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Les pièges du désir

Les pièges du désir

Titel: Les pièges du désir
Autoren: Diane Gaston
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tant pis si les autres s’en étonnaient. Jack, lui, avait très bien dû saisir la signification de cet « oubli ». Tranville lui signifiait ainsi que les choses n’étaient pas réglées entre eux. La ruine de Jack, de sa famille et de son actrice étaient encore à l’ordre du jour. 
    Quant à ces dessins insensés que Jack avait faits de Badajoz, personne ne voudrait y croire. Il avait dû tout inventer. Edwin était peut-être un poltron, mais aucun Tranville ne s’en serait pris à une femme et à un gamin, même s’il s’était agi de papistes espagnols. 
    D’ailleurs, Edwin avait prouvé qu’il n’était pas un lâche. Aux Quatre-Bras, il était resté à son poste, c’est-à-dire aux côtés de son père. Ce n’était pas comme d’être au cœur du combat, ainsi que Jack l’avait été. Mais tout de même, ils avaient été exposés au feu de l’artillerie et aux balles des mousquets. 
    Tranville prit une plume et écrivit aussi lentement que possible, en observant une pause entre chaque mot comme s’il réfléchissait à la suite. Puis il plia la lettre et fit signe à Jack d’approcher. 
    – J’ai un mot à vous dire. 
    Jack fut contraint de se pencher vers lui. 
    – Tout ce qu’il vous reste à espérer, c’est de périr de la main de quelque Français, Vernon. Sinon, je vous promets qu’à notre retour en Angleterre, vous regretterez de ne pas être mort. Et votre famille aura tout lieu de le regretter aussi ! 
    Jack se redressa sans un mot, un muscle palpitant dans la joue. 
    – Partez, à présent, ordonna Tranville, qui fit mine de relire la missive de Hamerton. 
    – Avec votre permission, mon général, je vais y aller moi aussi, intervint Landon. 
    Tranville le congédia de la main. 
    – C’est cela, allez ! 
    Jack fit un demi-tour réglementaire et sortit, Landon sur les talons. 
    – Avez-vous encore besoin de moi, général ? s’enquit le capitaine Deane. 
    – Non, bien entendu ! Allons, sortez tous. 
    Deane et les autres quittèrent la chaumière en file indienne. Le dernier n’ayant pas bien repoussé la porte, Edwin dut se lever pour la fermer. Tranville pointa le doigt sur lui. 
    – Tu ferais mieux de te comporter honorablement demain à la bataille. Fais preuve d’un peu de jugeote, pour une fois ! 
    Edwin blêmit et chercha comme à son habitude un peu de réconfort auprès de sa flasque de brandy. 
    ***
    Une fois dehors, Landon et Deane entraînèrent Jack à l’écart. 
    – Avez-vous le temps de prendre un thé avec nous ? 
    Jack acquiesça avec gratitude. La pluie qui tombait encore à verse l’avait trempé jusqu’aux os et il était parcouru de frissons. 
    Ils le conduisirent jusqu’à un petit entrepôt qui devait leur servir d’abri pour la nuit. Un modeste feu avait été allumé près de l’entrée et une bouilloire chauffait sur les braises. Un officier drapé dans une couverture ronflait dans un coin. 
    Tandis qu’ils sirotaient leur thé dans des timbales en métal, Jack raconta aux deux hommes comment et pourquoi il avait trahi le serment qu’il leur avait fait. 
    – Mais vous ne serez pas inquiétés, les rassura-t–il. Sur les dessins, j’ai laissé volontairement vos visages flous, ainsi que vos uniformes. 
    Deane se frotta le visage. 
    – J’espère qu’il se trouvera un Français assez chanceux pour lui loger une balle dans la tête ! 
    – Chut, tiens ta langue ! lui conseilla Landon, inquiet. 
    Jack se leva à regret. 
    – Il vaut mieux que j’aille délivrer mon message. J’espère que vous traverserez sans dommage l’épreuve de demain, ajouta-t–il en serrant la main à ses deux compagnons. 
    Avant de sortir, il se tourna vers Deane. 
    – A propos, que sont devenus la Française et son fils ? Avez-vous pu les mettre à l’abri ? 
    – Oui, heureusement. En fait, je l’ai revue à Bruxelles. Elle vit ici à présent. 
    Landon se redressa. 
    – Tu ne me l’avais pas dit ! 
    Deane balaya le reproche d’un haussement d’épaules. 
    – Et le gamin ? s’enquit Jack. 
    – Il est à l’armée. On les recrute très jeunes maintenant. 
    Jack secoua la tête. Le garçon ne devait guère avoir plus de seize ans ; c’était bien trop jeune. Une partie des forces belges avait quitté Quatre-Bras après les combats. Peut-être les avait-il suivies et se trouvait-il en sécurité. 
    Si seulement ils pouvaient tous s’en sortir sains et
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