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Les héritiers

Les héritiers

Titel: Les héritiers
Autoren: Jean-Pierre Charland
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obtempère.
    — Je vais lui écrire pour lui demander un rendez-vous, céda-t-il.
    — Tu peux lui téléphoner.
    — Je lui écrirai.
    La voix cassante amena Thérèse à abandonner la partie.
    Insister encore gâcherait totalement ce dimanche pourtant prometteur.
    — Nous irons. Je vais t’accompagner chez le notaire Dupire.
    Elle ne céderait pas là-dessus, son compagnon préféra acquiescer d’un mouvement de la tête.

    Sur la galerie, Jacques se tenait assis { proximité d’une fenêtre entrouverte. Comment sa scolarité pouvait-elle dépendre d’un contrat passé devant notaire ? La situation le laissait songeur.

    *****
La réception de la lettre mise à la poste le lendemain matin par Fulgence trouva le vieux notaire Dupire un peu troublé. Depuis la mort de Thomas Picard, au mois d’avril précédent, aucun montant d’argent { l’intention du père adoptif ne lui était parvenu. En conséquence, il n’avait rien transmis. Comment se pardonner un oubli pareil ?
    Sur un carton, le professionnel convoqua son correspondant à un rendez-vous le vendredi suivant, en début de soirée. D’ici l{, il espérait avoir réussi { parler au fils de son vieil ami.

    *****
Au jour dit, le couple monta dans un tramway devant les ateliers PICARD. Thérèse était venue rejoindre son mari dès la sortie des ouvrières, afin de s’assurer qu’il ne se dérobe pas { son devoir. Le trajet jusqu’{ la Haute-Ville leur prit du temps, ils durent changer de voiture à deux reprises.
    Descendus au coin de la Grande Allée, ils franchirent les dernières dizaines de verges à pied. Depuis le trottoir, ils contemplèrent un moment l’austère maison de la rue Scott.
    Le grand volume en brique ne payait pas de mine, mais il inspira tout de même une remarque admirative à Thérèse :
    — Tu vois, c’est pour que Jacques habite un jour une maison comme celle-ci que je désire faire respecter ce contrat.
    L’argent lui permettra d’étudier et un jour, il vivra ici.

    Elle voulait dire dans une maison de ce genre.
    — Tu rêves éveillée. Tu vois, de ce côté, il y a la demeure de Thomas Picard. Un simple diplôme ne suffira pas, parfois il n’est même pas nécessaire. Les châteaux de ce genre, on en hérite, comme Edouard vient de le faire.
    La femme lui jeta un regard chargé de mépris. « Quel perdant tu fais ! » songea-t-elle. Les mots ne franchirent heureusement pas ses lèvres.
    Une plaque en bronze, près de la porte, affichait les mots
    «Léon Dupire, notaire». Le bruit du heurtoir du même métal résonna dans la grande maison. Un moment plus tard, une jeune femme en uniforme noir, une coiffe blanche sur la tête, vint répondre.
    — Nous avons un rendez-vous avec le notaire, commença Thérèse. Nous sommes monsieur et madame Létourneau.
    — . . Je vais voir s’il peut vous recevoir. Si vous voulez entrer.
    Jeanne les laissa dans le hall. Son employeur ne recevait que très rarement des clients à cette heure, et dans ce cas, il venait les accueillir lui-même.
    — Monsieur, déclara la domestique en passant la tête dans l’embrasure de la porte de la salle { manger, un couple veut vous voir.
    Le vieil homme leva les yeux de son assiette, un peu désemparé, comme pris en défaut.
    — Je les avais totalement oubliés.
    Il posa sa fourchette, fit mine de retirer la serviette accrochée au col de sa chemise.
    — Laisse, papa, intervint Fernand. Termine ton repas.
    Je vais aller leur dire d’attendre dans ton bureau.
    — . . Bonne idée. Mon esprit fonctionne mal quand j’ai l’estomac vide.

    L’affirmation fit sourire le fils. Après une première portion du plat principal, la seconde largement entamée, son cerveau aurait dû briller. Un instant plus tard, il demandait aux visiteurs :
    — Pouvez-vous me rappeler votre nom ?
    — Fulgence Létourneau. Voici ma femme, Thérèse.
    Le jeune homme marqua un temps d’arrêt, surpris.
    Depuis 1909, ces gens s’occupaient du fils naturel de sa propre épouse, Eugénie. Les voir devant lui suscitait une émotion trouble.
    — . . Enchanté, prononça-t-il sans conviction en tendant la main.
    — Nous avons rendez-vous avec monsieur Dupire, précisa l’épouse.
    Elle faisait mine de chercher la lettre dans la poche de sa veste, afin de le lui prouver.
    — Je suis son fils. Papa est présentement occupé. Je vais vous conduire dans son bureau. Il vous rejoindra dès que possible.
    Un instant plus tard, le couple prenait place dans les deux
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