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Lettres - Tome I

Lettres - Tome I

Titel: Lettres - Tome I Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pline le Jeune
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qui se touchent elle est absorbée, puis jaillit tour à tour. En face du lit de table un petit pavillon lui donne autant d’agrément qu’il en reçoit. Il est tout brillant de marbre, sa porte fait un avancement et se termine dans la verdure ; de ses fenêtres supérieures et inférieures il voit d’en bas ou d’en haut d’autres verdures. Puis un boudoir semble s’enfoncer à la fois dans la même chambre et en être séparé. Il a un lit et des fenêtres tout autour ; cependant la lumière y est tamisée par les ombrages qui l’environnent. Car une treille touffue couvrant le toit, s’élance et monte jusqu’au faîte. On croirait être couché là comme dans un bois, sauf qu’on n’y sent pas la pluie ainsi que dans les bois. Là aussi une source naît et se perd aussitôt. En plusieurs endroits de l’hippodrome sont placés des sièges de marbre, qui accueillent, ainsi que le pavillon lui-même, les promeneurs fatigués. Près des sièges jaillissent de petites fontaines ; dans tout le manège murmurent des ruisseaux amenés par des tuyaux et qui s’en vont partout où la main les conduit, arrosant tantôt un massif, tantôt un autre, parfois tous en même temps.
    J’aurais depuis longtemps pris soin de ne pas vous paraître trop minutieux, si je ne m’étais proposé de parcourir avec vous dans cette lettre tous les recoins de ma villa. Je n’ai pas craint en effet qu’il vous fût pénible de lire la description de lieux qui ne l’auraient pas été à visiter, surtout puisque vous pouviez à loisir interrompre la lecture, s’il vous plaisait, et, laissant là ma lettre, comme dans la promenade, vous asseoir souvent. De plus j’ai cédé à mon goût ; car j’aime les ouvrages que j’ai en grande partie commencés moi-même ou, s’ils étaient commencés, auxquels j’ai mis la dernière main. En somme (pourquoi en effet ne vous exposerais-je pas mon idée ou si vous voulez, mon erreur ?) je considère que le premier devoir d’un écrivain est de lire son titre, de se demander souvent quel est le sujet qu’il traite, et de savoir que, s’il y reste fidèle, il n’est jamais long, mais que c’est être très long que d’aller chercher bien loin et d’y introduire de force des ornements étrangers. Voyez combien de vers Homère, combien de vers Virgile emploient à la description des armes, celui-ci d’Énée, celui-là d’Achille. Ils sont brefs cependant tous les deux, parce qu’ils font ce qu’ils se sont proposé. Voyez avec quel soin Aratus poursuit l’énumération des plus infimes étoiles ; il ne dépasse pas pourtant la mesure ; car ce n’est pas là une digression, mais son sujet même. Ainsi de moi (pour comparer le petit au grand) ; quand je m’efforce de mettre sous vos yeux ma villa entière, si je ne m’égare point dans les hors d’œuvre, ce n’est pas ma lettre qui décrit, mais la villa qu’elle décrit, qui a de grandes proportions. Mais je reviens à mon point de départ, pour n’être pas condamné avec justice par mes propres règles, si je prolonge trop cette digression.
    Vous savez maintenant pourquoi je préfère ma propriété de Toscane à mes villas de Tusculum, de Tibur, de Préneste. Car outre les avantages que je vous ai apportés, il y règne la tranquillité la plus complète, la plus sûre et par suite la plus exempte de tracas ; aucun besoin de prendre la toge, aucun fâcheux à votre porte ; tout y est paix et silence ; et ce calme ajoute à la salubrité du pays autant que la pureté du ciel et la limpidité de l’air. C’est là que je jouis de la meilleure santé d’esprit et de corps. Car j’y exerce mon esprit par l’étude et mon corps par la chasse. Mes gens aussi ne se portent mieux nulle part ; jusqu’à ce jour, grâce pour cette parole ! je n’y ai perdu, aucun de ceux que j’avais amenés avec moi ; puissent les dieux garder à l’avenir à moi cette joie, au pays ce privilège. Adieu.
     
    VII. – C. PLINE SALUE SON CHER CALVISIUS RUFUS.
    Une question de droit.
     
    Un état ne peut être héritier ni rien prélever sur une succession, c’est un fait assuré ; or Saturninus, qui m’a institué héritier, a légué à notre ville {107} un quart de son héritage, puis, au lieu de ce quart, un prélèvement de quatre cent mille sesterces. Cette disposition, si l’on consulte le droit, est sans valeur ; si l’on s’en tient à la volonté du défunt, elle est valable et régulière. Or à mes

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