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Les chevaliers du royaume

Les chevaliers du royaume

Titel: Les chevaliers du royaume
Autoren: David Camus
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plus rien à faire…
    Les colonnes cédèrent. Dans un craquement formidable, elles se brisèrent, entraînant dans leur chute le rocher d’Abraham, qui obstrua le puits des Âmes ; mais des milliers de petites étincelles en avaient profité pour s’envoler dans la nuit.
    Des âmes avaient-elles été sauvées ?
    « Peu importe », pensa Simon.
    Il regarda autour de lui. Tout lui paraissait vide. Les hommes de Taqi ne bougeaient plus, Kunar Sell avait laissé tomber sa hache, il y avait beaucoup de prisonniers et encore plus de morts. Quant à Cassiopée, il était difficile d’être plus pâle. Elle avait lâché Crucifère et s’était tournée vers la caverne, quelque chose de Morgennes dans les yeux.

Épilogue
    « Ne dites pas de ceux qui sont tués dans le chemin de Dieu : ils sont morts. Non ! Ils sont toujours vivants, mais nous n’en avons pas conscience. »
    (Le Coran, II, 154.)
    À bout de forces, Cassiopée et Simon ramenèrent al-Afdal au camp de Saladin, où les Sarrasins jetèrent Kunar Sell en prison et les fêtèrent comme les véritables libérateurs de la ville – ce dont ils ne surent s’ils devaient se réjouir ou pleurer. Peu après, les habitants de Jérusalem commencèrent à se rendre. Saladin les épargna, ainsi qu’il l’avait promis. Sous une pluie diluvienne, d’interminables colonnes de gens sortirent par la porte de David, s’en allant vers le couchant dans l’espoir d’y prendre un bateau, qui les emmènerait en Provence ou en Italie – enfin, dans un de ces pays dont la plupart étaient originaires, mais qu’ils n’avaient bien souvent jamais vu. Beaucoup de ces malheureux n’avaient pas de quoi payer leur rançon, aussi Balian donna-t-il tout ce qu’il possédait pour en racheter le plus grand nombre possible. Quant à Héraclius, il partit avec les trésors du Saint-Sépulcre, refusant de les dilapider pour libérer des indigents – qui, de toute façon, disait-il, « ne méritent pas, que dis-je ! ne souhaitent pas qu’on donne aux Mahométans ces précieux trésors qui font notre gloire ! ».
    — Par ce sacrifice, expliquait-il, ils prouvent qu’ils sont dignes d’entrer au paradis. Puissent les Mahométans se montrer cléments envers eux…
    Sa charrette fut couverte d’immondices, de boue et de crachats, par l’armée du sultan comme par les Hiérosolymitains. Les insultes, les cris de rage et de colère pleuvaient. Saladin dut intervenir en personne pour qu’on n’étripe pas le patriarche sénile, qui, tout à ses préoccupations, ne voyait ni n’entendait rien. Il pressait sur son cœur un encensoir en or, qu’il caressait en marmonnant, l’appelant « mon petit », « mon chéri ». Pâques de Rivari, sa compagne, conduisait l’attelage, qui n’était pas bâché. Trempée jusqu’aux os, elle fixait la route d’un œil éteint, n’osant détourner le regard, ne bougeant pas un cil, sous les pierres et les quolibets.
    Ce jour-là, Saladin pleura beaucoup, de tristesse et de joie.
    De joie, parce qu’al-Afdal était sauvé. De joie, parce qu’en ce 27 de rajab, anniversaire du jour où le Prophète avait visité la ville en songe pour y être emporté dans le ciel, Jérusalem était enfin rendue aux Mahométans.
    De tristesse, parce que Morgennes et Taqi étaient morts, même s’il éprouvait un certain soulagement à les imaginer ensemble. Deux hommes d’une telle valeur ne resteraient pas longtemps en enfer. Ils trouveraient bien un moyen de s’en échapper.
    — Allah n’accepterait pas que nous ne fassions rien. Nous devons les aider.
    Un ouléma proposa de prier pour eux, mais Saladin répliqua :
    — Que dix valeureux se présentent. À eux de parcourir le monde et de faire sortir des Enfers ceux qui y sont tombés par erreur !
    Plus d’une centaine d’hommes se proposèrent, parmi lesquels Yahyah fut choisi parce qu’il portait bonheur.
    — Vous réussirez, dit Simon à Yahyah en posant la main sur sa tête et en lui caressant doucement les cheveux.
    — Et toi ? demanda-t-il. Où vas-tu ?
    — En France, avec Cassiopée.
    — Tu reviendras ?
    — Évidemment !
    Babouche aboya, et Yahyah s’exclama en riant :
    — Vivement ce jour-là ! Si je peux, je viendrai avec vous !
    Cassiopée baisa la main de Fatima accrochée à son cou, et dit :
    —  Khamsa !
    —  Khamsa  ! répéta Yahyah.
    En hommage à Morgennes, Saladin permit à dix Hospitaliers de rester à Jérusalem pour y soigner
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