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Les Dieux S'amusent

Les Dieux S'amusent

Titel: Les Dieux S'amusent
Autoren: Denis Lindon
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s’attaque à la jambe droite, elle aperçoit, sur le genou d’Ulysse,
la cicatrice que lui a laissée jadis la défense d’un sanglier ; elle la
reconnaît aussitôt.
    De saisissement, elle lâche la jambe, qui retombe dans la
bassine et la renverse.
    — Pas un mot, lui ordonne Ulysse à voix basse, et
surtout ne dis rien à Pénélope. Viens me rejoindre ici ce soir, en compagnie de
Télémaque et d’Eumée, lorsque tout le monde sera endormi.
    Euryclée, non sans peine, domine son émotion.

Conseil de guerre
    Quelques heures plus tard, dans le silence de la nuit, Télémaque,
Eumée et Euryclée sont réunis autour d’Ulysse. Eumée vient d’apprendre, de la
bouche de Télémaque, l’identité réelle du vieux mendiant ; il embrasse son
maître en pleurant. Télémaque rend compte à Ulysse de ce qu’il a appris :
    — Ma mère a désormais perdu tout espoir de jamais te revoir,
et je ne l’ai pas détrompée ; elle s’apprête, dès demain, à choisir un
mari parmi les prétendants, mais ne sait pas quelle procédure de sélection
employer.
    — Et sur qui pouvons-nous compter, parmi les serviteurs ?
demande Ulysse.
    — En dehors d’Eumée, lui répond Télémaque, je ne vois
guère que le chef bouvier Philœtios, un brave homme qui m’est tout dévoué.
    — Quatre hommes contre cent huit, observe Ulysse ;
il faudra jouer serré.
    Et il expose à Télémaque, Eumée et Euryclée le plan d’action
qu’il a établi pour la journée du lendemain.

43. Le dernier banquet des prétendants
    Le lendemain , comme à l’accoutumée, le
banquet quotidien des prétendants débuta vers cinq heures de l’après-midi. Pendant
la matinée, conformément aux instructions d’Ulysse, Euryclée avait fait
répandre, parmi les prétendants, la rumeur selon laquelle Pénélope se disposait
à choisir, le jour même, un mari. Aussi, pas un des cent huit prétendants ne
manquait à l’appel, lorsque commença le repas.
    Dans la grande salle du palais, douze tables étaient
dressées. Onze d’entre elles étaient occupées par les prétendants. La douzième,
la plus proche de la porte donnant sur le vestibule, était réservée à Télémaque
et aux trois principaux serviteurs du palais, à savoir le porcher Eumée, le
bouvier Philœtios, le chevrier Mélanthios ; à cette même table avaient
pris place, comme d’habitude, un vieil aède un peu porté sur le vin et un
mendiant d’Ithaque nommé Iros. Ce mendiant, jeune encore, était grand, gros, glouton,
mal embouché ; ayant réussi, grâce à ses pitreries grossières, à se faire
tolérer par les prétendants, il participait souvent aux banquets.
    En entrant dans la salle, les prétendants constatent avec
surprise que la collection d’armes d’Ulysse, composée de plusieurs dizaines d’épées,
de lances et de javelots, a disparu des râteliers qu’elle occupait jusque-là. Ils
s’en étonnent auprès de Télémaque.
    — J’ai fait retirer les armes, leur répond celui-ci, parce
qu’elles commençaient à s’abîmer. Je craignais aussi qu’un jour ou l’autre, pris
de boisson, vous ne vous battiez entre vous.

Les avanies infligées à Ulysse
    Au moment où, après les hors-d’œuvre, l’aède offrait aux
convives un premier intermède musical, la grande porte de la salle s’entrebâille
et Ulysse, toujours déguisé en vieux mendiant, fait une entrée discrète — pas
assez discrète, cependant, pour échapper au regard de Mélanthios, le chevrier.
    — Encore ce maudit mendiant ! s’exclame-t-il.
    Et, pour se distraire, il s’avise d’exciter la jalousie d’Iros :
    — Voici quelqu’un qui vient te faire concurrence, lui
dit-il ; te laisseras-tu détrôner ?
    Iros, aussitôt, se met à insulter grossièrement Ulysse et le
somme de partir.
    — Il y a de la place pour nous deux, répond poliment
Ulysse.
    Mais Iros, à qui Ulysse n’apparaît pas comme un adversaire
bien redoutable, ajoute alors la menace à l’insulte :
    — Si tu ne déguerpis pas d’ici, je vais te jeter dehors
en te faisant sauter toutes les dents de la bouche.
    Les prétendants se divertissent de cette querelle et jettent
de l’huile sur le feu. Ils décident d’organiser un pugilat entre les deux
mendiants ; seul le vainqueur sera autorisé à participer au banquet. Ulysse
retire alors sa tunique, ne gardant que son linge de corps. À la vue des
cuisses robustes et des larges épaules de son adversaire, Iros commence à
regretter ses
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