc d’Enghien qui, le 19 mai 1643, a vaincu les Espagnols à Rocroi, et qui vient de vaincre encore les Impériaux à Nördlingen.
    Louis se hisse sur la pointe des pieds pour donner l’accolade au duc d’Enghien, dont on dit qu’il sera le Grand Gondé, le plus talentueux des chefs de guerre du royaume, au moins égal au maréchal de Turenne.
    Et Louis, menton levé, la poitrine barrée par une écharpe de soie blanche frangée d’or, tranchant sur son vêtement bleu, passe en revue, marchant en avant des officiers, son régiment de gardes suisses, alignés dans le bois de Boulogne.
     
    Il retrouve les Suisses, formant avec les gardes du corps une haie d’honneur, devant l’entrée du Parlement, ce 7 septembre 1645, alors qu’il doit en compagnie de sa mère y tenir un lit de justice.
    Il marche près d’Anne d’Autriche, dont il respire le parfum sucré, dont il entrevoit derrière les voiles noirs ce visage aux traits réguliers qui l’émeut toujours.
    Il se laisse soulever par le grand chambellan qui l’assied sur un amoncellement de coussins bleus à fleurs de lys d’or. Il doit parler, avant le chancelier et le président, afin d’exiger des parlementaires qu’ils se soumettent, acceptent de nouveaux impôts en échange de l’abandon d’une taxe dite de la toise que Mazarin a décrétée et qui a provoqué émeutes, révoltes et résistances, et le Parlement a lui aussi donné de la voix.
    Maintenant il faut qu’il plie, qu’il accepte un compromis.
    Le roi, l’enfant, se redresse. Il récite les mots appris. Il les prononce avec plus de netteté que ceux qu’il avait dits, un peu hésitants, lors du premier lit de justice, le 18 mai 1643.
    Deux années ont passé. Il a sept ans. C’est l’âge auquel les femmes doivent se retirer, laisser la place au gouverneur Villeroy et, au-dessus de lui, au surintendant, le cardinal Mazarin.
    Quand le roi a achevé de répéter : « Messieurs les parlementaires, je suis ici pour vous parler de mes affaires, mon chancelier vous dira ma volonté », les applaudissements déferlent.
    Louis respire cet encens de la soumission, du respect et de l’adulation. Il regarde sa mère, assise à ses côtés, mais au-dessous de lui.
    Il est le roi, Louis le Grand.
     
    Être roi, c’est gloire mais aussi humilité.
    Péréfixe, son précepteur, prêtre, bientôt évêque de Rodez, le lui rappelle, et c’est en procession que Louis se rend, le jeudi saint de l’année 1645, à l’église Saint-Eustache, sa paroisse. Il s’accroupit pour laver les pieds de douze enfants pauvres, lui le roi. C’est là son devoir de justice et de charité.
    Quand il rentre ce jour-là, l’enfant demande à La Porte, comme il le fait souvent, de venir s’allonger près de lui, de lui lire des passages de l’Histoire Sainte et de l’Histoire de France.
    Il veut que La Porte lui parle encore du roi David, ou de ce roi de France qui partit en croisade, fut un roi juste et un saint homme, et qui portait lui aussi le nom de Louis, Louis le Neuvième, Saint Louis , mon ancêtre.
    Parfois, la nuit, Louis se réveille, et il s’en va coucher au côté de La Porte, retrouvant ainsi le sommeil. Au matin il est à nouveau dans son lit. Le premier valet de chambre a dû l’y déposer endormi.
    Il écoute La Porte dont il connaît le dévouement, qui a servi avec fidélité Anne d’Autriche, subissant les pressions des hommes de Richelieu, refusant de livrer, même menacé de la torture, les secrets qu’il détenait et qui eussent pu fournir aux accusateurs de la reine des prétextes, des arguments, peut-être des preuves.
    Maintenant, La Porte s’inquiète de l’influence de Mazarin, cet autre cardinal, légué par Richelieu à Louis XIII, cet Italien rapace et enjôleur, qui est le parrain de Louis, qui endort la vigilance de la reine à force de compliments, de cadeaux, de regards langoureux. Et pendant ce temps il remplit ses coffres, il pille la France, il la saigne avec de nouveaux impôts, il ternit la réputation de la reine, dont on dit qu’elle succombe aux charmes de l’Italien, qu’elle ne peut même pas imaginer les ragots, les soupçons qui comme des poisons se répandent parmi la Cour.
    La Porte n’ose pas avouer cela à Louis. Mais ses silences, ses soupirs, ses
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