Les spectres de l'honneur

of England, aux chapitres consacrés à Édouard III et à la suite du massacre des habitants de Limoges par le Prince Noir :
    L’institution de la Chevalerie a eu moins d’influence qu’on ne le croit sur la civilisation. Elle donna, il est vrai, un éclat extérieur à la vaillance, elle régla les lois de la courtoisie, elle inculqua les principes d’honneur, principes souvent faux ; mais les passions les plus sombres et les plus vindicatives restèrent en dehors de son contrôle, et les plus accomplis de cet âge ont, dans certaines occasions, montré une férocité de caractère et de mœurs qui n’aurait pas été déplacée chez leurs ancêtres du sixième siècle. De plus, la Chevalerie engendrait et entretenait un profond mépris pour tous ceux qui n’appartenaient pas à cet Ordre. Le Prince Noir fit grâce de la vie aux chevaliers qui avaient défendu Limoges contre lui, mais il se délecta du sang des bourgeois et du menu peuple : 3 000 hommes, femmes et enfants furent massacrés impitoyablement.
    Et à propos des chevaliers :
    Tous ces hommes étaient d’intrépides guerriers. Ils se signaient dévotement devant la Croix et l’image de la Vierge, mais ces pieuses allures ne les empêchaient pas, dans les rencontres, de profaner les églises, de piller les monastères, de faire violence aux nonnains, de dépouiller la veuve et l’orphelin qu’ils avaient juré de protéger.
    Guesclin, qui les surpassa, nous offre ce paradoxe tout de même extraordinaire : le connétable n’était point un chevalier dans le sens éloquent du mot. On vante ses victoires, on oublie ses défaites. Vouloir, comme certains, le déifier, c’est se tromper impardonnablement sur son compte (447) .