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Les hommes naissent tous le même jour - L'aurore - Tome I

Les hommes naissent tous le même jour - L'aurore - Tome I

Titel: Les hommes naissent tous le même jour - L'aurore - Tome I
Autoren: Max Gallo
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plus court car je ne connais bien de Paris que les trajets qui longent la Seine. J’ai donc d’abord marché sur la rive droite jusqu’à la hauteur de la place de la Concorde. J’ai traversé. Une patrouille de policiers à bicyclette m’a interpellé, vérifiant longuement mon passeport et m’indiquant que le plus simple pour moi était de prendre le boulevard Saint-Germain, où je trouverais sûrement un taxi.
    En fait, j’ai marché jusqu’à mon hôtel place Saint-Sulpice où je suis arrivé complètement épuisé et glacé vers deux heures du main.
    Mais ce détour n’a pas été naïf même si je l’ai accompli dans l’innocence, me laissant aller à la rêverie et à la marche. Je crois que j’ai voulu retarder le moment de la vérification.
    J’ai réveillé le portier non seulement pour qu’il me donne ma clé accrochée au tableau, mais pour qu’il regarde si je n’avais pas une lettre. Elles sont habituellement placées dans le tiroir du bureau. Il a d’abord refusé : ce n’est pas son rôle. Il ne me connaît pas. Mon passeport sous les yeux et une pièce de cinq francs l’ont décidé à changer d’avis.
    Deux lettres. Les prendre sans essayer de deviner leur provenance. Mais l’une identifiée immédiatement grâce à l’en-tête imprimé Malcolm publishers, New York N.Y. 1771. L’autre, l’autre…
    Une lettre de Tina.
    J’ai reconnu son écriture, l’encre noire qu’elle utilise, ses lettres mal formées qui font de mon nom et de mon adresse, 7 Bedford Street, comme une vague ondulation et je remercie le service des postes d’avoir beaucoup d’intuition et de patience. Quelqu’un de chez Malcolm a placé mon adresse parisienne, récrit mon nom en majuscules. Curieusement, la lettre de Tina est tapée à la machine, comme si elle avait voulu, traçant mon nom et mon adresse à la main sur l’enveloppe augmenter les risques de perte.
    Pourquoi n’a-t-elle pas simplement mis mon nom, Allen Roy Gallway, ou simplement mon prénom ? Les risques auraient été plus grands !!!
    Je lui en veux de ce défi qu’elle jette toujours au destin, à la vie. N’avons-nous pas assez perdu de temps !
    Je n’imagine pas encore que j’ai atteint le cœur de la tempête.
    Dans le journal d’Allen Roy Gallway, la lettre de Tina Deutcher est collée sur une pleine page.
    New York, le 12 octobre 1937
    Cher Allen,
    Je me demande souvent si mon silence vous a pesé ou rassuré. Incapable de répondre à cette question j’ai préféré ne pas vous écrire. Après tout, si vous aviez vraiment eu envie de savoir ce que je faisais de mon temps vous auriez pu interroger Malcolm, Schuller, Mervin ou Mackievicz, ou même le bureau parisien du Herald.
    Il faut croire que vous avez été très occupé.
    Tout ce que j’ai su ici de vous c’est que Malcolm était très satisfait de votre Village espagnol, qu’il changeait tout son programme pour sortir le livre rapidement. J’ai lu les épreuves. Le livre sera un succès. Il est actuel, nourri de vos expériences – je me suis souvenue de vos confidences, certaine nuit à Barcelone, quand votre héros s’éprend dans un café des ramblas, d’Isabel : je n’ai pas le texte sous les yeux mais c’est bien ainsi que vous l’appelez, n’est-ce pas ?
    Cependant, cher Allen, vous êtes resté très extérieur à ce que vous écrivez. Quand donc vous engagerez-vous vraiment ? Lisez Fitzgerald et vous comprendrez ce que je veux dire.
    Ne voyez dans cette remarque aucune agressivité mais la preuve de mon amitié. Vos livres se vendent. Pourquoi donc Malcolm vous critiquerait-il ? Les lecteurs vous apprécient, pourquoi donc devriez-vous changer de manière ?
    Je voudrais, moi, que vous soyez plus exigeant envers vous-même. L’autre côté de l’Océan demeure votre meilleur livre malgré ses maladresses de débutant. Il a la couleur de votre sang. Depuis, vous vous protégez, Allen. Tailladez-vous un peu les veines, et écrivez avec ce qui jaillit.
    Mais ne craignez rien. Je ne ferai jamais état de ce point de vue. Il ne s’agit d’ailleurs même pas d’une critique, plutôt d’une idée de ce que devrait être l’écrivain connu que vous êtes devenu.
    Je ne vous ai pas écrit peut-être aussi par lâcheté. Reprenons les choses au début.
    Je vous ai quitté à Barcelone le 27 juin. Je suis immédiatement rentrée aux États-Unis. J’ai attendu quelques jours des nouvelles de vous. Je ne vous en ai pas donné de moi il
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