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Les pièges du désir

Les pièges du désir

Titel: Les pièges du désir
Autoren: Diane Gaston
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Prologue 

    Badajoz, Espagne, 1812  
    Jack Vernon dévalait les rues de Badajoz comme s’il était poursuivi par le diable en personne. Ou plutôt les diables, ces soldats anglais qui détruisaient tout sur leur passage. 
    Titubant sous l’effet de l’ivresse, ils jaillissaient des maisons après y avoir mis le feu. Leurs visages illuminés par les flammes ressemblaient à des faces de gargouilles. Les corps de leurs victimes gisaient sur le pavé – soldats français et citoyens ordinaires, hommes, femmes et enfants, leurs costumes espagnols aux couleurs vives maculés de sang. 
    Le rugissement des flammes, les cris des femmes et les vagissements des bébés faisaient frémir Jack. Mais le plus terrible, c’était les rires de ces fous, affamés de saccage, de viol et de pillage. 
    Des maraudeurs en uniforme rouge le prirent bientôt en chasse pour le détrousser et il agrippa son pistolet. C’était avec ces mêmes hommes que, quelques heures plus tôt, il avait escaladé les murailles de Badajoz, sous le feu nourri de la mousqueterie française. Et pourtant à présent, ils n’auraient eu aucun scrupule à l’empaler sur leurs baïonnettes, histoire de s’amuser. 
    Une soif de sang les consumait, après que la moitié d’entre eux avaient trouvé la mort dans leur combat désespéré pour s’emparer de la citadelle. 
    Dans les rangs, le bruit s’était répandu que Wellington leur avait octroyé la permission de piller la ville pendant trois heures. C’était l’étincelle qui avait mis le feu aux poudres. La rumeur s’était révélée fausse, bien entendu. Hélas, une fois qu’ils avaient commencé, rien ne pouvait plus les arrêter. 
    Un pur cauchemar. 
    Après la retraite des Français vers San Cristobal et le début du pillage, le commandant de Jack lui avait donné l’ordre, ainsi qu’à quelques autres officiers, de patrouiller dans les rues avec lui. 
    – Il faut faire cesser cela, avait-il déclaré, consterné par les événements. 
    Mais les pillards s’étaient immédiatement retournés contre eux et ils avaient dû chercher le salut dans la fuite. Séparé des autres, Jack n’avait plus qu’un objectif – trouver un endroit à peu près sûr et y attendre la fin du carnage. 
    Il s’était enfoncé en courant dans le dédale des ruelles, tournant si souvent qu’il ne savait plus où il était ni comment sortir de ce labyrinthe. Le martèlement des pas derrière lui cessa enfin et il osa ralentir le pas, le temps de jeter un regard en arrière et de reprendre sa respiration. Puis il se remit à avancer lentement, le dos collé aux vieilles murailles, en priant pour que sa respiration haletante ne le trahisse pas. Sa seule chance de s’en sortir était de trouver une porte ouverte ou un renfoncement dans une allée. 
    Des cris et des hurlements résonnaient encore et des silhouettes sombres le dépassèrent, tels des fantômes dans la nuit. A la lueur d’un bâtiment en flammes, il aperçut tout à coup un soldat britannique occupé à maintenir une femme qui se débattait. Un jeune garçon tenta désespérément de lui venir en aide, mais un autre militaire le saisit à bras-le-corps et le jeta près d’un cadavre gisant sur le sol. L’homme riait, comme si tout cela n’était qu’un jeu. 
    Un troisième compère immobilisa le garçonnet et leva son poignard, dans l’intention manifeste de lui trancher la gorge. Le sang de Jack ne fit qu’un tour. Il se rua dans la cour de l’immeuble en poussant son cri de guerre et fit feu. Laissant tomber le couteau et le gamin, le troisième soldat prit la fuite, entraînant avec lui son compagnon. Toutefois, le premier, bien trop occupé à maltraiter la jeune femme, ne prit même pas garde à l’intervention de Jack. 
    – Allez, viens ! baragouina-t–il dans un ricanement, en tâtonnant pour ouvrir son pantalon. Il y en aura pour toi aussi. 
    Ce fut alors que Jack remarqua la ceinture rouge que portait l’homme, symbole des officiers. Son sang se figea dans ses veines et, quand l’autre se tourna vers lui, il fut paralysé par la stupéfaction. 
    Il le connaissait, oh oui ! 
    C’était le lieutenant Edwin Tranville, fils et aide de camp du général de brigade Lionel Tranville. Le général Tranville avait été l’amant de la mère de Jack, Mary Vernon. Son père n’était pas mort depuis un an lorsque Tranville avait pris sa mère pour maîtresse. Jack n’avait pas plus de onze ans à
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