Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les Rapines Du Duc De Guise

Les Rapines Du Duc De Guise

Titel: Les Rapines Du Duc De Guise
Autoren: Jean (d) Aillon
Vom Netzwerk:
époque où les encoignures, les courettes et les
culs-de-sac étaient innombrables. Situé du côté de la rue de Venise, à peu près
en face de la rue des Ménétriers, leur logis avait été construit par le
grand-père d’Olivier sous le règne de Henri II. On le remarquait à sa
tourelle à six pans qui s’avançait sur la rue. C’était l’unique entrée de la
maison.
    Au niveau de la rue Saint-Martin, la tourelle
bornait une courette de quinze pieds de large et profonde de huit. En vérité, c’était
plutôt un porche dont la couverture constituait le plancher du premier étage. L’autre
côté de cet espace était fermé par l’échoppe d’un tailleur qui avait deux
devantures voûtées en ogives, l’une ouvrant sur la courette, l’autre sur la rue
et dont les colombages au-dessus étaient peints en vert.
    Leur maison était construite sur deux étages, avec
de vastes combles sous le grand pignon fortement pentu aux colombages rouge vif.
Les deux niveaux d’habitation avaient chacun deux salles principales ouvrant
dans l’escalier à vis enchâssé dans la tour. En tout, il y avait donc quatre
chambres, sans compter les galetas et les garde-robes. Le père d’Olivier et la
gouvernante qui l’avait élevé à la mort de sa mère occupaient chacun une salle
du premier niveau, Olivier et le commis de son père logeaient au second niveau.
La cuisinière, le valet et la servante dormaient sous les combles.
    Arrivant dans le porche couvert qui formait
courette, Olivier y découvrit le tailleur en conversation avec un autre voisin.
Tous deux arboraient un air sinistre. La porte de la tourelle était ouverte, ce
qui ne manqua pas de l’étonner, son père la fermant toujours soigneusement à
clef.
    — Monsieur Hauteville ! le héla le
tailleur en l’apercevant… On vous attend…
    — Qui donc ?
    — Il… il y a eu… un grand malheur, bredouilla
son voisin.
    Olivier comprit que quelque chose de grave
était survenu et son cœur se mit à battre le tambour.
    — Mon père ? fit-il en déglutissant.
    — Vous devriez entrer, proposa doucement
le tailleur en détournant le regard.
    Olivier le regarda un instant sans comprendre,
puis pénétra dans la tourelle pour grimper les marches quatre à quatre. La
porte de la chambre de son père était ouverte. Un inconnu en velours noir et
toquet de la même couleur se tenait dans la pièce avec, à ses côtés, deux
archers du guet armés d’épée et de pertuisane. Jacques Le Bègue, le commis, et
Perrine, la servante, étaient agenouillés et gémissaient devant le lit sur
lequel son père était allongé, son pourpoint noir marqué d’une large tache
sombre.
    En le découvrant ainsi, blessé, inanimé, peut-être
mort, Olivier eut l’impression que la pièce tanguait.
    — Qui êtes-vous ? demanda l’homme en
noir d’un ton menaçant.
    — Père ! cria le jeune homme en se
précipitant vers le lit sans se préoccuper de personne.
    Olivier prit une main. Elle était rigide et
glaciale. Il remarqua alors combien le visage de son père était figé dans une
expression de surprise. La plaie sur sa poitrine était bien visible. Un coup de
lame juste sous le cœur avait déchiré le pourpoint. Ce fut seulement à cet
instant qu’Olivier comprit qu’on avait tué son père.
    Il embrassait le cadavre en sanglotant quand, subitement,
on le tira sans ménagement en arrière.
    — Laissez-moi… qui êtes-vous ? Vous
l’avez tué !
    C’était l’homme en noir qui l’avait saisi. Olivier
le considéra dans un mélange d’aversion et de curiosité. Il était de petite
taille, avec un faciès de furet, un visage anguleux, des lèvres fines trop
claires, et surtout un teint bilieux, déplaisant, rehaussé par une barbe et une
courte moustache noires.
    — Vous êtes son fils ? demanda l’inconnu
avec malveillance.
    — Oui, qu’est-il arrivé ? demanda
Olivier en étouffant un sanglot.
    — C’est moi qui pose les questions, et c’est
vous qui allez nous le dire, asséna l’homme en noir.
    En parlant, il scrutait Olivier avec de petits
yeux méchants et inquisiteurs.
    — Mais qui êtes-vous, enfin ? gémit
le jeune homme.
    — Je suis le commissaire du quartier,
M. Louchart. M. Le Bègue vient de nous prévenir du massacre.
    — Le massacre… je ne comprends pas…
    Louchart se taisait, arborant une expression à
la fois sévère et méprisante.
    — Madame et Gilles, murmura alors Le
Bègue. Ils sont à
Vom Netzwerk:

Weitere Kostenlose Bücher