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L'immature

L'immature

Titel: L'immature
Autoren: Alain Garot
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regarder le ciel, témoin impassible de nos suffisances. Troquer l’infini de ce ciel contre notre toute petitesse. Et beaucoup s’aimer... pour supporter l’évidence, et ne pas se retrancher chacun chez soi avec son petit bout de mensonge.
Oh ! Que j’ai de nostalgie d’un beau paradis initial !
Mais qu’y faire... sinon tout détruire.
Changer le cœur des hommes ? Cela est impossible : le mal est incurable !
J’aurais certes plus facile à ne rien dire, à faire comme tout le monde. M’oublier et me faire oublier. Ne pas penser - surtout pas - et m’abrutir, me matérialiser.
Tisser de beaux romans ou bien les vivre.
Nourrir de beaux rêves.
Poétiser.
Croire. Est-ce pensable ?
Tout me semble vain.
Le corbillard passera toujours derrière nous ; et nous irons tous, un jour ou l’autre, les pieds devant.
Oui Messieurs les endormis, Messieurs les rêveurs solitaires...
Parce qu’il y aura toujours plus de folie, plus d’affolement meurtrier... et donc plus de raisons pour mourir.

Moi, maintenant, je cours.
Ce sera ma dernière promenade. Mon adieu au monde.
Comme la nuit est belle tout à coup !
Seule la nuit a de l’importance, puisque le jour se lève sur le mensonge.
 
 

REMONTER LE TEMPS
    En vérité, tout commence le samedi dix mars à quatre heures de l’après-midi ; il y a donc tout juste un mois. C’est curieux comme notre destin se joue sur si peu de temps.
Robert est venu me chercher. Il venait souvent, même s’il ne m’apprécie qu’à moitié. On dirait que ça l’embête de me voir à la grande école tandis que lui, il casse des cailloux.
Il est arrivé alors que je séchais sur mes devoirs de philo.
Philo. Beau mot, pas vrai ? Nos braves philosophes...
Rousseau, avec son « Origine de l’inégalité parmi les hommes »… Et Pascal, avec son célèbre “ Pari pour croire ”. Lui, il m’énerve. Je n’arrive pas à imaginer qu’on puisse lancer de pareilles vannes. Car après avoir fabriqué sa machine à calculer, figurez-vous qu’il s’est bel et bien construit un taxi pour le paradis... Rien de moins !
Je n’aime pas ceux qui mordent à tous les râteliers.
Si je suis bavard !
L’histoire, nom d’un chien ! Et qu’on en finisse.
Je vous entends d’ici, vous les cœurs tendres, prêts à battre sur commande.
Un début palpitant.
Un développement pathétique.
Une fin...
Une de ces fins - comme dans un film - qui ne vous laisse pas sur votre soif. Ne faut-il pas que vous en ayez pour votre argent ?
Or moi, précisément, le cinéma n’est pas mon fort. Je préfère, et de beaucoup, les coulisses à la scène du mensonge déguisé. Mais je sais... je vais sans doute un peu loin, pardonnez-moi.
Revenons à Robert. Il m’avait demandé de venir boire un coup au café. C’est souvent ce que l’on a de mieux à faire quand on se rencontre ; car nous avons tellement peu de points communs.
Moi, si j’ai bien le frère Rousseau de temps en temps pour me passer le temps, lui le Robert, qu’est-ce qu’il a ? À part son petit « canon », ses quelques histoires cochonnes... Rien ! Mais alors ce qui s’appelle rien. Soupçonne-t-il seulement qu’il puisse y avoir autre chose que ses pensées obscènes, ses velléités d’amour charnel ?
«  Chez ces gens-là, dit Brel dans sa chanson, on ne pense pas Monsieur, on ne pense pas...   »
Boire un coup, moi j’aime bien aussi. Cela décontracte quand on a peur du lendemain.
Maman, elle, m’a regardé. Et j’ai compris ce qu’elle voulait me dire : nous avons tellement peu d’argent ! Que voulez-vous, nos ancêtres n’ont pas dû trop y croire. Certains ne sont-il pas faits pour dépenser et d’autres pour amasser ? L’avarice, pour moi, n’est pas toujours ce que l’on pense. Il n’y a pas que ceux qui thésaurisent. Il y a surtout ceux qui ne dépensent pas. Avares de tout : d’idées, de sentiments…
Et qui ne changeront jamais, réglés qu’ils sont comme du papier à musique. Vous les prenez à trente, quarante ou même soixante ans, seule la marmite est un peu bosselée, l’intérieur reste intact ; un peu puant, mais c’est tout.
— Je n’ai guère envie de venir avec toi, ai-je dit à Robert.
Ce n’était pas tout à fait vrai.
Je dis souvent « non » alors que je pense « oui ». Oui comme disent les filles faciles, que j’aime bien du reste ; non pas à cause de leurs fesses, aussi propres que celles de bien d'autres, mais précisément parce qu’en
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