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Lionel Lincoln (Le Siège de Boston)

Titel: Lionel Lincoln (Le Siège de Boston)
Autoren: James Fenimore Cooper
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encourageaient ceux qui les lui infligeaient à continuer.
    – Grâce ! grâce ! pour l’amour de Dieu ! ne tuez pas le pauvre Job ! s’écriait la malheureuse créature ; Job fera toutes vos commissions ! Job n’a pas d’esprit ! ayez pitié de lui ! Oh ! vous lui déchirez la chair !
    – J’arracherai le cœur de la poitrine à ce jeune mutin ! s’écria une voix rauque avec un accent de colère. Refuser de boire à la santé de Sa Majesté !
    – Job lui souhaite une bonne santé ; Job aime le roi, mais Job n’aime pas le rum.
    Le jeune officier était alors assez près pour s’apercevoir que c’était une scène d’abus et de désordre, et, se faisant jour à travers les soldats qui composaient ce groupe, il se trouva bientôt au centre du cercle.

CHAPITRE II
    Ils me fouetteront si je dis la vérité, tu me fouetteras si je mens, et quelquefois je suis fouetté pour avoir gardé le silence. J’aimerais mieux être je ne sais quoi… qu’un fou.
    SHAKESPEARE. Le roi Lear .
    – Que signifient ces cris ? demanda le jeune officier en arrêtant le bras d’un soldat en fureur qui s’apprêtait à frapper de nouveau ; de quel droit maltraitez-vous ainsi cet homme ?
    – Et de quel droit osez-vous porter la main sur un grenadier anglais ? s’écria le soldat courroucé, se tournant vers lui, et levant sa courroie pour en frapper celui qu’il regardait comme un bourgeois de la ville. L’officier fit un pas de côté pour éviter le coup dont il était menacé : ce mouvement entr’ouvrit son manteau, et la clarté de la lune tombant sur son uniforme, le bras du soldat surpris resta suspendu.
    – Répondez, je vous l’ordonne, continua l’officier tremblant de colère et d’indignation : pourquoi cet homme est-il tourmenté ainsi ? À quel corps appartenez-vous ?
    – Aux grenadiers du 47 e régiment, Votre Honneur, répondit un autre soldat d’un ton humble et soumis. C’est une leçon que nous donnions à un indigène pour lui apprendre à refuser de boire à la santé de Sa Majesté.
    – C’est un pécheur endurci qui ne craint pas son Créateur ! s’écria la victime du courroux des soldats, en tournant avec empressement vers son protecteur son visage baigné de larmes ; Job aime le roi, mais Job n’aime pas le rum.
    L’officier détourna les yeux de ce spectacle cruel, et ordonna aux soldats de délier leur prisonnier. Les doigts et les couteaux furent mis en réquisition pour lui obéir plus promptement, et le malheureux, rendu à la liberté, s’occupa à se couvrir des vêtements dont on l’avait dépouillé. Pendant ce temps, le tumulte qui avait accompagné cette scène de désordre avait fait place à un silence si profond, qu’on entendait la respiration pénible du pauvre diable dont le martyre avait été interrompu.
    – Messieurs les héros du 47 e régiment, dit l’officier quand l’objet de leur courroux eut remis ses habits, connaissez-vous ce bouton ?
    Le soldat à qui il semblait adresser plus particulièrement cette question regarda le bras qu’étendait l’officier, et il ne fut pas peu déconcerté en voyant sur le parement blanc qui décorait un uniforme écarlate, un bouton portant le numéro de son propre régiment. Personne n’osa répondre, et, après un silence de quelques instants, l’officier continua :
    – Vous êtes de nobles soutiens de la gloire acquise par le régiment de Wolf, de dignes successeurs des braves guerriers qui ont été victorieux sous les murs de Québec ! Retirez-vous ! demain on s’occupera de cette affaire.
    – J’espère, dit un des soldats, que Votre Honneur se rappellera qu’il a refusé de boire à la santé du roi ; je suis sûr que si le colonel Nesbitt était ici…
    – Osez-vous hésiter à m’obéir, misérable ? Partez, puisque je vous en accorde la permission.
    Les soldats déconcertés, car leur turbulence s’était évanouie comme par enchantement devant le regard sévère d’un officier supérieur, se retirèrent en silence, quelques vétérans disant tout bas à leurs camarades le nom de l’officier qui avait paru au milieu d’eux si inopinément. L’œil courroucé du jeune militaire les suivit tant que le dernier d’entre eux fut visible ; après quoi, se tournant vers un vieux citoyen de la ville qui était appuyé sur une béquille et qui avait été spectateur de cette scène, il lui demanda :
    – Savez-vous quelle est la cause du cruel traitement que
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