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Les chevaliers du royaume

Les chevaliers du royaume

Titel: Les chevaliers du royaume
Autoren: David Camus
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sa fille, souhaitant la revoir une dernière fois avant d’entrer au couvent, Guyane de Saint-Pierre était allée la chercher en Terre sainte – où elle avait déjà perdu un mari : le propre père de Cassiopée. Ensuite, et surtout, qu’une information de la plus haute importance n’avait pas été livrée à Cassiopée quand elle s’était mise en quête de Perceval. Et pour cause, ni Chrétien de Troyes ni Philippe d’Alsace n’en savaient rien, mais Perceval, le mari de Guyane de Saint-Pierre et le père de Cassiopée étaient une seule et même personne : Morgennes.
    En l’apprenant, Cassiopée sombra dans une profonde léthargie, d’où les paroles de Simon eurent le plus grand mal à la sortir. Pendant quelque temps, elle cessa totalement de s’alimenter, ne parlant plus que pour murmurer des prières. Que demandait-elle ? Que Dieu protège sa mère, et offre un espoir à son père, une issue. Elle s’était promis de retrouver Morgennes, dût-elle y laisser la vie. À présent leur retour en Terre sainte devenait plus qu’un projet, une certitude. C’était désormais une affaire de semaines. Montferrat leur avait proposé de repartir avec lui, et leur avait donné rendez-vous à Marseille, avec Josias de Tyr. Mais ils devaient d’abord se rendre au chevet du père de Simon.
    Simon ne savait pas, en approchant du château, si son père était encore en vie ; mais la présence de Cassiopée à ses côtés le réconfortait, tout comme les cris du faucon, qui donnaient aux terres des Roquefeuille un peu de vie – tant les animaux semblaient l’avoir désertées.
    Le domaine était à l’abandon. L’allée qui menait au château, d’ordinaire bien entretenue, était envahie de broussailles que l’on n’avait pas taillées depuis des mois.
    Entendant des bruits sur leur dextre, ils avisèrent au beau milieu d’un lac gelé deux serfs en train de braconner. Ils avaient découpé la glace, et mis à tremper quelques lignes. En les apercevant, les paysans prirent peur, mais Simon les rassura. Aucun mal ne leur serait fait, il n’en parlerait à personne.
    — Je ne veux que des renseignements, expliqua-t-il.
    L’un des serfs, le plus âgé, s’approcha de Simon et le dévisagea longuement. Le reconnaissait-il ? Probablement pas. Son visage avait beaucoup changé depuis son départ, en outre, une courte barbe lui donnait un air adulte qu’il n’avait pas autrefois. De toute façon, Simon était lui-même incapable de dire s’il avait jadis connu ce gueux.
    — Qui est le seigneur de ces lieux ? questionna Simon.
    — Le comte Étienne de Roquefeuille, messire, répondit le paysan.
    Des nuages de fumée blanche s’exhalaient de leur bouche alors qu’ils parlaient, tant il faisait froid. Le serf grelottait.
    — Et ses enfants ? s’enhardit Simon.
    — Morts en Terre sainte, soupira-t-il en se signant.
    Ils lui donnèrent un reste de viande en remerciement pour ses informations, et se dirigèrent vers l’entrée du château. Ses murailles tombaient en ruine, et la toiture était couverte de neige. Des glaçons pendaient aux fenêtres comme des stalactites, donnant à la bâtisse un aspect sépulcral. Alors qu’ils avançaient vers l’entrée, un serviteur vêtu d’un épais manteau, et que Simon ne reconnut pas, vint à leur rencontre. Simon lui expliqua qui il était, mais le valet ne voulut pas le croire :
    — Le comte Étienne de Roquefeuille est formel. Ses cinq fils sont morts. Il dit que c’est un grand malheur, s’accuse de les avoir tués et passe ses journées à pleurer. J’avoue que j’ignore tout de cette affaire, mais…
    L’interrompant, Simon ordonna :
    — Allez lui dire que son dernier-né est là, et qu’il est rentré d’Oultremer.
    Le serviteur s’éloigna par une porte de côté, qui menait à la salle principale du château, et revint peu après :
    — Le comte va vous recevoir.
    Ils entrèrent dans une grande salle voûtée, où de sombres rideaux avaient été tirés, la privant de toute lumière – à l’exception de celle d’un feu de bois. Un vieil homme avachi dans un fauteuil se tenait au coin de l’âtre, si près qu’on eût dit que sa barbe était habillée de flammes et que lui-même sortait du foyer. Les bûches craquaient, ponctuant l’épais silence de paroles réconfortantes.
    Ce vieillard était le père de Simon. Il avait le teint blafard, et sa barbe hirsute lui tombait sur la poitrine, recouvrant sa chemise. Il
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