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Les Rapines Du Duc De Guise

Les Rapines Du Duc De Guise

Titel: Les Rapines Du Duc De Guise
Autoren: Jean (d) Aillon
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d’un
bâton, un homme assena un violent coup sur la tête de la femme. Le sang jaillit
et elle s’écroula. Plusieurs mains saisirent alors les deux corps inanimés et, s’approchant
de la rivière, les jetèrent à l’eau. Ils furent aussitôt emportés par le
courant glacé. Des enfants, vite imités par les clercs, se mirent à leur jeter
des pierres pour les faire couler.
    Maintenant que tout était terminé, des groupes
de badauds commentaient et approuvaient bruyamment l’exécution des hérétiques. Depuis
la Saint-Barthélemy, il était légitime de jeter les disciples de Calvin à la
Seine, répétaient-ils à plaisir.
    — Ils avaient qu’à aller à la messe !
assura une matrone à la hure de hyène dont la bouche féroce exprimait toute la
méchanceté du monde.
    Malgré son dégoût, Hauteville opina.
    — Mort au Bougre ! Vive Guise !
criaient les clercs, tout fiers d’avoir fait justice en voyant les corps
sombrer dans les remous du fleuve.
    — Au couvent, le Bougre escouillé ! Mort
aux hérétiques ! répliqua un homme vivement applaudi.
    Olivier haussa les épaules pour se donner une
contenance et reprit son chemin vers le Châtelet, tandis qu’arrivait par le
pont Saint-Michel une troupe de gardes du roi et que la foule se dispersait.
    Les clercs avaient eu raison, tentait-il de se
convaincre. Heureusement que Mgr de Guise était là ! Comme l’avait fait
son père, François de Guise, le duc les protégerait de leur bougre de roi et
des hérétiques qui voulaient exterminer les bons chrétiens.
    Sur le Petit pont, par un espace entre deux
maisons, il regarda la Seine. Les corps avaient réapparu, ils allaient sans
doute s’accrocher dans les piles de bois du pont Saint-Michel. Alors qu’il
contemplait ce triste spectacle, des souvenirs enfouis affleurèrent à la
mémoire d’Olivier.
    On était le dimanche
24 août 1572. Il avait neuf ans et c’était la Saint-Barthélemy. Réveillé par le
tocsin, il avait vu Margotte – la gouvernante qui s’occupait de lui depuis la
mort de sa mère et qui partageait la couche de son père – debout à la fenêtre
de la chambre, en chemise de nuit. Son père se tenait à côté d’elle avec une
lanterne. Le jour pointait. Ils regardaient tous les deux dans la rue. Sortant
de son lit, il s’était approché pour regarder, lui aussi.
    Une bande d’hommes à cheval, en morion et
corselet, épée et pique à la main, suivie d’un prêtre et dirigée par un
gentilhomme dont l’armure de cuivre étincelait – il avait appris depuis que c’était
le duc de Montpensier – brisait la porte de la maison à l’enseigne du Plat d’Étain,
en face de chez eux. C’était celle d’un gentilhomme protestant dont on disait
qu’il était parent de l’amiral de Coligny.
    Les hommes étaient entrés, puis avaient
retenti des coups de mousquet, des cris, et enfin des hurlements. Alors, il
avait vu avec horreur des corps jetés par les fenêtres : d’abord le chef
de la famille, puis ses fils âgés d’une dizaine d’années. Ensuite ce fut son
secrétaire, suivi des femmes de la maison, des servantes, pour la plupart
toutes désaccoutrées, et enfin de plus jeunes enfants. Même un enfantelet qui
vagissait encore.
    Dans la rue, des gens étaient sortis pour
assister au massacre. Descendu pour se renseigner, son père n’avait pas tardé à
remonter, livide.
    — Le roi a appris que les hérétiques
voulaient attaquer le Louvre… le Palais… et la Bastille… tuer toute sa famille…
piller la ville, avait-il balbutié sous le coup de l’émotion. Tout avait été
préparé par Coligny et ses amis. Ça ne m’étonne pas, avec toutes les atrocités
qu’il a commises l’année dernière en Languedoc ! Qu’est-ce qui a pris à
notre roi de lui faire confiance ! Heureusement qu’il a déjoué ce complot.
Il a décidé d’exécuter l’amiral de Coligny et de punir tous ceux qui y
participaient… M. de Grandcastel, notre voisin, en faisait partie… Il
a payé et c’est justice. Le prévôt des marchands et les échevins avaient reçu
des ordres…
    — Mais les femmes… les enfançons…, avait
balbutié sa gouvernante, tremblante d’émotion.
    — Femmes de huguenots ! Elles ne
sont bonnes qu’à être troussées ! avait répondu brutalement son père en
détournant le regard pour cacher ses larmes.
    Olivier était resté devant la fenêtre ouverte,
muet de stupeur devant l’épouvantable spectacle. Le tocsin sonnait
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