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Lettres - Tome I

Lettres - Tome I

Titel: Lettres - Tome I
Autoren: Pline le Jeune
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et des nerfs, à l’autre un peu d’embonpoint et même quelque panache ; l’une aime surtout la vigueur, l’âpreté, la véhémence ; l’autre la lenteur, la douceur et même la grâce ; enfin elles diffèrent par les mots, par les sons, par la construction des phrases ; Thucydide l’a dit, c’est tout autre chose de léguer aux hommes un bien impérissable, comme l’historien, ou de livrer un combat de circonstance, comme l’orateur.
    Tels sont les motifs qui me détournent de confondre, et de mêler deux sortes d’ouvrages si différents, et d’autant plus opposés qu’ils sont plus importants ; je crains que, troublé par un mélange si hétérogène je ne mette là ce qui convient ici ; c’est pourquoi provisoirement, je demande, pour ne pas quitter le langage du barreau, un sursis. Vous, néanmoins, réfléchissez dès à présent à l’époque qu’il me convient d’aborder. Sera-ce une époque ancienne et dont on a déjà l’histoire ? Les matériaux sont tout prêts, mais la comparaison sera redoutable. Choisirons-nous des temps non déflorés et modernes ? C’est beaucoup d’inimitiés et peu de reconnaissance à en attendre. Car, outre que, dans une si grande corruption des mœurs, on a plus souvent à blâmer qu’à louer, on paraîtra toujours avare d’éloges, prodigue de blâmes, même si on distribue les uns à pleines mains, les autres avec une extrême réserve. Mais ce n’est pas ce qui m’arrête (je me sens en effet assez de courage pour dire la vérité) ; ce que je vous demande, c’est de m’ouvrir la voie que vous m’engagez à parcourir et de me choisir un sujet, afin qu’une fois prêt à écrire, je ne rencontre plus de raison sérieuse d’hésiter et de différer. Adieu.
     
    IX. – C. PLINE SALUE SON CHER SEMPRONIUS RUFUS.
    La mort de Julius Avitus.
     
    J’étais descendu à la Basilique Julienne pour entendre les avocats auxquels je devais répondre à l’audience suivante. Les juges avaient pris place, les décemvirs {111} étaient arrivés, les avocats étaient prêts, le silence se prolongeait ; enfin arrive un message du préteur ; les centumvirs sont renvoyés, l’audience est ajournée, à ma grande satisfaction, car je ne suis jamais si bien préparé, qu’un délai ne me réjouisse. La cause de cette remise, c’est que le préteur Nepos, qui instruit l’affaire, avait publié un court édit, par lequel il avertissait accusateurs et accusés qu’il se conformerait au décret du sénat. À la suite de l’édit venait le sénatus-consulte ; il prescrivait que tous les plaideurs devaient jurer, avant les débats, qu’ils n’avaient fait, pour payer leur défense, à aucun avocat, ni don, ni promesse, ni fourni aucune caution. Par ces mots et par beaucoup d’autres défense était faite et de vendre et d’acheter le ministère des avocats. Toutefois, le procès terminé, on permettait une indemnité de dix mille sesterces au maximum. Embarrassé par cette initiative de Népos, le préteur qui préside aux centumvirs, voulant examiner s’il imiterait Népos, nous a donné ce loisir imprévu. Cependant toute la ville critique ou loue l’édit de Népos. Beaucoup s’écrient : « Nous avons donc trouvé quelqu’un pour redresser les boiteux ? {112} Mais quoi ? N’y a-t-il pas eu de préteurs avant lui ? Quel est donc ce réformateur des mœurs publiques ? » D’autres au contraire : « Il a tout à fait raison ; avant d’aborder les magistratures il a appris le droit, il a lu les sénatus-consultes, il réprime les trafics honteux, il ne souffre pas que la fonction la plus belle soit rendue vénale. » Ainsi vont partout les conversations, et l’opinion l’emportera dans un sens ou dans l’autre selon l’événement. Rien de moins juste, mais rien de plus commun, que de voir les desseins honorables ou honteux, selon qu’ils réussissent ou échouent, recevoir l’approbation ou le blâme. Aussi le plus souvent la même conduite est-elle appelée tour à tour zèle ou prétention, franchise ou folie. Adieu.
     
    X. – C. PLINE SALUE SON CHER SUÉTONE.
    L’éloge flatteur.
     
    Libérez enfin mes hendécasyllabes de l’engagement qu’ils ont pris, en se portant garants de vos ouvrages à nos amis communs. Chaque jour on les invite, on les somme de s’exécuter, et je crains que bientôt on ne les cite pour les obliger à produire l’objet du litige {113} . Je suis moi-même bien hésitant, quand il s’agit
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