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Les masques de Saint-Marc

Les masques de Saint-Marc

Titel: Les masques de Saint-Marc
Autoren: Nicolas Remin
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gondoles.
    Spaur fit la moue d’un air excédé.
    — Je n’en sais rien, commissaire. Nous ne pouvons qu’attendre. On prétend même que l’empereur veut faire un discours sur la place Saint-Marc et inspecter les chasseurs croates à la Douane de mer. Ensuite, il donnerait un gala au palais royal. Une cérémonie purement militaire, si j’ai bien compris.
    — Serons-nous responsables de sa sécurité ?
    Le commandant de police adressa à Tron un regard résigné.
    — J’aimerais bien l’apprendre, moi aussi. Mais, pour le moment, on dirait qu’ils n’attachent pas grand prix à notre collaboration.
    — Cela veut-il dire que nous faisons comme si nous n’étions pas au courant de sa venue ?
    Spaur secoua la tête.
    — Bien sûr que non ! s’exclama-t-il. Par précaution, nous allons prélever du personnel dans les autres secteurs et renforcer nos effectifs partout où l’empereur risque d’aller au cours de ces trois jours. Ainsi, s’il devait arriver quelque chose, si, par malheur, quelqu’un devait attenter à la vie de Sa Majesté, nous serions peut-être plus rapides que l’armée.
    Il tendit la main vers son verre à liqueur et jeta un regard pensif au portrait de l’empereur.
    — Alors, c’est à nous que Sa Majesté devrait la vie ! Et Toggenburg aurait la tête sur le billot. Nous pourrions ainsi…
    Le commandant de police fixa d’un air rêveur la pellicule rougeâtre qui adhérait à la paroi du verre.
    — Nous pourrions quoi ? demanda Tron.
    Spaur releva les yeux, toussota et lui adressa un sourire nerveux. Puis il esquissa des moulinets de la main gauche, comme pour chasser une pensée incongrue.
    — Rien, commissaire, rien.
    — Toggenbourg a-t-il laissé entendre que quelqu’un voulait attenter à la vie de l’empereur ?
    Le commandant secoua de nouveau la tête.
    — Absolument pas !
    Puis il fronça les sourcils.
    — Qu’est-ce qui vous fait croire cela ?
    — Ce bruit est revenu aux oreilles de l’inspecteur Bossi. Selon lui, un petit groupe projette un attentat.
    — D’où tient-il cette information ?
    Tron soupira.
    — De son coiffeur. J’avoue qu’il ne s’agit pas d’une source très fiable.
    — Chaque fois que l’empereur vient à Venise, on entend parler d’attentat, remarqua Spaur presque déçu. Cela fait partie de l’habituel folklore garibaldien. Par conséquent, oublions cette rumeur.
    Le commandant de police s’empara de la bouteille, se servit à ras bord et but d’un trait la moitié du verre. Puis il observa son subalterne.
    — En revanche, je peux vous confier une nouvelle qui n’est pas une rumeur, commissaire.
    Il s’appuya contre le dossier de son fauteuil en souriant.
    — Cette fois, François-Joseph est accompagné de son épouse.
    Quoi ? Comment ? L’espace d’un instant, le commissaire fut persuadé d’avoir mal entendu. L’impératrice à Venise ? Il ferma les yeux et ne put s’empêcher de repenser à leur première rencontre, dans la salle de bal du palais Tron : une jeune femme masquée à l’air un peu perdu au milieu de la foule des convives. Depuis, ils ne s’étaient jamais revus.
    Il s’éclaircit la gorge.
    — L’impératrice accompagne son époux ? Ce n’est pas fréquent. Sa Majesté entend-elle prolonger son séjour après la visite officielle ?
    — Je l’ignore, avoua son chef. D’ailleurs, je ne sais pas non plus, ajouta-t-il avec un sourire goguenard, où vous pourriez avoir l’occasion de raviver vos relations. Je doute fort qu’on vous prie d’assister à la réception au palais royal. Malgré tout, nous devrions parer à toute éventualité. Déterminez quels agents nous pouvons soustraire aux autres services et élaborez un plan d’intervention pour l’ensemble des trois jours. Ah oui, et puis une fois que vous serez sorti, mettez-vous en quête de mon sergent !
    Cette dernière instruction s’annula d’elle-même car, au même instant, le sergent Kranzler, factotum personnel du commandant de police, entra dans la pièce, posa un plateau sur le bureau et ressortit sans un mot.
    Le plateau contenait une cafetière, un sucrier en argent, une tasse et une assiette à dessert remplie d’un morceau de gâteau aux cerises qui aurait pu servir de socle à Saint-Pierre de Rome. À côté de la tasse se trouvait un billet que Spaur ramassa sans grand intérêt. Après l’avoir lu, il releva les yeux et sourit d’un air blasé.
    — Du travail pour vous, commissaire.
    Tron, déjà debout, plissa
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