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Les hommes naissent tous le même jour - L'aurore - Tome I

Les hommes naissent tous le même jour - L'aurore - Tome I

Titel: Les hommes naissent tous le même jour - L'aurore - Tome I
Autoren: Max Gallo
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répondu comme un imbécile « sait-on jamais ». Silence amusé à table. On me prend pour l’un de ces écrivains Don Juan, qui laissent leurs œuvres aux quatre coins du monde ! Je balbutie. Tout le monde rit. Je commence à parler de la Chine, de Shanghai, de mon séjour là-bas et naturellement du père Giulio Bertolini. Exclamation de Serge Cordelier, neveu de Bertolini.
    Que ma route me conduise à croiser à nouveau Giulio Bertolini m’a profondément troublé. Ordre du monde ? Valeur des événements de ma vie comme signes ? Je n’ai pas parlé de San Francisco et de Jim, j’ai simplement évoqué le hasard, voilà qui rassure.
    Cordelier connaissait toute l’histoire de Lee Lou Ching et j’ai dû raconter ma rencontre avec Lee dans cette galerie creusée à flanc de colline, au milieu des vestiges de la Chine millénaire. Lee serait en ce moment dans la région de Yenan, avec les communistes qui luttent contre les Japonais. La dernière lettre de Bertolini indiquait que Lee faisait partie du gouvernement communiste de cette région. « J’espère que les communistes chinois sont différents des communistes russes », a dit Cordelier.
    Il a longuement regardé Sarah Berelovitz et dès cet instant je n’ai plus pu cesser d’observer le visage de cette femme. Il me semblait qu’il me parlait de ma vie. Curieuse sensation que de lire sa propre inquiétude dans un regard étranger, l’esquisse d’un sourire qu’efface la lassitude. J’ai eu envie de me confier à elle.
    Je suis sûr qu’entre les êtres le langage n’est que l’une des formes – peut-être la plus maladroite et la plus partielle – de la communication. Sarah Berelovitz, avant même que je m’adresse à elle, savait que nous étions en sympathie, et que j’avais besoin de lui parler. Elle s’est appuyée à moi pour se diriger vers le salon. J’ai été très touché qu’elle dise : « De tous vos livres, j’ai préféré La maison ouverte. Aujourd’hui c’est si rare un vrai roman d’amour. Votre livre m’a beaucoup marquée. Me croyez-vous si je vous dis qu’il m’a aidé à prendre certaines décisions, très personnelles, très graves ? »
    J’ai osé lui avouer que ce livre était autobiographique, que le personnage de Margaret n’était pas inventé, que je continuais comme le héros du roman à courir après elle, la quittant dès que je la rejoignais, cherchant à la retrouver dès que je la quittais. « Et elle fait de même », ai-je conclu. « Pourquoi n’avez-vous pas un enfant ensemble ? » – « Peut-être est-ce le cas », ai-je dit.
    J’ai eu beaucoup de peine à ne pas rire aux éclats, et Sarah a serré mon poignet. « Vous avez un enfant, a-t-elle dit, je le sens. »
    Je l’ai immédiatement cru.
    Je l’ai aidée à s’asseoir au piano, et elle a commencé à jouer, notes effleurées, douceur et tendresse. « Grand jour, a dit Cordelier, Sarah renoue avec le piano. »
    Sarah Berelovitz a fermé les yeux en signe de complicité : « Lehaim, lehaim », m’a-t-elle dit. « À la vie, à la vie. »
    Je n’ai plus échangé un mot avec elle durant tout le reste de la soirée.
    J’ai écouté Serge Cordelier, intarissable sur la politique internationale. Intelligent et averti. Je l’ai questionné sur Giulio Bertolini car je m’intéresse plus aux gens singuliers qu’aux systèmes généraux. Il pense que les Japonais ne gêneront pas l’activité de la mission catholique. Giulio Bertolini est d’ailleurs italien, l’un de leurs alliés donc. Naturellement, s’ils découvrent ses liens avec Lee Lou Ching, ils seront impitoyables. Mais Lee n’est après tout qu’un ancien élève parmi les dizaines qui ont fréquenté la mission. « Nous ne nous attendons plus à recevoir de Giulio Bertolini de nouvelles lettres…»
    Lettre : mot qui m’a frappé de plein fouet.
    Lettre de Tina. Je n’étais pas passé à l’hôtel depuis le matin. Il y avait une lettre de Tina sans aucun doute. Ce jour était plein de coïncidences et de signes. Il devait me conduire à cette lettre que chacun ici m’annonçait à sa manière. Il me semblait que je commençais à savoir reconnaître la trame secrète de la réalité. Je me suis excusé, prétextant un coup de téléphone à donner aux États-Unis, invoquant l’attente, le décalage horaire. Dernier mot de Sarah Berelovitz : « Lehaim. »
    Je suis rentré à pied, sans doute n’ai-je pas choisi l’itinéraire le
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