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Les spectres de l'honneur

Les spectres de l'honneur

Titel: Les spectres de l'honneur
Autoren: Pierre Naudin
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    Capturé à Nâjera, le 3 avril 1367, en même temps que Bertrand Guesclin et soixante chevaliers français ralliés à la cause de l’usurpateur Henri de Trastamare, Tristan de Castelreng est emmené à Bordeaux dans le sillage du vainqueur : Édouard, prince de Galles.
    Il sait que ses jours sont comptés : le fils du roi d’Angleterre n’a pas oublié une tentative d’enlèvement commise par le Français au manoir de Cobham peu après son mariage avec la belle Jeanne de Kent. Heureusement, un « Goddon », Hugh Calveley, veille amicalement sur le prisonnier.
    Pour célébrer sa victoire, le prince d’Aquitaine décide d’organiser, à Bordeaux, des joutes et un pas d’armes où les adversaires emploieront des armes de guerre. Tristan et son écuyer, Robert Paindorge, sortent blessés de ces jeux dangereux. Ils quittent en hâte la ville grâce au dévouement d’une femme belle, hardie et ardente, Tancrède, qui fut la cousine d’Ogier d’Argouges, le beau-père de Tristan, tué à Briviesca peu après la venue des Grandes Compagnies en Espagne.
    Tancrède meurt en se faisant avorter sur les lieux mêmes de son enfance : la forteresse de Rechignac. Tristan et Paindorge cheminent alors vers la Normandie. Parvenus à Gratot, la demeure des Argouges, ils apprennent par Lebaudy et Lemosquet, deux hommes d’armes qui les ont précédés, que toute la population du château a été occise par des routiers. Voilà Tristan veuf de son épouse, Luciane.
    Il revient à Castelreng. La seconde femme de son père, Aliénor, y règne en despote avec son fils, Olivier, lequel se distingue des jouvenceaux de son âge par une cruauté peu commune. Tristan, qui a fréquenté Aliénor avant qu’elle ne devînt son ennemie acharnée, se refuse à considérer ce garçon pervers comme son héritier. Il est d’ailleurs né deux ou trois ans avant qu’il n’ait connu celle qui fut un temps sa fiancée.
    Il quitte Castelreng et c’est sur les hauteurs du Termenès, à Villerouge, qu’il trouve avec ses hommes d’armes de quoi survivre et s’occuper. Ils accompagnent le bayle dans la collecte des impôts et portent, de loin en loin, des messages que leur fournissent les clercs du château de Villerouge au propriétaire des lieux : Pierre de la Jugie, l’archevêque de Narbonne.
    Les jours passent. Tristan se lie avec Maguelonne, une jouvencelle du hameau. La franchise et la simplicité de la donzelle ainsi que sa rustique beauté finissent par le séduire. Il ébauche des projets : chasser de Castelreng les indésirables, épouser Maguelonne et vivre loin des guerres et de leurs tumultes. Oublier ou tenter d’oublier Bertrand Guesclin dont les forfaits commis en Espagne enténèbrent sa mémoire.
    *
    Cependant, au-delà des Pyrénées, les événements se précipitent. Victorieux avec l’aide du prince de Galles à Nâjera, le roi Pèdre de Castille se venge de ceux qui l’ont volontairement ou non abandonné avant cette bataille. C’est par centaines que d’effroyables exécutions sont commises.
    Le 13 août 1367 (367) , une conférence réunit à Aigues-Mortes le duc d’Anjou, le cardinal Gui de Boulogne et Henri de Trastamare. Après avoir obtenu l’assistance de Charles V et du pape, et pourvu, par eux, d’une fortune considérable, l’usurpateur rassemble tous ses partisans parmi lesquels on dénombre maints chevaliers d’aventure, soit 1200 lances (368) . Courant septembre, il entame sa marche sur l’Espagne. Il partage le commandement avec le Bègue de Villaines, le vicomte de l’Isle, Guillaume de Villemur, le bâtard Don Bernal de Béarn et le comte d’Osuma, fils du ministre aragonais Bernal de Cabrera. Traversant les Pyrénées par l’Andorre « où jamais homme à cheval n’était passé », ils débouchent en Aragon malgré l’opposition de Pierre IV qui, excipant d’un traité avec le prince de Galles, leur avait enjoint, par l’intermédiaire du gouverneur du Roussillon, de respecter ses terres.
    Aussitôt informé, le roi humilié dépêche de Saragosse un corps d’armée considérable pour refouler les envahisseurs. Or, obéissant à l’infant d’Aragon, ces guerriers laissent aller Henri et ses hommes jusqu’à son fief de Ribagorza où ils se reposent deux jours.
    Le 24 septembre, après être passés par Arén, Estadilla (qui appartient à Felipe de Castro, époux de Juana, la sœur du Trastamare), Barbastro et Alzagra, ils sont en vue de Huesca.
    L’usurpateur se
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