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Les Rapines Du Duc De Guise

Les Rapines Du Duc De Guise

Titel: Les Rapines Du Duc De Guise
Autoren: Jean (d) Aillon
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reparti le mardi, et en
rentrant le soir, il leur avait appris que le roi avait tenu un lit de justice
au palais de justice. À cette occasion, il avait déclaré devant le parlement n’avoir
agi que pour « prévenir l’exécution d’une malheureuse et détestable
conspiration faite par ledit amiral, chef et auteur d’icelle et ses dits
adhérents et complices en la personne dudit seigneur roi et contre son État, la
reine sa mère, MM. ses frères, le roi de Navarre, princes et seigneurs
étant près d’eux ».
    Sa Majesté avait justifié le massacre, mais
ordonné qu’il cesse puisque justice était faite. Ses prévôts et ses gens d’armes
avaient ordre de pendre ceux qui s’attaqueraient désormais à des protestants.
    Le dimanche suivant, Olivier était sorti pour
la première fois depuis la Saint-Barthélemy. Les massacres avaient cessé, mais
comme il se rendait à Saint-Merry avec son père pour écouter la messe, on
voyait encore des cadavres pendus aux fenêtres. Certains étaient couverts de
corbeaux qui les picoraient, d’autres étaient noirs de mouches bourdonnantes. Il
se souvenait surtout de l’odeur. Avec la chaleur d’août, la puanteur habituelle
des crottes et des déjections était masquée par celle de la mort et du sang
séché. C’étaient les mêmes relents infects qu’on respirait dans le quartier de
la Grande boucherie.
    Le sermon avait été fait par le père Boucher
qui était maintenant recteur de la Sorbonne et qui dirigeait sa thèse.
    Selon lui, l’occision des protestants était
une juste punition de Dieu. Nous ne devrons jamais l’oublier ! avait-il
martelé avec fureur à ses ouailles.
    — Le père Boucher a raison, c’est moi qui
suis trop faible, avait seulement dit son père en sortant de l’église.
    Dans les jours suivants, le calme était revenu.
De nouveaux voisins avaient emménagé et les horreurs de ces trois effroyables
journées s’étaient estompées. Son père n’en avait plus jamais parlé, ni
Margotte.
    Charles IX, le responsable de la tuerie, était
mort deux ans plus tard, rongé par le remords, disait-on. Le nouveau roi, Henri III,
qui avait pourtant participé au massacre bien qu’il clame le contraire, tentait
de conduire depuis dix ans une politique d’équilibre entre catholiques et
protestants. Seulement, chacun savait qu’il protégeait les hérétiques.
    Son père lui avait souvent répété l’affirmation
du père Boucher : vivre à côté d’un huguenot sans le dénoncer, c’était se
condamner à la damnation éternelle ! Olivier lui donnait raison. Pourtant,
après ce qu’il avait vu devant le Petit pont, il ne se sentait plus si sûr de
lui. Secoué par la vision de cet homme et de cette femme ensanglantés, assassinés,
mais aussi par les souvenirs qui affleuraient, il ne savait plus que penser. Il
oublia le père Boucher et sa thèse, et se pressa pour rentrer chez lui. Il
fallait qu’il parle avec son père et Margotte de ce qu’il venait de voir.
    Depuis des mois, Olivier entendait dire que
les violences se multipliaient contre les huguenots. Qu’on rapinait leurs biens,
qu’on les pendait ou qu’on les jetait en Seine. Le peuple faisait désormais
justice lui-même, car chaque fois que des hérétiques étaient arrêtés, le roi
les protégeait. L’année précédente, après avoir saisi un ministre et ses
auditeurs durant un prêche, le parlement les avait seulement bannis de la prévôté
de Paris, alors qu’on aurait dû les brûler vifs, ou au moins les pendre.
    Depuis des semaines, des clercs de la Sorbonne
assuraient que les huguenots entraient dans Paris pour préparer une
Saint-Barthélemy des catholiques. Olivier se rappelait des horreurs que son
père lui avait racontées sur la prise de Cahors, cinq ans plus tôt, par les
soudards d’Henri de Navarre. Les huguenots ont amené l’enfer sur la terre, répétait-il
souvent en rapportant les atrocités des reîtres qui confectionnaient des
colliers d’oreilles arrachées aux pauvres catholiques.
    Si le roi ne les protégeait pas de la
méchanceté des hérétiques, le duc de Guise le ferait. Après tout, son père
avait déjà sauvé la France.
    Olivier traversa l’île et, après avoir passé
le pont Notre-Dame, remonta rapidement la rue des Arcis puis la rue
Saint-Martin. Il eut son premier sourire quand il aperçut la tourelle
hexagonale de leur maison.
    C’était une de ces constructions biscornues
comme il y en avait tant à cette
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