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Les Dieux S'amusent

Les Dieux S'amusent

Titel: Les Dieux S'amusent
Autoren: Denis Lindon
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d’informations précises sur le sort d’Ulysse ; aussi Télémaque, après
avoir passé quelques jours chez Ménélas, était-il rentré bredouille.

Ulysse se fait reconnaître de Télémaque
    Lorsqu’il eut terminé son récit, Télémaque pria Eumée de se
rendre au palais d’Ithaque et de prévenir Pénélope de son retour :
    — Dis-lui que je vais me reposer quelques heures ici et
que je serai à la maison pour dîner.
    Eumée parti, Ulysse reste seul avec Télémaque.
    — Que comptes-tu faire maintenant ? lui
demande-t-il.
    — Il n’y a plus rien à faire, répond Télémaque
tristement ; mon père est certainement mort depuis longtemps.
    Ulysse ne peut plus se contenir :
    — Tu te trompes, s’écrie-t-il ; ton père est
vivant ; il est même à Ithaque ; et pour tout te dire il est, en ce
moment même, en face de toi !
    Télémaque se refuse d’abord à le croire. Mais Ulysse lui
donne, sur le palais d’Ithaque, sur les membres de sa famille, sur les lettres
qu’il a écrites à Télémaque pendant les dix années de guerre, des détails qu’aucun
autre que lui ne pourrait connaître. Enfin convaincu, Télémaque embrasse son
père en pleurant de joie.
    À son tour, il demande à Ulysse :
    — Et toi, que comptes-tu faire maintenant ?
    — Je n’ai pas encore de plan précis, répond Ulysse. Retourne
au palais, informe-toi de la situation, essaie de savoir sur quels serviteurs
nous pouvons compter ; car, à deux contre cent huit, la partie me paraît
un peu difficile. Je me rendrai moi-même au palais dès ce soir, sous mon
déguisement de vieux mendiant, et tu me diras ce que tu auras appris. Mais
surtout, quoi qu’il arrive, et même si l’on m’insulte ou si l’on me moleste en
ta présence, ne bronche pas.
    Télémaque se met en route, suivi quelques heures plus tard
par Ulysse.

Retour d’Ulysse à son palais
    Sur son chemin, Ulysse croise plusieurs de ses serviteurs, de
ses parents et de ses amis ; il constate avec satisfaction que personne ne
le reconnaît et qu’on ne manifeste, à son endroit, que de l’indifférence ou de
l’hostilité. L’un de ses serviteurs, le chevrier Mélanthios, se comporte même à
son égard d’une manière grossière : il se moque de sa crasse, de ses
haillons, l’injurie et finit par lui décocher un coup de pied.
    « Tu me le paieras », songe Ulysse, mais il s’abstient
pour l’instant de réagir.
    Le voici enfin devant son palais. Il s’arrête un instant, le
cœur battant. Sur un tas de fumier, un très vieux chien, aveugle, paralytique, semble
dormir. C’est Argos, un lévrier qu’Ulysse avait nourri lui-même au biberon. Au
moment où Ulysse passe à côté de lui, Argos reconnaît l’odeur de son maître. Il
ouvre les yeux, gémit, se lève dans un effort désespéré, fait deux pas en
direction d’Ulysse et retombe, mort. Ulysse l’a reconnu lui aussi.
    « Il n’y a que les chiens qui soient vraiment fidèles »,
songe-t-il avec mélancolie.
    Le voici devant la porte du palais. Humblement, il demande
aux gardes l’autorisation de passer la nuit dans l’écurie,
    — Nous n’avons que faire de mendiants de ton espèce, lui
répondent les gardes.
    Ulysse, désemparé, se dispose déjà à s’éloigner, lorsqu’une
très vieille femme qui, de l’intérieur du palais, a sans doute entendu les
railleries des gardes, ouvre la porte pour voir ce qui se passe. Ulysse la
reconnaît : c’est Euryclée, la plus ancienne de ses servantes ; elle
a été sa nourrice, lorsqu’il était bébé, et est restée ensuite pour lui une
seconde mère.
    « Elle va sûrement me reconnaître », songe-t-il
avec inquiétude.
    Mais non : Euryclée n’a pas l’odorat d’Argos ; elle
ne voit dans Ulysse qu’un vieux mendiant crasseux. Elle respecte cependant les
lois sacrées de l’hospitalité.
    — Comment osez-vous refuser à ce vieil homme l’entrée
du palais ? demande-t-elle aux gardes avec indignation.
    Puis, se tournant vers Ulysse :
    — Entre sans crainte, lui dit-elle ; je vais
moi-même te préparer une couche, t’apporter à dîner et laver tes pauvres jambes
poussiéreuses.
    — C’est trop, proteste Ulysse, je n’en demande pas tant.
    Mais Euryclée ne l’écoute pas. Elle revient quelques instants
plus tard en portant une bassine d’étain remplie d’eau tiède. Ulysse ne peut se
dérober. Le lavage de la jambe gauche se déroule sans incident notable ; mais,
lorsque Euryclée
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