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Les aventures extraordinaires d'Adèle Blanc-Sec: Le roman du film

Les aventures extraordinaires d'Adèle Blanc-Sec: Le roman du film

Titel: Les aventures extraordinaires d'Adèle Blanc-Sec: Le roman du film
Autoren: Benjamin Legrand
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Chapitre 1
    Où les choses commencent mal
pour le premier témoin
de ces aventures extraordinaires,
et un peu mieux pour un futur Secrétaire d’État…
Quoique…
    I l est deux heures du matin, en cet hiver 1911 et Ferdinand Choupard, la cinquantaine rondouillarde et la moustache fière, traverse l’air glacé de la place de la Concorde en direction de la rue de Rivoli. Ferdinand Choupard est un personnage très secondaire de cette histoire, mais enfin, c’est avec lui que cette aventure d’Adèle Blanc-Sec commence, et c’est tout à son honneur, même si dans quelques instants, il va connaître la plus grosse surprise de sa vie…
    Ferdinand Choupard marche donc, pas très droit, sur le pavé glacial de cette nuit parisienne. Son épais manteau le protège du froid qui balaye la vaste place déserte, et il a beau tenter de rester digne, sa démarche hésitante trahit un état d’ébriété quelque peu avancé. Il faut dire qu’après un excellent dîner fort bien arrosé et couronné d’un Armagnac de 1885, Choupard vient en effet de passer le reste de sa soirée à jouer au whist, jeu de cartes très à la mode dernièrement, en sirotant un merveilleux whisky 12 ans d’âge. Les lumières des fontaines et les réverbères éclairent de loin en loin la vaste place qui entoure l’obélisque. Ferdinand Choupard a une pensée émue pour Napoléon qui a ramené cette merveille lointaine au péril de sa vie. Ferdinand Choupard a toujours beaucoup admiré l’Empereur. Mais en regardant l’obélisque, qu’il voit se dédoubler légèrement, notre bon bourgeois ignore à quel point l’Égypte va jouer un rôle dans cette histoire. Et s’il le savait, il prendrait un autre chemin.
     
    La place de la Concorde est quasiment vide. Sur sa droite, et au-dessus de lui, les fenêtres du Ministère de la Guerre et du Ministère de la Marine sont éteintes, signe d’un calme international plutôt agréable, mais qui ne durera pas. En face de Choupard, la rue de Rivoli aussi est déserte. Pas un piéton, pas un sapin, pas une automobile pétaradant à l’horizon.
    Pourtant, à exactement 1857 mètres de la rue de Rivoli, la fête bat son plein.
     

     
    Sur la scène des Folies-Montmartre, Nicole Gambert, plus connue sous le pseudonyme de Nini-les-Gambettes s’en donne à cœur joie. Dans un délire de musique effrénée, sous les lumières éclatantes, Nini-Les-Gambettes rayonne de ses 25 ans, dansant le French Cancan comme personne, au point d’en rendre jalouses les autres filles de la revue, qui peinent un peu à la suivre.
    Des gouttes de sueur perlent à son front, tandis que son sourire inonde l’assistance enthousiasmée.
    Elle ignore que dans son dictionnaire de la danse, un érudit écrivait déjà en 1830, à propos du Cancan la définition suivante : « On a donné ce nom à une sorte de danse épileptique ou de delirium tremens ; qui est à la danse proprement dite ce que l’argot est à la langue française. »
    Nini s’en fiche. Elle danse. Mieux et plus vivement que toutes celles qui l’entourent et la jalousent.
    Une autre version donne pour origine au cancan, également appelé coin-coin, la danse pratiquée dans leurs fêtes par les blanchisseuses de Montmartre. Et cette légende voudrait que sous leurs dizaines de jupons accumulés, les danseuses aient porté des culottes fendues. Nini pourrait le savoir, puisqu’elle est née sur la butte. Mais elle danse, et elle danse pour celui qui lui envoie des fleurs depuis quinze jours, tous les soirs.
    Or, l’expression French cancan est en réalité une fabrication touristique d’origine anglaise, concoctée à partir du cancan original par quelques Lords amateurs de plaisirs.
    Nini-les-Gambettes se fiche des Lords et du reste, elle exécute avec brio toutes les figures, plutôt d’inspiration militaire, le port d’armes , la mitraillette , l’ assaut , le pas de charge , ou inspirées de jeux enfantins : le saute-mouton , les petits chiens , etc.
    La provocation mêlée de complicité fait fureur, tandis que la musique tonitruante enflamme la salle, et va crescendo, de plus en plus fort et de plus en plus vite…
    Les danseuses s’agitent frénétiquement, leurs jambes se lèvent dans une envolée de jupons, et soudain elles s’abattent toutes, l’une après l’autre, en rang, pour le grand écart final…
    Nini-les-Gambettes salue, avec toutes les filles alignées autour d’elle.
     
    Le public est debout, extatique.
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