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Les chevaliers du royaume

Les chevaliers du royaume

Titel: Les chevaliers du royaume
Autoren: David Camus
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d’Urbain III avec la chute de Jérusalem, et demandait s’il n’y avait pas là quelque lien de cause à effet, l’archevêque leur répondit, sur un ton placide, qu’en effet, à peine Sa Sainteté avait-elle été mise au courant de ce drame que Dieu l’avait rappelée à Lui.
    Urbain III était mort de chagrin.
    Peu avant de mourir, il avait eu le temps de dicter une bulle qui mettait fin à l’ordre des Templiers et distribuait ses biens, pour moitié à l’Église, pour l’autre à l’Hôpital.
    — L’Hôpital a donc gagné ! s’exclama Simon.
    — Non, il a perdu, au contraire, répondit Montferrat, qui leur apprenait la nouvelle.
    Ils avaient retrouvé par hasard le marquis Conrad de Montferrat dans une confortable auberge des environs de Rome. C’était une bâtisse à un étage, au toit de chaume, et qui déjà se couvrait de neige – l’hiver étant particulièrement précoce en ce milieu d’année. Le marquis parcourait l’Europe à la recherche d’appuis, et promenait dans toutes les cours une peinture représentant le Saint-Sépulcre foulé par un cavalier sarrasin au cheval cabré.
    — On croirait voir Taqi, fit remarquer Cassiopée.
    — Ce n’est qu’un simple cavalier, répondit le marquis. Je n’ai demandé le portrait de personne en particulier.
    Pourtant, tous les détails rappelaient Terrible et Taqi : la robe blanche du cheval, le bliaut de brocart bleu du guerrier, son cimeterre serti de diamants, son regard d’azur, son maintien noble et fier.
    — Sans doute le peintre à qui j’ai passé commande de ce tableau l’avait-il déjà vu, dit Montferrat. Si vous voulez, je lui poserai la question.
    — Comment s’appelle-t-il ? demanda Simon.
    — Hassan Basras. C’est un artiste de la cour du cheik des Muhalliq. Son nom vous est familier ?
    Ils répondirent que non.
    — Moooi je le connnnais, haleta Rufinus, auquel ils venaient d’ôter son bâillon et qui les contemplait, depuis l’autre bout de la chambre.
    Quand Montferrat avait aperçu ce prodige pour la première fois, peu avant le souper, il avait tenu à éprouver, du bout du doigt, la texture de la peau de Rufinus, ne voulant croire à pareil phénomène. Mais en voyant Rufinus plisser les yeux, craignant que Montferrat ne le blesse, Cassiopée préféra lui ôter son bâillon et le laisser s’expliquer lui-même. Cela leur avait valu quelques heures de caquetage, d’insultes et de récriminations sur la façon dont il avait été traité au cours du voyage.
    — C’est l’uuuun des pluuuus talentuuuueux artiiiistes de Terrrrre saiiiinte. Un véritaaable géniiiie…
    — Fort bien. Alors, nous irons le voir à notre retour, déclara Cassiopée.
    — Le Temple ayant gagné, comment se fait-il que ce soit l’Hôpital qu’on récompense ? demanda Simon à Montferrat.
    — Par son échec, l’Hôpital a démontré qu’il était le moins à craindre des deux ordres. Rome se méfiait de plus en plus des moines chevaliers. L’un des deux ordres devait disparaître : autant que ce soit le plus puissant. Autrement dit, celui des Templiers.
    — Alors on honore les perdants et les vainqueurs sont punis ! Pourtant c’est l’Hôpital qui a retrouvé la Vraie Croix !
    — Justement ! confirma Montferrat. D’ailleurs, je ne vois pas pourquoi vous vous plaignez.
    Puis, regardant par-dessus son épaule d’un air de conspirateur, il poursuivit à voix basse :
    — Écoutez, il ne faut surtout pas parler de ça ! À personne ! Un homme a été jeté en prison, sur ordre du pape…
    — Qui ? demanda Cassiopée.
    — Peut-être avez-vous entendu parler de Tommaso Chefalitione ?
    — Nous l’avons rencontré, précisa Simon. Il devait convoyer à Rome la Vraie Croix, sous le sceau du secret…
    — En effet, il a bien apporté un cercueil au pape, à Rome, en prétendant qu’il contenait la Vraie Croix…
    Simon et Cassiopée retenaient leur respiration. Qu’allait leur apprendre Montferrat ?
    — En fait, le cercueil était plein de sciure. C’est tout juste si l’on distinguait çà et là quelques éclats de bois, de très grosses échardes, à peine de la taille d’un doigt.
    Pour s’être moqué du Christ et de la religion, Chefalitione avait été fouetté plus de cent fois avant d’être enfermé dans une cellule, au plus profond des caves du Vatican.
    — L’Église recherche sa compagne, continua Montferrat. Mais Fenicia a trouvé refuge auprès d’Échive
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