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Les masques de Saint-Marc

Les masques de Saint-Marc

Titel: Les masques de Saint-Marc
Autoren: Nicolas Remin
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d’un bleu immaculé, un ciel comme purifié. Du fait qu’il avait rendez-vous avec la princesse au Florian à midi, il n’éprouvait qu’un intérêt limité pour la lettre de Spaur.
    — De manière indirecte, on nous soupçonne d’incompétence, poursuivit son supérieur. Sans doute Toggenburg a-t-il laissé entendre dans un de ses rapports qu’on ne pouvait pas compter sur la police vénitienne. Sinon, je ne m’explique pas ce courrier. La Hofburg nous consacre à peine trois phrases ! Comme si cette affaire ne nous concernait pas !
    Cette affaire était la venue de l’empereur, et ce courrier , un message laconique de l’officier d’ordonnance au commandant de police de Venise. Le comte Crenneville se contentait de l’informer des dates de la visite officielle et le priait instamment de suivre en tout point les instructions du commandant de place, le général Toggenburg. En haut de la demi-feuille de papier ministre, on avait écrit en majuscules d’imprimerie : « ENREGISTRÉ ET URGENT . »
    Tron reposa le courrier et observa Spaur.
    — Quand cette lettre est-elle arrivée ?
    — Ce matin. Par l’intermédiaire de la Kommandantur. Je parie que Toggenburg en connaît le contenu.
    Tron afficha une mine songeuse.
    — Peut-être ne sommes-nous pas soupçonnés uniquement d’incompétence et préfère-t-on pour cette raison confier la sécurité de l’empereur à l’armée.
    Spaur fronça les sourcils.
    — Que voulez-vous dire ?
    — Qu’on ne nous fait pas confiance, expliqua le commissaire avec un sourire. Qu’on tient la garde civile pour trop peu fiable du point de vue politique, sapée par des partisans de Turin et de Garibaldi. On ne remet pas la vie de l’empereur entre de pareilles mains.
    Le baron roula des yeux.
    — Comme si la vie de l’empereur était plus en sécurité avec des gens du calibre de Toggenburg ! Moi, pour ma part, je ne remettrais jamais ma vie entre les mains de cette armée-là ! Vous avez noté la date en haut de la feuille ?
    Tron hocha la tête.
    — Oui, la lettre est arrivée à la Kommandantur il y a deux semaines.
    — Arrivée sous forme chiffrée , commissaire ! Je l’ai appris par l’officier des transmissions.
    — Pourquoi leur a-t-il fallu si longtemps pour nous la transmettre ?
    Spaur poussa un soupir de mépris.
    — Parce que, pour des raisons de sécurité, les codes ont été changés et que, pour des raisons de sécurité également, on ne les en a pas informés ! Comme ils continuaient de décrypter à partir des anciennes tables de décodage, personne à la Kommandantur n’a réussi à lire les messages pendant près d’une semaine. Ils se sont contentés d’entasser les courriers provenant de Vienne en espérant qu’ils ne contenaient rien d’important.
    — Et quand a-t-on levé le lièvre ?
    — Quand un capitaine de l’état-major qui voulait se faire réserver une chambre par ce biais s’est étonné de ne pas obtenir de réponse. Il a donc lancé des recherches et fait un scandale. Ensuite, il a encore fallu une semaine pour que les nouvelles tables de décodage arrivent de Vérone. Ils n’avaient pas utilisé le bon formulaire et, par ailleurs, il manquait la signature du supérieur hiérarchique ! Voilà pourquoi je ne reçois les instructions de l’officier d’ordonnance que maintenant.
    — Je me demande, dit Tron d’un air surpris, pourquoi ils ont crypté un message aussi banal.
    — Parce que tout ce qui concerne la visite de l’empereur est automatiquement codé, lui apprit Spaur.
    — Et rien n’a transpiré au sujet du programme ? insista le commissaire. Toggenburg ne vous a rien dit quand vous l’avez rencontré hier sur la place Saint-Marc ?
    Le commandant de police haussa les épaules.
    — Par principe, Toggenburg ne me raconte jamais rien. Il s’est contenté de quelques allusions. De toute évidence, ils traitent cette fois le déroulement de la visite comme un secret d’État. Il ne court que des rumeurs.
    — Et que disent-elles, ces rumeurs ?
    — Que l’empereur doit emprunter la ligne Sud et arriver par Trieste. De là, il prendra le Jupiter , une frégate à vapeur. Il paraît que le programme prévoit la visite d’une entreprise de produits régionaux. Il se pourrait donc que l’empereur se rende dans une saline ou passe à l’Arsenal.
    — L’Arsenal est exclu, objecta Tron. Aujourd’hui, les gros bateaux sont construits à Trieste. L’empereur pourrait tout au plus visiter un chantier de
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