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L'immature

L'immature

Titel: L'immature
Autoren: Alain Garot
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bougonnant.
— Qu’est ce qui se passe encore, dit-il.
Maman ne répondit pas.
— Une autre biture, n’est-ce pas?
— Il faut aller vite chercher le médecin, dit maman.
Quand le médecin arriva, il se mit en colère:
— Ces cachets-là, était-il vraiment prudent de les laisser à la portée de votre fils ?
Bien sûr, encore la faute de maman. Qui se taisait. Comme toujours.
Le docteur, visiblement énervé, m’ausculta alors ; et ce n'est qu'au moment où il tenta de me questionner que, par bonheur, enfin... je sombrai... dans la MORT. 

L'ENFER
    Oui, même en enfer, il y a des barreaux aux fenêtres ! Je ne bronche pas : où est-il donc ce Satan ? Je ne vois qu’un pauvre gars, étendu comme moi, sur l’autre lit. Parce qu’il y a aussi des lits en enfer, qu’est ce que vous croyez ! Quand j’étais vivant, à Busigny, les vieux s’imaginaient tout cela avec des flammes ; mais ils se trompaient. On m’a déshabillé, affublé d’un ensemble en drap bleu à rayures blanches. J’accepte mal d’être là, dans cet endroit insolite. Mais ai-je le choix ? Et s’il s’agit bien de l’enfer, ne l’ai-je pas cherché ?
Non, l’enfer, c’est la terre !
Ici c’est l’hôpital, psychiatrique de surcroît. Par la fenêtre je ne vois que du noir : un pan de mur immense qui mange toute la clarté d’un jour que je devine à peine. Et puis il y a ce couloir démesuré, ces bruits de vaisselle qu’on remballe et, par instant, des cris. Un petit vieux, campé à l’entrée de ma chambre, m’observe en ricanant. Bien sûr, il ne m’a encore jamais vu ; alors je comprends. Mais là où cela devient inquiétant, c’est quand son ricanement se transforme en grimaces. Alors je réalise qu'on m’a mis chez les fous. J’essaie de me souvenir. Qui suis-je vraiment ? Que fais-je ici ? Inutile de vouloir penser : l’infirmier m’a administré une telle dose de calmant que je suis bien incapable de pousser ma réflexion au-delà des images qui me tombent sous les yeux. Mon voisin, lui, est en perpétuelle méditation. J’ai beau me tourner et retourner vers lui, impossible d’attirer son attention. Il pense. Pauvre homme, me dis-je. Vraiment, je ne voudrais pas être dans cet état.
En ce moment, je suis bien. C’est comme si je dormais tout éveillé. Sur la table de nuit, il me semble même reconnaître mon livre de Rimbaud : preuve irréfutable que je suis toujours bien sur terre. Et puis, il y a ce verre d’eau, cette bouteille d’Evian. Tout en plastique. On va me soigner ; et après je serai plus heureux. Du moins, c’est ce que je crois. J’ai, à n’en pas douter, quelque chose de trop dans la tête, qui se réveille de temps en temps, et que les médecins, justement, cherchent à éliminer, comme on tue les cafards ou les araignées. Je me dis qu’ils vont tuer ma bête à moi et qu’ensuite je n’aurai plus peur. Alors je retournerai auprès de maman.
Maman ! Et si on lui tuait la sienne, à elle aussi, ne se ferait-elle pas moins de soucis pour Freddy ?
Freddy, mon Freddy, comme c’est curieux ! Avant, rien qu’à la pensée de te savoir aussi loin, en Algérie, mon moral se serait immédiatement effondré. Maintenant, au contraire, je me sens bien. Une bouffée de bonheur m’envahit. J’ai presque envie de crier : je suis guéri ! Je suis guéri ! Mais il ne faut pas crier, surtout pas : les infirmiers n’attendent que cela pour vous tomber dessus avec leur camisole. Même l’heure, je l’ignore. Je sais seulement qu’il fait jour. Dois-je me rendormir ou me lever ? Je mets un pied à terre ; mais aussitôt ma tête tourne. Je sens que je vais tomber. Appeler à l’aide, mais comment faire ? À part le mobilier, strict minimum, il n’y a rien ici ni personne, sinon ce voisin qui songe en permanence …
« Cogito ergo sum ! »
Bientôt j’entends courir dans le couloir. Ce sont deux hommes qui jouent à s’attraper. Tout à l’heure j’ai di t que j’étais bien. Je le suis un peu moins maintenant. J’ai beau filtrer mes idées, je sens que ma petite bête recommence à s’agiter. Je tente quelques pas hors de la chambre. Aussitôt, les deux grands gosses s’arrêtent de jouer et me regardent passer, comme si j’étais fou. Arrivé au bout du couloir, mon cœur se met à battre très fort parce qu’il n’y a pas de porte et donc, pas d’issue. Je demande:
— Où est la sortie ?
Le nain bossu, à qui je viens de m’adresser, éclate
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