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Les masques de Saint-Marc

Les masques de Saint-Marc

Titel: Les masques de Saint-Marc
Autoren: Nicolas Remin
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le front.
    — Que s’est-il passé ?
    — On a repêché un cadavre sur la fondamenta 1 Nuove, lâcha son supérieur avec un ton d’ennui. La cause du décès paraît floue.
    Il tendit la main vers la fourchette à gâteau.
    — Bossi vous attend dans votre bureau. Le billet vient de lui.
    1 - Rive piétonne d’un canal. ( N.d.T. )

4
    — Un homme, un civil, précisa Bossi quelques minutes plus tard. Ils l’ont repêché devant le ponte dei Mendicanti.
    Le soleil qui, en automne comme en hiver, ne pénétrait dans le bureau de Tron qu’à midi faisait luire l’uniforme bleu du tout nouvel inspecteur et soulignait la patine du mobilier, les fissures du sol en terrazzo et les taches sur les murs. Deux espèces de coffres en cerisier verni – l’un pour l’appareil photographique, l’autre pour les plaques sèches à la gélatine – étaient posés en équerre aux pieds de l’inspecteur. Un support en bois attendait contre le bureau du commissaire. Il s’agissait du matériel nécessaire pour les photographies du lieu du crime – ce qui voulait dire, songea Tron avec résignation, que son subalterne partait de l’hypothèse d’un assassinat. Il toussota.
    — Qui a retiré l’homme de l’eau ?
    — Un promeneur a vu le corps à la dérive et prévenu la garde civile au Rialto, répondit Bossi. Deux agents ont repêché le cadavre, puis l’un d’eux est accouru au commissariat central.
    — Et quand a-t-on retrouvé cet homme ?
    — Il y a deux heures.
    — Il s’est noyé ?
    — L’agent a signalé des blessures au visage.
    — Où est-il à présent, cet agent ?
    — Je l’ai envoyé chercher le médecin légiste il y a une demi-heure, expliqua l’inspecteur. Je suppose que le docteur Lionardo s’est déjà mis en route.
    Le commissaire fronça les sourcils.
    — Pourquoi ne m’avez-vous pas prévenu tout de suite ?
    — Parce que le sergent Kranzler a refusé de vous apporter mon billet, expliqua Bossi en roulant des yeux. Il ne voulait pas déranger Spaur sans une tasse de café et une part de gâteau. La livraison du Café oriental avait du retard. Vous discutiez d’un sujet important ?
    — De la venue de l’empereur. Nous avons reçu des instructions de Vienne.
    — Et alors ?
    — L’armée s’occupe de tout, répondit Tron. Nous, nous ne bougeons pas. À moins que la Kommandantur ne l’exige expressément. Spaur souhaite que nous prenions des agents dans les autres quartiers et les répartissions dans le secteur de Saint-Marc. Mais cela reste une mesure interne dont Toggenburg ignore tout.
    — Dans ces conditions, remarqua Bossi, nous ne porterons aucune responsabilité si les choses tournent mal.
    Tron l’observa un instant.
    — Que savez-vous sur le coiffeur qui vous a parlé d’un attentat ?
    Bossi fit une grimace sceptique.
    — Il parle beaucoup, et la plupart du temps pour dire des bêtises. Je vous avais prévenu dès le départ, commissaire !
    — J’ai eu l’imprudence de rapporter cet on-dit au commandant. L’hypothèse d’un attentat contre la personne de l’empereur a eu l’air de le ravir.
    — Comment ? Il souhaite la mort de l’empereur ?
    — Non ! le corrigea son chef. Il souhaite juste que nous l’empêchions.
    — Je ne comprends pas.
    Tron sourit.
    — Spaur n’apprécie pas qu’on ait confié la sécurité de Sa Majesté à l’armée. Il suppose qu’on nous tient pour incompétents et qu’on met en doute notre fiabilité. Si la garde civile déjouait un attentat contre la personne de l’empereur à la place de l’armée, Toggenburg sombrerait dans le ridicule.
    — C’est ce qu’il a dit ?
    — Pas en ces termes, mais à peu près.
    — Dans ce cas, il risque d’être déçu, lâcha l’inspecteur. Je m’attends tout au plus à quelques personnes arborant un ruban tricolore à la boutonnière. Comment voulez-vous qu’on l’empêche, de toute façon ?
    Comme la plupart des Vénitiens, Bossi était un fervent partisan de l’unité italienne. Tron, qui ne partageait pas son enthousiasme pour le rattachement à Turin, soupira.
    — Ma gondole est prête ?
    — Elle attend en bas, commissaire.
    L’inspecteur se pencha pour ramasser les deux coffres contenant son matériel photographique et leva un regard embarrassé vers son supérieur.
    — Auriez-vous peut-être l’amabilité de… ?
    Tron ne saisit pas tout de suite le sens de sa question. Enfin, il comprit : Bossi voulait qu’il se charge du reste. Du coup, il s’empara du
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