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Les aventures extraordinaires d'Adèle Blanc-Sec: Le roman du film

Les aventures extraordinaires d'Adèle Blanc-Sec: Le roman du film

Titel: Les aventures extraordinaires d'Adèle Blanc-Sec: Le roman du film
Autoren: Benjamin Legrand
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paniqué bien davantage le pauvre Choupard. L’étrange Marie-Joseph Espérandieu est sans âge. Son visage est un tissu de rides presque parcheminées, mais ses yeux sont profonds, illuminés d’une étincelle quasi mystique. Il est assis sur son fauteuil au milieu de son salon, ses mains aux veines gonflées par l’âge sont crispées sur les accoudoirs. À un mètre du sol, une multitude d’objets flottent en l’air et tournent autour de lui, de plus en plus vite, en dégageant une lumière impressionnante et multicolore qui passe par les fenêtres et illumine la place et Jeanne d’Arc, en dessous. Statuettes, livres anciens, médaillons, os, miniatures, coupelles, tablettes gravées d’écriture cunéiforme, objets magiques ramenés de contrées africaines, amulettes égyptiennes ou assyriennes… Tout tourne… Et au fur et à mesure que ces objets accélèrent, tourbillonnant de plus en plus vite, une sorte d’ouragan miniature se forme dans son salon, accompagné de lumières extraordinaires, Espérandieu se recroqueville sur son siège, il est en transe, les yeux extatiques.
     
    Cet éminent scientifique, spécialiste de l’Égypte ancienne, a obtenu sa licence de physique à l’âge de seize ans quelque part au début du 19 e siècle. Très vite, il a commencé ses recherches qui ont trouvé leur apogée 35 ans plus tard, sous la forme d’un ouvrage sorti en librairie de manière très confidentielle sous le titre évocateur de « Y-a-t-il une vie après la mort ? »
     
    D’un seul coup, toutes les lumières s’éteignent. Les objets anciens et disparates tombent au sol, et Marie-Joseph Espérandieu ne bouge plus. Du tout.
     

     
    Au même instant, au Jardin des Plantes, des animaux en tout genre ne se posent plus la question : dans la grande salle de paléontologie, les squelettes de dinosaures et autres animaux naturalisés semblent dormir pour l’éternité. D’immenses sauriens effrayants se dressent sous les verrières obscurcies par la nuit et luisent d’une couleur blafarde. Un mammouth empaillé semble prêt à foncer dans ces tas d’os comme un éléphant dans un magasin de porcelaine. Tout est absolument silencieux.
    Mais sur le côté, à 47 mètres exactement, un incroyable événement va se produire, un être va bousculer toutes les lois de la science et de l’entendement en donnant enfin une réponse à notre éminent savant recroquevillé dans son fauteuil rue des Pyramides.
     
    À 47 mètres donc, un très gros œuf est posé sur un trépied métallique dans une grande vitrine au socle d’acajou. Sa coquille blanchâtre luit d’un rayon de lune. Mais… On dirait qu’elle remue. Oui, l’œuf semble vibrer quelque peu sur son support. Et la coquille commence à se fendiller !
    C’est un œuf de ptérodactyle de 98 cm de haut, découvert en Mongolie Extérieure et offert à la France pour l’exposition universelle de 1900, et arrivé à Paris avec 5 ans de retard, pour cause de diverses difficultés de transport entre autres, mais trêve de digressions ! Après 136 millions d’années passées dans sa coquille et près de 7 ans dans une vitrine, un être épouvantable va enfin voir le jour, car la coquille se fendille davantage, un morceau tombe et un œil, un œil terrible apparaît, scrutant l’extérieur, la salle vide et silencieuse bleutée par la lune.
    Puis la tête entière soulève un gros morceau de coquille, qui tombe, comme le couvercle d’un œuf à la coque et la silhouette monstrueuse d’un jeune ptérodactyle apparaît.
     

     
    Toujours recroquevillé dans son fauteuil, le Professeur Marie-Joseph Espérandieu redresse soudain la tête et ouvre un œil, scrutant la pièce, exactement comme le ptérodactyle qui vient de naître au Jardin des Plantes. À croire que ces deux corps radicalement différents sont mystérieusement liés entre eux, comme s’ils n’obéissaient qu’à un seul esprit.
    Espérandieu commence à bouger les épaules.
     

     
    Dans sa vitrine, le ptérodactyle agite ses membres et brise un peu plus sa coquille protectrice. Il remue assez vivement et parvient à déplier légèrement les ailes démesurées qui l’encombrent et qu’il ne manie pas encore très bien. Mais cela ne va pas tarder, car l’instinct animal donne à tous les nouveaux nés, sauf aux hommes, la faculté d’apprendre très rapidement à se mouvoir.
     

     
    Espérandieu déplie ses bras, aussi gauchement que le ptérodactyle ses ailes.
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