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Les chevaliers du royaume

Les chevaliers du royaume

Titel: Les chevaliers du royaume
Autoren: David Camus
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de Tripoli. On dit qu’elles sont parties en Provence, dans les terres des Ibelin.
    Montferrat toussa, prit une gorgée de vin, et ajouta :
    — Les relations entre Venise et Rome s’enveniment. On craint même une guerre. Les Templiers sont furieux. Ils avaient prévenu le pape que, s’il ne revenait pas sur sa décision, la mort s’abattrait sur lui. Ce qui arriva peu après.
    Simon considéra longuement Montferrat, interloqué, stupéfait. Puis il glissa une main dans sa poche et la referma sur son fragment de la croix de Morgennes.
    À l’aube, les cloches du faubourg où ils résidaient sonnèrent à toute volée. Un nouveau pape avait été élu ! Son nom : Alberto di Morra. Celui sous lequel il prenait ses fonctions : Grégoire VIII.
    Ce pape était un sage, et ils lui écrivirent afin d’être reçus par lui au plus vite, avec Montferrat.
    La réponse arriva : positive. Sa Sainteté leur accorderait une audience peu avant la Noël. Pour l’instant, elle rédigeait une encyclique à l’intention des souverains européens, visant à les encourager à écouter Josias de Tyr et à prendre la croix. Grégoire VIII caressait, dit-on, le projet de l’un de ses prédécesseurs, Grégoire VII : prendre lui-même la tête de cette nouvelle expédition si les rois ne voulaient pas le faire. Ce serait alors démontrer à tous la lâcheté des souverains européens, et le peu de cas qu’ils faisaient du tombeau du Christ.
    Ils flânèrent dans Rome, la Ville éternelle qui ne supportait de rivale ni dans le monde, ni dans l’Histoire. Simon en profita pour faire la cour à Cassiopée, et elle pour parfaire son apprentissage de la fauconnerie. Et c’est ainsi qu’à la mi-décembre, Simon réussit à se faire obéir de l’oiselle.
    — Il faudrait songer à lui donner un nom, dit un jour Simon.
    — Pas maintenant, dit Cassiopée.
    — Pourquoi ?
    — Parce que, après tout, elle en avait peut-être déjà un… Chaque chose en son temps.
    Simon avait l’impression d’entendre Morgennes.
    Quelque temps plus tard, les événements se précipitèrent. À la Saint-Thomas, Grégoire VIII décéda lui aussi. Les gardes du palais leur apprirent qu’un serpent l’avait mordu. Nul ne savait d’où il avait surgi, mais tous y voyaient l’intervention du diable. Deux jours plus tard, l’évêque de Préneste, Paolo Scolari, fut élu pape à son tour. Sous le nom de Clément III.
    Il commença par rédiger une première bulle, par laquelle il mettait fin au projet de Grégoire de prendre la croix ; puis une autre par laquelle l’Église rendait au Temple tous ses biens.
    « L’Église a deux glaives, l’un temporel, l’autre spirituel. Mais chacun de ces glaives a deux tranchants. Ceux du glaive temporel ont pour noms : l’Hôpital et le Temple. Et nous ne souhaitons nous priver ni de l’un, ni de l’autre. »
    Ainsi Clément III justifiait-il sa décision de ne rien changer ; et sans doute fallait-il y voir le maintien d’un statu quo que beaucoup trouvaient salutaire – quand d’autres le condamnaient avec vigueur : « Si Rome ne se dote pas d’un bras armé suffisamment puissant, jamais la Terre sainte ne sera reprise, jamais Jérusalem ne redeviendra chrétienne », clamaient les détracteurs de ce projet.
    En tout cas, il était évident que ce pape-là ne les recevrait pas. Profitant de l’invitation de Montferrat à le suivre dans sa tournée des cours européennes, Simon et Cassiopée rejoignirent la France en passant tout d’abord par le Nord, où Cassiopée avait à faire.
    Le comté de Flandre, où Philippe d’Alsace résidait alors, dépendait à la fois du roi de France et de l’empereur du Saint Empire romain germanique. Ils eurent l’occasion d’y voir des villes magnifiques, telles que Bruges, Arras ou Douai, qui devaient leur richesse au commerce du drap. L’époque des grandes foires d’automne étant passée, la plupart des rues étaient vides, les habitants préférant la fumée des auberges aux brumes hivernales.
    Philippe d’Alsace, qui avait chargé Cassiopée de se rendre Oultremer à la recherche de Morgennes, et à qui elle raconta la fin de ce dernier, s’affligea de sa disparition et commanda deux stèles de granit, destinées à être placées à l’entrée du fief de l’Hospitalier. L’inauguration de ce monument devait avoir lieu au printemps, mais Simon demanda :
    — Pourquoi deux stèles ? Le domaine de Morgennes a-t-il donc
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