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Louis XIV - Tome 1 - Le Roi soleil

Louis XIV - Tome 1 - Le Roi soleil

Titel: Louis XIV - Tome 1 - Le Roi soleil
Autoren: Max Gallo
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elle est fardée, apprêtée comme une rouée, et tout dans son attitude, dans ses silences, ses timidités, ses sourires, lui révèle qu’elle est prête, qu’elle attend.
    Il suffirait qu’il se lève, s’approche, pour qu’elle se pâme, se donne.
    Mais il ne bouge pas, inquiet de cette lassitude qui le gagne alors qu’il devrait prendre cette fille, comme il a possédé avant elle toutes les femmes dès lors qu’elles étaient belles ou faisaient mine de l’aimer.
    Mais il ne ressent rien, sinon une sorte de dégoût.
    Rien n’est inattendu dans cette soirée. C’est Athénaïs de Montespan qui, en perverse et habile entremetteuse, a suscité ce souper.
    Depuis qu’il s’est éloigné d’elle, elle ne peut plus utiliser pour raviver son intérêt des philtres d’amour ! Alors elle rabat des proies vers lui. Elle lui a présenté il y a peu sa propre nièce, la duchesse de Nevers, âgée d’à peine seize ans.
    Et il s’est souvenu qu’il a autrefois aimé la mère de cette biche, la marquise de Thianges, la propre sœur d’Athénaïs.
    Il a détourné les yeux, s’éloignant de la duchesse de Nevers, parée pourtant pour le sacrifice.
    Athénaïs de Montespan n’a pas renoncé. Elle lui a parlé d’une voix mielleuse de l’une de ses nouvelles suivantes, Mlle d’Oré, qui ne vivait, avait-elle dit, que dans l’espoir d’être remarquée, désirée par le roi.
    — Vierge et femme déjà accomplie, avait-elle murmuré.
    Il s’est laissé tenter.
    Il a accepté ce souper de médianoche, par habitude, par fidélité à lui-même, à son passé de conquérant, et il ne ressent, alors que Mlle d’Oré, la bouche entrouverte, ne le quitte pas des yeux, qu’une grise fatigue qui enveloppe tout son corps.
    Il se souvient, il y a moins de deux ans, il s’est embrasé pour Marie-Angélique de Fontanges, qu’on lui avait aussi offerte. Et il avait ressenti, comme en ses plus jeunes années, la vivacité du désir, le plaisir du chasseur qui veut son trophée.
    Mais Marie-Angélique de Fontanges est morte, flétrie, la bouche pleine de pus !
    Est-ce cela qui l’a fait changer, ou bien les soupirs et les prières de Mme de Maintenon ?
    Elle lui a dit, sur un ton distant :
    — Il est vrai que vous connaissez déjà, Sire, Mlle d’Oré. Vous avez fait médianoche avec elle. On dit qu’elle a une sœur plus belle qu’elle. Mais ce ne sont pas là mes affaires.
    Il sent que Mme de Maintenon ne se laisse jamais emporter par la colère. Elle parle comme un directeur de conscience, et elle l’attire de plus en plus.
    Peu importe le cercle de dévotes qui l’entoure, chacune apportant son aumône, que la marquise de Maintenon remet chaque mois aux pauvres.
    Elle rassure.
    Elle n’est pas l’une de ces jeunes femmes, pucelles ou feignant de l’être, qui se fanent en quelques semaines et meurent, suscitant jalousie et peut-être succombant aux poisons des rivales.
    Il lui faut aujourd’hui une femme apaisée, des prêtres, des religieuses et des dames de charité plutôt que des putains de Cour. Peut-être, les feux ardents de la jeunesse éteints, ne reste-t-il plus à un roi que la gloire, la grandeur, la piété, l’ordre et la vertu.
    Il a quarante-quatre ans en cette année 1682, et c’est cela qu’il recherche.
     
    Il veut désormais exercer ainsi son métier de roi.
    Et d’abord défendre sa souveraineté, même contre le pouvoir du pape.
    Un roi est le sujet de Dieu, non du pape.
    Il réunit une Assemblée extraordinaire du clergé.
    Il charge Bossuet de rédiger une déclaration en quatre articles.
    « Les rois et souverains ne sont soumis à aucune puissance ecclésiastique, par l’ordre de Dieu, dans les choses temporelles. » Il n’y a pas d’infaillibilité pontificale, le concile est supérieur au pape.
    Le procureur général de Paris qui enregistre la déclaration ajoute : « L’Église n’a aucun pouvoir direct ni indirect sur le temporel des princes. »
    Louis est satisfait.
    Les évêques français sont d’abord des sujets :
    « L’Église gallicane se gouverne par ses propres lois ; elle en garde inviolablement l’usage. »
    Et tout ce qui est du royaume doit plier devant la volonté du roi.
    Point de ces errants qui parcourent les routes, font gîte où bon leur semble !
    Il dicte :
    « Enjoignons à nos baillis, sénéchaux, leurs lieutenants comme aussi nos prévôts des maréchaux, d’arrêter et faire arrêter tous ceux qui s’appellent
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