Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les Fils de France

Les Fils de France

Titel: Les Fils de France
Autoren: Franck Ferrand
Vom Netzwerk:
qui je suspecte d’alimenter cette agitation.
    L’amiral réalisa trop tard son imprudence.
    — Et qui est-ce donc, Chabot ?
    — Sire, ce ne sont pas choses à livrer au Conseil...
    — Au contraire ! intervint Jean Le Veneur.
    Le visage du cardinal s’était empourpré.
    — Il est important, ajouta-t-il, que vous nous disiez sur qui se portent vos soupçons.
    Le climat, jusque-là bon enfant, venait de basculer. D’ailleurs le prélat, comme personnellement impliqué, s’était levé de son siège. Il poursuivit.
    — S’il advenait en effet, par un fâcheux malentendu, que vos soupçons se portent sur Mme la grande sénéchale, je puis d’ores et déjà vous certifier qu’elle est hors de cause.
    — Je vous demande pardon ?
    Philippe Chabot de Brion se trouva pris au dépourvu. Comment Le Veneur savait-il ? Le grand amiral avait-il sous-estimé ses liens avec Diane de Brézé ? Quoi qu’il en fût, cette intervention tombait au plus mal. La déclaration de Le Veneur avait produit le plus grand effet. Les conseillers scrutaient la réaction du roi.
    — Expliquez-vous, Éminence, demanda-t-il au prélat.
    — Volontiers, Sire.
    Le cardinal se rengorgea et, avant de livrer sa charge, décocha au grand amiral un coup d’œil peu amène.
    — Me croirez-vous si je vous dis qu’un Breton de mes amis – car il en est – m’est venu visiter la semaine dernière, et m’a communiqué une sorte de message, fort séditieux au demeurant, confié à son cousin germain par un messager sans nom. Or ce messager lui avait affirmé tenir ledit message des mains mêmes de Mme de Brézé. J’en ai touché un mot, forcément, à la grande sénéchale : elle n’a pu que hausser les épaules.
    — Maigre défense ! hasarda le grand amiral.
    — Elle m’a aussi fait observer que le billet ne portait ni son cachet, ni sa signature.
    — Elle a fort bien pu en dicter le contenu sans avoir l’imprudence de le signer, ni de le cacheter...
    — Non point, nenni. Elle n’a rien pu dicter du tout.
    Pour Brion, la situation se corsait.
    — Et pourquoi cela, je vous prie, monseigneur ?
    — Tout simplement, monsieur, parce que le gentilhomme breton que Diane de Brézé appelle « cher ami » dans ce billet, est en fait l’adversaire le plus acharné qu’elle ait jamais eu ! Apprenez qu’un contentieux terrible, à propos des revenus d’une ferme normande, les oppose en justice depuis plus de quatre ans.
    Le grand amiral se décomposait à vue d’œil. Le cardinal lui asséna le coup de grâce.
    — Que voulez-vous, monsieur ? Les comploteurs qui veulent perdre Mme la grande sénéchale se sont trahis eux-mêmes !
    L’échange s’acheva dans la confusion générale, et le grand amiral, tirant parti du brouhaha, se dit qu’il était, pour lui, fort urgent d’enterrer ce dossier piégé. Il jeta vers Le Veneur un de ces regards incrédules qu’inspirent aux obligeants les ingrats – ou les gens honnêtes aux personnes corrompues...

Château de Mauny, près de Rouen.
    L e dauphin fit faire un demi-tour à son beau coursier gris.
    — Madame, ne serez-vous des nôtres ?
    — Pas cette fois, Monseigneur. Amusez-vous bien avec votre père !
    Diane parlait depuis le haut du perron de son manoir normand. Encore médiévale, tout à fait campagnarde, la demeure avait conservé quelque chose du vieux charme des temps chevaleresques ; et ses tours dépassées, ses murs trop épais, ses défenses d’un autre âge, contribuaient au repos que l’on venait y prendre.
    La grande sénéchale salua le roi et ses fils qui, bravant la pluie et les bourrasques, se promettaient une chevauchée rude, comme elle les aimait.
    — Alors à bientôt, madame ! lança Angoulême, le plus jeune des trois princes.
    En son for intérieur, elle ne se faisait pas à ce que les Fils de France, âgés à présent de dix-sept, seize et treize ans – des enfants qu’elle avait élevés depuis le berceau et qui, jusqu’à ces dernières années, l’avaient appelée « Maman-Brézé » – aient changé leurs habitudes au point de lui servir, comme à tant d’autres, ce titre de « madame ».
    À ses côtés, Catherine de Médicis, duchesse d’Orléans, n’avait pas cillé. Mais il semblait qu’elle comprît ce genre de subtilités.
    — Ils sont un peu vos enfants, n’est-ce pas, ma cousine ?
    — Les enfants d’une bien jeune mère !
    — Oh, je ne voulais pas...
    — Bien sûr que non, je vous taquine.
    La
Vom Netzwerk:

Weitere Kostenlose Bücher