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Les Dieux S'amusent

Les Dieux S'amusent

Titel: Les Dieux S'amusent
Autoren: Denis Lindon
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pour
expliquer sa présence sur ce rivage.
    Le berger l’écoute avec un sourire quelque peu sceptique. Ulysse,
qui craint de laisser son coffre à la portée des passants éventuels, demande au
berger de l’aider à le transporter dans une petite grotte voisine. Le coffre
est lourd, la pente est forte, Ulysse peine et transpire.
    — Tu es plus robuste que tu n’en as l’air, dit-il au
berger : ton front n’est même pas mouillé !
    — Que veux-tu, lui répond le berger non sans cruauté, je
suis jeune, moi.
    Lorsqu’ils ont terminé le transport du coffre, le soleil est
déjà haut dans le ciel.
    — Quelle heure peut-il être ? demande Ulysse.
    Le berger regarde le soleil et déclare qu’il doit être onze
heures.
    — C’est étrange, fait observer Ulysse, les rayons du
soleil ne te font même pas sourciller.
    — J’ai de bons yeux, répond le berger ; c’est un
privilège de la jeunesse.
    — Est-ce aussi un privilège de la jeunesse, demande
alors Ulysse, que d’avoir un corps qui ne projette pas d’ombre sur le sol ?
    Aux trois signes distinctifs qui permettent de reconnaître
les dieux lorsqu’ils se déguisent en hommes, Ulysse a deviné la présence d’un
Immortel. Le pseudo-berger ne nie pas.
    — Décidément, dit-il en riant, il n’est pas encore né, celui
qui pourra tromper Ulysse ! Sache donc que je suis Minerve et que c’est
grâce à moi que tu es de retour à Ithaque. Mais je ne puis rien faire de plus
pour toi, car je craindrais, en t’aidant encore, de provoquer une intervention
contraire de Neptune ou une réprimande de Jupiter. Le seul conseil que je
puisse te donner est de ne pas te rendre directement à la ville, mais d’aller
auparavant t’informer de la situation auprès de ton vieux porcher Eumée, l’un
des seuls serviteurs qui soient restés fidèles à ta mémoire.
    Sur ces mots, Minerve disparaît.
    Ulysse décide de suivre le conseil de la déesse ; mais
il juge prudent de ne pas se faire reconnaître trop tôt, même d’Eumée. Il s’efforce
donc de se donner l’apparence d’un vieux mendiant : il se rase le crâne, se
couvre le visage et le corps de poussière, déchire ses vêtements pour en faire
des haillons. Il compte aussi à juste titre, pour se rendre méconnaissable, sur
la barbe qu’il s’est laissé pousser depuis son départ d’Ithaque, et sur les
altérations, hélas irréparables, que vingt années d’épreuves ont causées à ses
traits.

La cabane d’Eumée
    Il y avait une distance assez longue entre la plage où avait
débarqué Ulysse et la colline isolée où se trouvait la cabane d’Eumée, porcher
en chef. Il fallut à Ulysse tout l’après-midi pour la parcourir ; la nuit
tombait lorsqu’il arriva. Alors qu’il n’en était plus qu’à une courte distance,
quatre gros chiens, qui n’aimaient apparemment pas les mendiants, se
précipitèrent vers lui avec des aboiements féroces. Ulysse eût été mis en
pièces si Eumée, alerté par les aboiements, n’était pas intervenu. Il fait
entrer Ulysse dans sa cabane et l’invite à partager son repas.
    Pendant le dîner, Ulysse se présente comme un homme qui a
beaucoup voyagé, qui a eu beaucoup de malheurs et qui vit maintenant en
vagabond.
    — Je viens d’arriver dans ce pays dont je ne sais rien,
ajoute-t-il. Peux-tu me dire quel est son roi et s’il est accueillant aux gens
de ma sorte ?
    — Hélas ! répond Eumée, nous avions ici le
meilleur des rois qui était pour moi le meilleur des maîtres ; mais il
nous a quittés il y a vingt ans. Il ne reviendra plus.
    — Comment s’appelait-il ? demande Ulysse.
    — Il s’appelait Ulysse, c’était le fils de Laërte.
    — Eh bien, reprend Ulysse, je peux te dire que ton
maître n’est pas mort. Au cours de mes voyages, j’ai appris que, tout récemment
encore, il était retenu par une nymphe appelée Calypso. Il ne tardera
certainement pas à revenir.
    — Tu dis cela pour me faire plaisir, répond Eumée ;
tu n’es pas le premier voyageur à me raconter ce genre d’histoires ; mais
je n’y crois plus.
    — Si je n’étais pas certain de ce que j’avance, lui dit
Ulysse, je te donnerais ma parole d’honneur, qui ne vaut pas grand-chose ;
mais, comme je suis tout à fait sûr de moi, je te propose de faire un pari :
si Ulysse revient avant trois jours, tu m’offriras un beau manteau, qui me sera
bien utile par ce temps froid et pluvieux ; sinon, je travaillerai pour
toi
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