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Les aventures extraordinaires d'Adèle Blanc-Sec: Le roman du film

Les aventures extraordinaires d'Adèle Blanc-Sec: Le roman du film

Titel: Les aventures extraordinaires d'Adèle Blanc-Sec: Le roman du film
Autoren: Benjamin Legrand
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C’est un triomphe. Les spectateurs applaudissent à tout rompre et scandent « Une autre ! Une autre ! » La grande majorité est composée de provinciaux venus s’encanailler « à la capitale ». Certains, hilares, agitent même une banderole où l’on peut lire : « Limousin ».
     
    Tous les soirs c’est le même triomphe pour Nini et les jalouses qui l’entourent, et tous les soirs depuis maintenant près d’un mois, Raymond Pointrenaud, ancien préfet de l’Orne, vient fêter aux Folies-Montmartre sa nomination parisienne en tant que Secrétaire d’État aux affaires Étrangères. Il a 53 ans et n’a d’yeux que pour la jeune Nini.
    Dans le tonnerre des applaudissements, le vacarme des rappels et des ovations qui ne cessent pas, un serveur se glisse avec difficulté entre les danseuses qui saluent toujours, pour remettre une coupe de champagne à Nini-les-Gambettes. Aux premières loges, Raymond Pointrenaud lève une coupe de champagne vers la scène. La danseuse vedette lève la sienne en lui lançant un sourire ravageur. Raymond lui répond aussi par un sourire, nettement plus carnassier…
     

     
    Dans la pénombre de la rue de Rivoli déserte, quelque vingt minutes plus tard, l’état d’ivresse avancée de Ferdinand Choupard ne lui a permis de couvrir que les 953 mètres séparant la place de la Concorde de la place des Pyramides. Pourquoi cette place a-t-elle été dénommée ainsi ? Sans doute à cause de Napoléon premier. Mais il n’y a aucune pyramide en vue… Juste la statue de Jeanne d’Arc.
    Choupard sait qu’il a beaucoup abusé de diverses boissons et, malheureusement, il a une envie pressante, ce qui ne l’aide pas à marcher. Afin d’augmenter sa cadence pour arriver chez lui avant le lever du jour, il décide de se soulager. Il s’arrête face à la statue de Jeanne, jette des regards flous mais inquiets alentour : personne. Ouf…
    Satisfait de cette solitude providentielle, il peine à ouvrir sa braguette et commence à uriner au pied de la statue. Il pousse un grand soupir de soulagement, mais Jeanne reste de marbre sous son armure de bronze. Choupard lève les yeux vers elle, toute fière sur son cheval de bataille.
    — Fais pas ta pucelle, marmonne Ferdinand, je suis sûr que t’en as vu d’autres !
    Il se met à ricaner bêtement de sa propre plaisanterie grivoise. C’est sans doute cela qu’on appelle l’effet douze ans d’âge.
    Mais tout à coup, malgré son ébriété, Ferdinand Choupard sent comme un frisson le parcourir. Et ce n’est pas le froid. Il ne comprend pas bien, mais il se passe quelque chose d’inhabituel. Des lueurs étranges apparaissent progressivement dans son champ de vision, grandissent comme un genre d’aurores boréales miniatures. Les voilà qui entourent lentement la statue ! Ces formes colorées diaboliques se mettent à onduler, à rougeoyer, de plus en plus vite, de plus en plus fort, et bientôt ce sont comme des flammes géantes qui semblent embraser la pucelle d’Orléans !
    Effaré et en proie à une panique totale, Choupard recule en titubant, murmurant un « Mon Dieu ! » que personne n’est là pour entendre, sauf peut-être l’intéressé.
    Par pur réflexe, Choupard range son oiseau en catastrophe, et part en courant vers le Louvre, laissant Jeanne à son destin.
     

     
    Mais les visions de Ferdinand Choupard ne sont pas seulement dues à l’alcool. Il y a bien là un effet d’optique, dû à la position choisie pour se soulager. Car s’il s’était installé quelques mètres plus à gauche, ou plus à droite, il aurait pu constater que Jeanne n’était pas une nouvelle fois en proie aux flammes, mais qu’il était bien lui, Choupard, victime d’une illusion d’optique lumineuse. Un peu comme si l’on pouvait projeter de ces films du cinématographe de Monsieur Méliès, sans écran, et en couleurs autour de la statue de la Sainte !
    Ces lueurs endiablées proviennent en réalité du 4 e  étage de l’immeuble faisant le coin de la rue des Pyramides. Et elles persistent !
    Tandis que disparaît au loin l’écho des pas affolés du pauvre Ferdinand, il n’y a plus personne pour constater que ces lueurs intenses et silencieuses viennent des fenêtres d’un appartement. Et plus précisément, de l’appartement de Monsieur Marie-Joseph Espérandieu.

Chapitre 2
    Y-a-t-il une vie après la mort,
ou ne serait-ce pas l’inverse ?
    C e qui se passe au 4 e  étage aurait sans doute
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