Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Louis XIV - Tome 1 - Le Roi soleil

Louis XIV - Tome 1 - Le Roi soleil

Titel: Louis XIV - Tome 1 - Le Roi soleil
Autoren: Max Gallo
Vom Netzwerk:
cesse d’émettre des réserves, non seulement sur l’ampleur des dépenses mais aussi sur les mesures prises contre les protestants. Il prétend que les huguenots sont artisans drapiers, tapissiers habiles, qu’ils sont industrieux dans la banque, les manufactures, les compagnies de commerce, et que l’intérêt du royaume est non de les pourchasser, mais de les tolérer.
    Comment ne voit-il pas qu’il est insupportable que des sujets, quelles que soient les fonctions qu’ils occupent et la richesse qu’ils produisent, récusent la religion de leur souverain, le Roi Très Chrétien ?
    Pourquoi s’oppose-t-il ainsi à son roi, à Louvois, à Le Tellier ? Et pourquoi, selon les rapports de Louvois, est-il de ceux, de moins en moins nombreux, qui soutiennent Mme de Montespan, la protègent, plaident en sa faveur ?
    Qu’il se souvienne du sort de Nicolas Fouquet !
    Un ministre, contrôleur général des Finances, doit seulement trouver de l’argent pour son roi, et n’est qu’un serviteur.
    Il s’emporte contre Colbert, quand il apprend que le fils du contrôleur général des Finances, le chevalier Colbert, a, en compagnie d’autres jeunes gens, le duc de La Ferté, le marquis de Biran, dans un bordel de la rue aux Ours, tenté de sodomiser un misérable mais bel adolescent vendeur de gaufres et, comme celui-ci se refusait à subir ce qu’on voulait lui imposer, ils lui ont tranché les couilles d’un coup d’épée, le laissant ensanglanté !
    Il convoque Louvois pour le charger de dire de sa part toutes les remontrances que mérite une telle action ! Que des jeunes gens bien nés, débauchés et ivres, abandonnent un homme qu’ils ont blessé, après avoir voulu le prendre comme une fille, est inacceptable.
    Louis hésite.
    Ces jeunes gens méritent la mort. Puis il écoute les supplications des pères.
    Il décide : qu’on chasse le chevalier Colbert, le marquis de Biran et le duc de La Ferté de la Cour.
    Quelques jours plus tard, il apprend que Colbert a battu son fils à grands coups de pelle !
    Voilà qui est bien !
     
    Mais le mal est plus profond qu’il n’imaginait.
    Il lit avec dégoût les rapports de Louvois.
    « Les jeunes gens ont poussé leurs débauches dans des excès horribles et la Cour est devenue une petite Sodome ! »
    Ils ont constitué entre eux une confrérie d’adeptes du vice italien.
    Ils portent entre la chemise et le justaucorps une croix où l’on voit un homme fouler aux pieds une femme, comme saint Michel foulant le démon.
    Ils organisent dans les bordels parisiens des parties de débauche où l’on sodomise et l’on soumet les filles à toutes sortes de violences et de perversions !
    Louis est horrifié quand il apprend que le duc de Vermandois, le fils de quatorze ans né de ses amours avec Mlle de La Vallière, est entré dans la confrérie, et qu’il a subi l’initiation, la sodomisation, par l’un des grands maîtres de la confrérie.
    Son fils !
    Il éprouve du dégoût, comme si remontaient en lui les souvenirs fangeux et incertains de son enfance. S’était-il trouvé seul, proie sans défense dans la chambre du cardinal Mazarin, son parrain, et avait-il senti contre son corps celui de cet homme qu’il admirait et aimait ? Avait-il été souillé et était-ce pour cela qu’il avait, toute sa vie durant, méprisé ceux qui, comme son propre frère Philippe, s’étaient adonnés à ce vice italien ?
    Et c’était maintenant son fils qui choisissait la débauche, et peut-être avait-il été perverti par les mignons de Philippe d’Orléans.
    Il ne veut plus rien savoir de ce fils, de ce bâtard. Mais d’abord il veut lui exprimer son mépris, sa colère, sa fureur même.
    Le comte de Vermandois est devant lui. Il avoue. Il sollicite le pardon. Qu’on le rosse ! Qu’on le chasse ! Qu’il ne paraisse plus jamais à la Cour !
    Plus tard, quand on lui apprend que le comte de Vermandois est mort à seize ans, misérable, alcoolique, il ne tressaille pas.
    On lui rapporte que dans son couvent des carmélites, Louise de La Vallière, devenue sœur Louise de la Miséricorde, a pleuré quelques instants, puis a murmuré : « C’est trop pleurer la mort d’un fils dont je n’ai pas encore assez pleuré la naissance ! »
    Il prie. Il égrène son chapelet.
    Peut-être ont-ils raison, ceux qui disent que la comète qui vient d’apparaître dans le ciel annonce la fin du monde, le temps des châtiments.

61.
     
    Est-ce la peur
Vom Netzwerk:

Weitere Kostenlose Bücher