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Les spectres de l'honneur

Les spectres de l'honneur

Titel: Les spectres de l'honneur
Autoren: Pierre Naudin
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dirige alors vers Calahorra et, s’étant rendu sur les bords de l’Èbre 1 , il franchit cette rivière et campe à Zalderando, à quatre lieues de Burgos qui est bientôt conquise (369) . L’ex-roi voit se prononcer à nouveau pour lui un grand nombre de hauts barons et seigneurs. Peu après León tombe.
    La guerre contre Pèdre commence donc, cependant que le roi de France décide d’aider Henri coûte que coûte (à l’inverse des rois d’Aragon et de Portugal soudain faussement neutres). Quant au roi de Navarre, il accorde alternativement ou simultanément son alliance à Pèdre et à Henri.
    Quelque informé qu’il fût des préparatifs militaires des Anglais en Guyenne, Charles V récidive : il enverra une nouvelle fois en Espagne une armée composée de malandrins de la pire espèce. Qui les commandera ? Guesclin, bien sûr !
    Tandis que le roi de France médite et s’use les genoux en prières, les alliés du Trastamare agissent. Le Bègue de Villaines assiège Salamanque. Il prend le commandement pour faire mouvement sur Tolède. Il compte dans sa suite, outre le Bâtard de Béarn, 400 Bretons parmi lesquels on trouve Arnaud Solier, dit aussi l’Hermite de Soliers, dit encore le Limousin ; Thomas Pignel et son fils Pierre ; Geoffroy Ricon, Yvon ou Yons ou Lions de Lakonner, Sevestre et Yvon Budes, Aliot de Calay, Alain de Saint-Pol, d’autres encore (370) et puisqu’il faut un mîtré, l’archevêque de Tolède. Tous se félicitent d’avoir saisi au lit, à Burgos, le troisième mari de Jeanne de Naples, Jaime III, malade, et de l’avoir su frapper… d’une amende de 80 000 doubles d’or à payer par son épouse. En attendant que cette rançon soit acquittée, on l’a conduit au château de Cariol.
    La reconquête semble bien engagée. Les renforts ne sauraient tarder.
    Et justement, le dimanche 3 décembre de l’an 1368, alors qu’en compagnie de Paindorge, Lebaudy et Lemosquet, Tristan accompagne Pierre de la Jugie à Toulouse où vont être transférées les reliques de saint Thomas d’Aquin, l’armée de Guesclin, qui chemine vers les Pyrénées, croise l’escorte de l’archevêque de Narbonne.
    Le Breton distingue aussitôt, proche du prélat, le chevalier qu’il déteste le plus : Castelreng.
    Il triomphe. Charles V l’ayant pourvu de tous les pouvoirs, il exige dans sa compagnie la présence de Tristan, lequel se résigne à le suivre plutôt que de périr sur place. Paindorge seul l’accompagnera.
    Maguelonne va devoir l’attendre. S’il survit à cette expédition, il en fera son épouse…

 
     
     
     
     
     
     
     
PREMIÈRE PARTIE
     
     
LA NUIT DES JUDAS

 
I
     
     
     
     
    L’armée qui s’en allait fortifier celle du Trastamare était passée à proximité de Toulouse avant de faire mouvement vers le sud-ouest. Négligeant le pas de Roncevaux, elle entra dans le Haut Aragon entre le 15 et le 20 décembre 1368 sans se soucier des menaces de Pierre IV qui, d’ailleurs, ne broncha point. Le froid sévissait. Piétant dans une neige épaisse et meuble, les hommes exhalaient sur leur passage le nuage de dix mille haleines auquel s’ajoutaient les brumes sourdies des naseaux des chevaux, des mufles des bœufs, vaches et moutons destinés à la nourriture.
    Des guerriers périrent de froid, d’autres succombèrent sous quelques volées de sagettes. Quoique prévisibles, ces inconvénients affermirent chez Guesclin et ses familiers le désir de rencontrer au plus tôt le roi de Navarre. Ils voulaient, à Pampelune, faire leurs choux gras des fortunes et terres que le malicieux souverain leur avait promises à l’issue de la précédente campagne 2 . Ils firent chou blanc : dame Jeanne, reine de Navarre et sœur du roi de France, ne sut ou ne voulut révéler où son époux séjournait. Elle promit qu’il s’acquitterait de ses dettes d’honneur, ce qui eut pour effet d’augmenter la fureur des Bretons dont le temps exécrable et la lenteur de leur avance développaient l’enragerie.
    – Ça lui va bien, à cette noble épouse, de parler d’honneur, grommela Guesclin sans souci d’être entendu tandis qu’il renfourchait Paimpol, son gros roncin pommelé. Faut pas en avoir soi-même, ma Doué, pour épouser un petit roi qui en est dépourvu.
    Le temps était affreux : un ciel de suie, un vent dont les aiguillons transperçaient les armures ; la neige, la glace, le givre et des ennemis inconnus. Ils assaillaient les charroyeurs
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