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Les Fils de France

Les Fils de France

Titel: Les Fils de France
Autoren: Franck Ferrand
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amiral qu’il avait de vieilles raisons, plus personnelles, d’en vouloir à Diane de Brézé. N’avait-elle pas tout fait, jadis, pour saper sa liaison avec la belle Françoise ? Une Françoise devenue, depuis, Mme Chabot de Brion...

    Un beau soleil de mars, inhabituel en Normandie, conférait au vallon comme un avant-goût de printemps. Les oiseaux repeuplaient les frondaisons de leurs chants, et les bourgeons, aux branches des pommiers, semblaient sur le point de fleurir. Nichée dans ce bocage, l’abbaye du Bec arborait fièrement sa belle église Notre-Dame – comme une cathédrale gothique en pleine campagne – et ses logis refaits à neuf. Les Bénédictins avaient orné l’ensemble de verdures en l’honneur du roi et de sa famille, venus passer ici les fêtes de Pâques.
    — C’est un endroit où l’on finirait volontiers ses jours, déclara le monarque au retour d’une battue au sanglier.
    — Sire, répartit le dauphin François, rien ne vous presse !
    On rit de ce mot rapide, et le roi plus que d’autres, qui savait son héritier dénué de toute impatience de ce côté.
    En visitant le Bec-Hellouin, François I er entendait rendre hommage à son nouvel abbé commendataire, Jean Le Veneur, évêque de Lisieux et, par ailleurs, abbé du Mont-Saint-Michel. C’est ce prélat, symbole de la fidélité du haut clergé à la dynastie, qui lui avait sauvé sa couronne, dix ans plus tôt, en violant le secret de la confession pour dénoncer les projets félons du connétable de Bourbon 5 . Depuis lors, honneurs et prébendes avaient plu sur les épaules du pieux délateur, à commencer par la barrette de cardinal.
    Pendant toutes ces années, Mgr Le Veneur était demeuré proche de la sénéchale de Brézé ; cela ne l’empêchait nullement d’entretenir avec le grand amiral des relations d’autant plus chaleureuses qu’elles se nourrissaient d’un intérêt partagé pour les expéditions maritimes et l’appel des ports lointains. L’un des protégés du cardinal était un navigateur de Saint-Malo, Jacques Cartier, rentré six mois plus tôt d’un voyage au-delà de Terre-Neuve – un périple à la conquête de nouvelles côtes, dont il avait rapporté, humblement, deux jeunes sauvages et beaucoup d’espoir.
    — Que ne ferait-on pour vous être agréable ? murmura Philippe Chabot à l’oreille de son hôte.
    — Le fait est que vous m’êtes souvent dévoué, reconnut le cardinal.
    — J’ai là, dans mes bagages, le projet d’une lettre patente 6 , offrant à votre Malouin les moyens d’une autre expédition vers les Indes, par l’océan de l’Ouest !
    — Dieu soit loué ! Pour sûr, vous m’êtes agréable ; cependant...
    Le prélat plongea son clair regard dans celui, toujours fuyant, du grand amiral de France.
    — Cependant, c’est d’abord au roi que vous rendez service.
    — Je rends service à tout le monde, reprit l’autre. C’est ce qui me perdra !

    Le chancelier avait invité le cardinal, comme hôte et comme protecteur de Jacques Cartier, à prendre part au Conseil qui devait promulguer cette fameuse lettre patente. Le roi souhaita pleine réussite à l’entreprise. Il chargea Claude de Pontbriant, échanson du dauphin mais candidat lui-même à cette grande aventure, d’aller porter le fameux parchemin à son destinataire.
    Le souverain paraissait heureux.
    — Il nous reste à prier pour que M. Cartier nous rapporte, cette fois, beaucoup d’or, beaucoup de pierres, beaucoup d’épices – et un accès plus direct aux Indes !
    Car c’était le rêve des souverains d’Europe : s’ouvrir enfin des voies occidentales vers ce négoce qui, depuis tant de siècles, enrichissait caravaniers arabes et navigateurs vénitiens...
    On s’apprêtait à lever la séance, quand le grand amiral redemanda la parole. Sans doute voulait-il profiter de l’absence providentielle du maréchal de Montmorency pour semer le trouble à son avantage.
    — Sire, annonça-t-il, je tenais à informer le Conseil que des renseignements concordants me donnent à penser que certaines franges de la noblesse bretonne auraient l’intention, dans les temps qui viennent, de prendre fait et cause pour le prince Henri, au détriment du dauphin François...
    — Ces Bretons sont têtus, maugréa le monarque. Ils en ont toujours tenu pour le cadet ! C’était aussi le vœu de la feue reine...
    — Au reste, si Votre Majesté le permet, je lui dirai tout à l’heure, en privé,
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