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Lettres - Tome I

Lettres - Tome I

Titel: Lettres - Tome I
Autoren: Pline le Jeune
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l’absoudre ; voici son argumentation : Nominatus aurait évidemment mieux agi, s’il eût soutenu jusqu’au bout la cause des Vicentins avec le même courage qu’il s’en était chargé ; cependant comme il n’avait mis dans sa faute aucune mauvaise foi, comme il n’était convaincu d’aucun manquement digne de punition, il devait être acquitté, à condition de rendre aux Vicentins ce qu’il en avait reçu. Tous se rangèrent à cet avis excepté Flavius Aper, il demanda d’interdire à Nominatus pendant cinq ans la fonction d’avocat, et, quoique son autorité n’eût entraîné personne, il persista dans son sentiment ; il alla même, invoquant le règlement du sénat {116} , jusqu’à forcer Dexter, qui le premier avait émis l’opinion opposée de jurer qu’il croyait son avis conforme à l’intérêt de l’état. Quoique la demande fût légale, elle souleva quelques protestations. Elle semblait en effet accuser son auteur de corruption.
    Mais avant qu’on recueillît les votes, Nigrinus, tribun de la plèbe, lut une requête éloquente et forte, dans laquelle il se plaignait de la vénalité des avocats, de la vénalité même des prévarications, des ententes conclues avant les procès, de l’habitude de substituer à la récompense de l’honneur de gros et solides profits tirés des dépouilles des citoyens. Il lut des textes de lois, il rappela les sénatus-consultes, et conclut qu’il fallait demander au meilleur des empereurs, puisque les lois, puisque les décrets du sénat étaient foulés aux pieds, de remédier lui-même à de si grands maux. Peu de jours s’écoulèrent ; puis parut un édit du prince, sévère et pourtant modéré ; vous le lirez, il est publié au journal officiel.
    Combien je me félicite de m’être toujours abstenu, quand j’ai plaidé, de tout contrat, présent, honoraires et même des plus minimes cadeaux {117} . Il est vrai qu’il faut éviter le mal, non parce qu’il est défendu, mais parce qu’il déshonore. On est heureux pourtant de voir interdire par la loi ce qu’on ne s’est jamais permis soi-même ; peut-être, ou plutôt certainement ma conduite me vaudra-t-elle moins d’honneur et moins de gloire, quand tous feront par contrainte ce que je faisais de plein gré. Jusque-là je goûte le plaisir d’entendre les uns me traiter de prophète, les autres répéter en riant et en plaisantant que mes rapines et ma cupidité ont bien mérité cette répression. Adieu.
     
    XIV. – C. PLINE SALUE SON CHER PONTIUS ALLIFANUS.
    Issue de l’accusation intentée contre Nominatus.
     
    Je goûtais la retraite de ma ville natale, quand la nouvelle m’est arrivée que Cornutus Tertullus avait reçu la mission de surveiller les travaux de la voie Émilienne {118} . Je ne peux vous dire toute la joie que j’en éprouve et pour lui et pour moi ; pour lui, parce que, quelle que soit sa modestie, il doit être heureux cependant d’un honneur qu’il n’a pas cherché ; pour moi, parce que le mandat qui m’a été confié double de prix à mes yeux, depuis que je vois Cornutus chargé des mêmes fonctions. Car il n’est pas plus flatteur de s’élever en dignité que d’être égalé aux bons citoyens.
    Or Cornutus n’est-il pas l’homme le meilleur, le plus digne ? N’offre-t-il pas le plus parfait exemple de toutes les vertus antiques ? Et ces qualités, je ne les connais pas seulement par la haute réputation, dont il jouit à si juste titre d’ailleurs, j’en parle sur la foi d’une longue expérience et de graves épreuves. Nous avons, nous avons toujours eu pour amis communs, tous ceux de l’un et l’autre sexe, que notre époque nous a donnés à imiter ; cette communauté dans nos affections nous a unis par la plus étroite intimité. Les charges publiques ont encore resserré ces liens ; car, vous savez que le sort, comme s’il eût entendu mes vœux, me l’a donné pour collègue et dans mes fonctions de préfet du trésor et dans mon consulat. C’est alors que j’ai connu à fond son cœur et ses talents ; je l’écoutais comme un maître, je le vénérais comme un père ; et il le méritait moins par son âge que par sa sagesse. Voilà pourquoi je suis heureux autant pour lui que pour moi, à titre privé comme à titre de citoyen, de ce qu’enfin la vertu conduit non plus aux périls comme autrefois, mais aux honneurs.
    Ma lettre ne finirait pas, si je m’abandonnais à ma joie. Je veux plutôt vous dire
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