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Les pièges du désir

Les pièges du désir

Titel: Les pièges du désir
Autoren: Diane Gaston
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à des kilomètres d’ici. 
    – Je m’en moque, dit Mary, qui reprit le chemin de l’hôtel. Je ne me pardonnerais jamais de n’avoir pas essayé. 
    Elle semblait déjà au bout de ses forces, après leur épuisant voyage et les soins qu’elle avait prodigués aux blessés. 
    – Vous ne pouvez pas, c’est de la folie ! insista Ariana. 
    – Je dois y aller. Je ne peux pas supporter de penser qu’il risque de mourir tout seul dans quelque champ. 
    Tout son corps tremblait en disant ces mots. 
    Ariana la prit par les épaules et inspira profondément. 
    – C’est moi qui vais y aller, lui dit-elle. Vous, retournez à l’hôtel. Je ferai tout ce qui est humainement possible. 
    Et elle en profiterait pour chercher Jack, se promit-elle. Dans l’espoir qu’elle ne le retrouverait pas parmi les morts ! 

Chapitre 21 
    Jack assujettit son fardeau tout en s’encourageant à mi-voix. Le soleil dardait sur lui de brûlants rayons et il avait terriblement soif, mais il n’osait pas s’arrêter. Les ornières creusées par les chariots qui avaient parcouru la route juste après les pluies rendaient sa marche encore plus ardue. 
    L’homme qu’il portait sur son épaule émit un grognement et il faillit trébucher. 
    – Bon sang, Tranville, restez tranquille ! 
    – Je suis capable de… marcher, articula l’autre d’une voix blanche de douleur. 
    – Peut-être, mais ça va plus vite ainsi. 
    En réalité, Tranville ne pouvait pas marcher. Il avait une jambe cassée et la blessure dans son flanc recommencerait à saigner s’il tentait de clopiner. Jack ne pouvait que le porter. 
    Pendant le combat farouche qui avait accompagné le premier assaut de l’infanterie, il l’avait vu tomber. Et après la bataille, il avait entendu dire que le général avait été laissé sur place. Personne ne savait s’il avait été tué ou non, et avec l’obscurité, nul ne se souciait d’aller le chercher. 
    Plus de Tranville… plus de menaces. Jack aurait dû éprouver quelque chose. Un sentiment de soulagement ou de triomphe. Mais tout ce qu’il avait senti sur le moment, c’était la faim et la soif. Il s’était désaltéré et restauré avec les autres, et après cela, il avait vu plus clair en lui-même. Ce qu’il ressentait, en fin de compte, c’était du chagrin – pour sa mère. La mort de Tranville allait lui briser le cœur. 
    Peu importait ce qu’il éprouvait lui-même pour cet homme. Sa mère, elle, l’aimait depuis plus de vingt ans. Comment Jack pourrait-il la regarder en face s’il n’essayait pas au moins de retrouver l’objet de son adoration ? 
    Un mouchoir noué sur la bouche et le nez, il était retourné sur le champ de bataille et s’était frayé un chemin parmi les morts, vers l’endroit où il avait vu tomber Tranville. Et il l’avait trouvé. 
    Vivant. 
    Après une nuit d’enfer à écouter les râles des mourants et à pourfendre les pillards qui écumaient les champs pour détrousser les morts, Jack avait chargé Tranville sur son dos et rejoint la cohorte des soldats blessés qui marchaient sur la route de Bruxelles. 
    Il déplaça Tranville sur son épaule et reprit sa marche en vacillant. Si seulement ils n’avaient pas manqué les chariots qui transportaient les blessés les plus graves ! Jack essayait de ne penser à rien, mais les sons et les odeurs de la bataille ne cessaient malgré lui de hanter sa mémoire. Il revit le boulet qui avait abattu son cheval sous lui, et l’expression des hussards de la garde impériale, quand les carrés anglais avaient refusé de s’ouvrir devant eux. Il entendait encore les cris de guerre, respirait l’odeur de la sueur, du sang et de la poudre. 
    Que cela cesse ! 
    Son dos le tiraillait et il chancela sous le poids de Tranville. Il s’arrêta un instant pour reprendre son équilibre et fut soulagé quand Tranville perdit de nouveau conscience. C’était plus facile de s’imaginer qu’il transportait un simple sac de pommes de terre, plutôt que l’homme qu’il avait détesté toute sa vie. 
    Un pas, puis un autre. S’il y arrivait, il reverrait Ariana, songea-t–il pour s’enhardir. Le procédé fut efficace et il parvint à presser l’allure. Ariana… Quel dommage qu’il n’ait pas peint une miniature d’elle ! Ces terribles journées de combat avaient brouillé l’image de la jeune femme dans son esprit. Après les Quatre-Bras, il avait essayé de la dessiner, mais la
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