Les aventures extraordinaires d'Adèle Blanc-Sec: Le roman du film

présente… j’aimerais bien que ça vienne !
    — Oui, en fait, précise Patmosis, Mademoiselle Adèle m’a réveillé, pensant que j’étais docteur !
    — Toi, docteur ? ricane Ramsès II. Je ne te confierais même pas mes ongles !
    — Merci, Maître, répond Patmosis avec une petite courbette respectueuse. Quoiqu’il en soit, elle cherche un docteur pour soigner sa sœur, et nous avons pensé que, peut-être, dans votre grande bonté, vous accepteriez que votre médecin personnel puisse jeter un œil sur cette pauvre enfant.
    — Et vous m’avez réveillé pour si peu ? gronde le pharaon, dont la colère monte et pourrait s’avérer terrible.
    — Dis-donc, Ramsès de mes deux ! s’insurge Adèle en s’énervant soudain. Tu commences à me courir, toi et ta bande !
    (terme très approprié, vu que tous ceux qui l’entourent sont couverts de bandelettes, en plus ou moins bon état, d’ailleurs)
    Ramsès II a un mouvement de recul. Personne n’a jamais osé lui parler ainsi.
    — Ça fait 5 000 ans que tu ronfles et que tout le monde te chouchoute ! poursuit Adèle. Mais moi, ça fait cinq ans que je pleure, cinq années de souffrance à regarder ma sœur qui ne me regarde plus ! Et moi, je ne suis qu’une pauvre petite terrienne qui n’a pas la chance d’être protégée des Dieux. Moi je vis avec la douleur au quotidien et avec la culpabilité qui jamais ne s’efface…
    Adèle s’arrête. Elle a les larmes aux yeux et une boule dans la gorge.
    — Parce que tout ça est de ma faute, ajoute-t-elle en pleurant. Parce que c’était mon chapeau…
    Et elle éclate en sanglots et se cache le visage dans ses mains.
    Ramsès II semble préoccupé par cet élan d’émotion. Il se tourne vers Patmosis.
    — C’est quoi cette histoire de chapeau ? chuchote le pharaon.
    — C’est rien, répond son physicien nucléaire, je vous raconterai plus tard.
    Tandis qu’Adèle pleure toujours doucement, Ramsès se tourne vers une autre momie.
    — Séphilomitès, mon fidèle conseiller…
    Vu l’état de dégradation assez affreux de la momie en question, Ramsès hésite.
    — … C’est bien toi ?
    — Oui, Seigneur.
    — Ah, fait Ramsès soulagé. Dis-moi, que me conseilles-tu ?
    — La grandeur d’un pharaon se mesure à la finesse de ses actes, répond Séphilomitès.
    — Mmouais, marmonne Ramsès II, toujours aussi diplomate…
    — C’est mon métier, Seigneur.
    — Nosibis, mon fidèle docteur ! appelle Ramsès.
    Une momie un peu moins délabrée que les autres s’avance d’un pas.
    — Vois si tu peux redonner un peu de vie à cette jeune fille, qu’elle profite un peu de tout cet amour qu’on lui porte.
    Adèle sèche ses larmes et affiche un sourire timide, ce qui est étonnant pour elle.
    — Merci, dit-elle.
    Patmosis lui fait discrètement signe d’en rajouter un peu.
    — … Votre Altesse, rajoute Adèle.
    Patmosis en veut plus.
    — … Sérénissime ? dit Adèle.
    Patmosis lève ses deux pouces en signe de victoire.
    Deux momies de la suite de Ramsès II soulèvent délicatement Agathe et la portent vers une table de marbre sur laquelle elles l’allongent doucement. Nosibis, le médecin, s’approche et observe sa patiente qui a toujours les yeux ouverts.
    Adèle s’approche de lui.
    — Les docteurs d’ici, dit-elle, m’ont expliqué que si on enlevait l’aiguille, elle risquait de mourir définitivement.
    Nosibis acquiesce d’un signe de tête, puis il tend la main et arrache d’un seul coup l’aiguille de la tête d’Agathe, qui meurt instantanément. Sa tête tombe sur le côté et ses yeux se ferment tout seul. Agathe est morte.
    Adèle est pétrifiée. Elle a l’impression que les dalles du sol vont s’ouvrir sous ses pieds. Ce médecin momifié vient de tuer sa sœur sous ses propres yeux !! Après tout ce qu’elle a vécu pour la sauver ! Elle s’apprête à se jeter sur Nosibis, mais Patmosis la retient. Adèle hurle et sa voix résonne dans la salle.
    — Mais vous êtes complètement malade ! ? Je ne vous ai pas demandé de la tuer, mais de la ramener à la vie !!! Espèce de sac en toile !
    — Calmez-vous, Adèle, dit Patmosis, la maîtrisant avec facilité en la tenant par les bras. Laissez-le faire ! ajoute le savant égyptien d’une voix douce.
    Comme anesthésiée par le pouvoir de Patmosis, Adèle se calme un peu.
    Le docteur Nosibis se penche sur Agathe et observe le trou derrière sa tête. Il